Le gouvernement français martèle depuis quelques jours que, désormais, le relais politique et militaire doit être transmis aux Africains pour régler le cas malien, et particulièrement celui du nord du pays.
Comme toujours, cette posture part d’une bonne intention, et s’inscrit dans la responsabilisation des Etats du continent, et dans la droite ligne du discours de François Hollande à Kinshasa en octobre 2012. En clair :
« Votre avenir réside entre vos seules mains. »
Aucune voix ne s’élève pour remettre en cause cette hypocrisie, et énoncer quelques vérités :
1 – Sécurité intérieure
La plupart des Etats concernés (Nigeria, Burkina-Faso, Tchad, Ghana…) sont incapables de faire régner une situation sécuritaire intérieure. C’est particulièrement vrai pour le géant économique de la région, le Nigeria confronté à du terrorisme islamiste particulièrement radical ainsi qu’à des mouvements de guérilla mafieux dans le delta du Niger.
Tous ces pays ont effectivement intérêt à combattre l’islamo-terrorisme qui les menace, mais la logique voudrait qu’ils impriment l’effort policier et militaire nécessaire à l’intérieur de leurs propres frontières.
2 – Bilan des forces africaines
Jamais une crise militaire sur le continent n’a été stabilisée par une seule force d’action africaine, pas plus du reste que par une seule force onusienne.
A ce titre, depuis vingt ans, les exercices de maintien de la paix des Nations unies en Afrique demeurent de coûteuses pantalonnades, à l’exemple de la Mission de l’organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), qui, forte d’un effectif de 17 000 hommes, a été incapable en novembre dernier de protéger la ville de Goma au Kivu contre l’offensive de quelques centaines de rebelles du mouvement M23.
Les envois de contingents extérieurs, tant onusiens qu’africains, n’ont généré que des crises supplémentaires liées à l’attitude de ces forces vis-à-vis des populations locales.
3 – Culture de la prédation
Le problème de l’inefficience des forces armées africaines n’est lié ni à leur entraînement, ni à leurs compétences. La plupart des cadres ont été formés dans des académies militaires occidentales. Les officiers supérieurs en Afrique francophone sont presque tous passés au tamis des écoles militaires françaises, celle de Saint-Cyr Coëtquidan en particulier.
Le souci est ailleurs : les armées africaines sont habituées, leurs chefs surtout, à une culture de la prédation. La mauvaise gouvernance des Etats d’Afrique centrale, notamment, contraint les chefs militaires « à se payer » sur le terrain. Les soldes n’étant pas versées régulièrement (c’est un euphémisme), les gouvernants encouragent leurs militaires à se constituer des rentes illégitimes sinon à procéder au racket et au pillage si nécessaire. Les officiers supérieurs africains deviennent commerçants par défaut.
Un chef d’Etat africain peut se permettre de ne pas régler les salaires des fonctionnaires des Postes, mais pas le traitement de ses soldats. La majorité des coups d’Etats africains ont été liés à une carence financière. La prédation, donc, comme solution.
Ce mode de fonctionnement empire lorsque un contingent africain est projeté hors ses frontières : pas de prime Opex (opérations extérieures) mais des droits pour se servir sur les théâtres d’opérations.
Les généraux zimbabwéens et angolais par exemple se sont constitué de véritables fortunes en pillant les richesses de la RDC pendant la guerre civile.
Une opération extérieure est souvent considérée par un contingent africain comme une aubaine financière et commerciale, au détriment du pays qu’il convient de sauver.
4 – Culture de violence
La culture des armées africaines repose sur une violence non contenue, où le fait prime le droit. La violence est partie intégrante de l’Afrique. Il n’existe pas de retenue réglementaire. Les exactions, massacres et charniers ne sont pas un apanage africain, mais le non-respect des droits des prisonniers, la liquidation ethnique, le viol et le pillage restent des constantes des guerres africaines.
A ce titre, la réputation des forces spéciales du Nigeria, intégrées dans la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) est particulièrement redoutable. On imagine par exemple mal les Touaregs, maîtres chez eux, confrontés à la présence d’« occupants » extérieurs, nigérians par exemple.
Par ailleurs, la cohabitation d’ethnies et de cultures différentes n’a jamais généré que des tensions considérables sur le continent. L’absence au cours des dernières heures de troupes maliennes à Kidal, auprès des Français, en territoire touareg, est à cet égard significative.
5 – L’armée malienne absente
Enfin, on a pu juger de l’efficacité de l’armée malienne à l’occasion de « l’offensive islamiste » sur le sud du pays. Même mieux formées, encadrées, « monitorées », « mentorées » et supportées financièrement, les forces armées maliennes ne sont pas à même d’affronter des groupes déterminés, voire fanatisés.
Catastrophe assurée
Tout le monde le pense très bas – surtout au sein de l’état-major des armées françaises – et personne ne le dit, mais une transition militaire maintenant relèverait de la catastrophe.
L’Union africaine, par le biais de son Conseil de paix et de sécurité, a tergiversé des mois sans agir, les officiers supérieurs des armées africaines concernées ont gaspillé leur temps en sommets coûteux, verbeux et stériles.
Seule l’armée française dispose de la capacité, même avec des moyens qui sont les siens – c’est-à-dire finalement limités – d’éloigner la menace terroriste, et surtout de contrer durablement des groupes s’appuyant sur une seule stratégie de guérilla.
Nous sommes en 2013. Il est l’heure de dire les choses, de prononcer les mots. Laisser le terrain aux seules forces maliennes ou africaines n’est pas envisageable. C’est une illusion, ou plutôt une velléité purement diplomatique de nous laisser croire qu’un hétéroclite et disparate contingent africain de plusieurs milliers d’hommes pourrait pacifier le Nord-Mali.
Il suffirait d’ailleurs de demander aux habitants de Tombouctou ou de Gao de désigner ceux les plus à même de les protéger. Leurs propres forces maliennes, d’éventuels intervenants africains, ou bien l’armée française ? Plus qu’une illusion, il est question ici de démagogie.
Par Vincent Crouzet | Ecrivain (rue89.com – 31/01/2013)
There is also a projected increase the demand for traditional office spaces this year.
You can do this by first farming affluent communities and driving thru neighborhoods with
high-priced homes. Some large real estate brokerages use
one agency spokesperson to promote their company and recruit new clients, only to pass
off those clients to junior agents.
Y’a pas à dire ,les soldats tchadiens ont quand meme une autre allure que les clochards maliens 😉 😉
La France déclare Mali devrait accepter une certaine autonomie Touareg
source sur: http://www.businessweek.com/news/2013-01-31/france-s-says-mali-should-accept-some-touareg-autonomy
French Defense Minister Jean-Yves Le Drian suggested that ethnic Touaregs in Mali’s northern regions should have some autonomy, while saying France doesn’t want to “dictate” the nation’s constitutional settlement.
While French military forces hold the airport of Kidal in the northeast, sandstorms delayed their operations to take control of the last major rebel-held city, Le Drian said today. Kidal is under the control of Touareg forces who have broken with their former Islamist militant allies and have made peace overtures to the French and Malian government.
“Mali must enter a period of national conciliation open to all political forces that reject terrorism and outright separatism,” Le Drian said on France Inter radio. Touaregs must play “a full role on the recomposition of Mali” while at the same time
Ceux qui critiquent l’apport de ces armées doivent tempérer leurs ardeurs et se donner un temps d’observation et d’analyse. Il y a des revirements qui vont survenir d’ici peu. L’avancée éclaire et encourageante des soldats maliens et français ne doit nous obnubiler au point qu’on croit que c’est déja la victoire acquise. Les autres pourront prêter main et la honte sera du côté où on l’attendait le moins.
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