L’idée de déploiement au Mali des Casques bleus de l’ONU fait son chemin. Elle a été avancée par le Secrétaire général de l’ONU, le Sud-coréen Ban Ki-Moon lors du 20ème sommet de l’UA, le 27 janvier 2013, à Addis Abeba, capitale éthiopienne (Addis-Abeba).
Depuis cette date, l’idée était officiellement soutenue par Paris. Au cours de sa visite le 4 février à Paris, le Vice-président américain, Joseph Biden alias Joe Biden a évoqué la question avec le Président français, François Hollande, au Palais de l’Elysée. ”Nous sommes tombés d’accord sur le fait que la force africaine au Mali soit aussi rapidement que possible placée sous l’autorité de l’ONU” a déclaré Joe Biden. Ainsi donc, Paris et Washington sont convenus de la nécessité de mettre en place ”aussi rapidement que possible au Mali une force de maintien de la paix placée sous l’autorité de l’Organisation des Nations-Unies”.
Dans l’optique du déploiement des Casques bleus, ce sera la MISMA (Mission Internationale de Soutien au Mali) qui sera directement placée sous mandat onusien. Dans le cadre de ses missions, la force de maintien de la paix mettra un accent particulier sur le respect des droits humains. En effet, le mandat d’une éventuelle force onusienne inclurait, outre la protection des civils, la stabilisation des villes reconquises, la préparation des élections.
A propos des droits de l’homme, la future force de maintien de la paix aura pour mission d’encadrer le processus de réconciliation, de refréner les règlements de compte suite à la libération des régions occupées. En rapport à ces missions spécifiques, les perspectives de vengeances supposées ou réelles semblent fortement motiver la communauté à envisager ce nouveau format. Ce qui, de facto, confirme au-delà des condamnations et de la riposte des forces armées du Mali et des pays alliés de la profondeur de la monstruosité des crimes commis par le MNLA et ses alliés terroristes. De ce qui précède la communauté internationale redoute a-priori des velléités potentielles de justice sommaire. D’où l’éventualité de la mise en place d’une espèce de force-tampon.
Perçue et analysée sous l’angle de la gouvernance, la création d’une force de maintien de la paix sous mandat de l’Organisation des Nations Unies paraît comme une alternative à l’incapacité-non-prouvée- des autorités maliennes à refréner ou à endiguer d’éventuels cas de règlements de comptes entre les populations et les occupants d’hier sans foi ni loi.
Ou à contrario, le Mali est “diplomatiquement soupçonnable à brève échéance d’atteintes potentielles aux droits humains sur la personne d’éléments ”MNLA””. Par ailleurs, pour “encadrer le processus de réconciliation” faudrait-il que le ”MNLA” dépose les armes d’abord au même moment où il renonce à ses ”prétentions territorialistes”. Or, ce mouvement apatride brandit des trophées de guerre sur certains médias internationaux. De surcroît, la crainte d’exactions supposées avec l’arrivée des soldats maliens à Kidal constitue un facteur de méfiance qu’on doit éviter de capitaliser au risque de choquer la dignité des populations sous occupation. A ce sujet, l’entrée hier de 1800 éléments du contingent tchadien à Kidal édifiera plus d’un.
Aussi, l’histoire du déploiement des forces de maintien de la paix de l’organisation des Nation Unies n’a pas toujours été efficace et efficiente. C’est ainsi que plus près de nous, la force onusienne peine à stabiliser la R. D. Congo où sévit une rébellion armée depuis des lustres ; Au Liban, la FINUL (Force Internationale des Nations Unies au Liban) après plus de trente ans de présence est toujours embourbée dans les cèdres libanais.
Le cas malien n’est ni celui du Liban, encore moins de la RD Congo. Toutes les analyses convergent sur l’occupation des 2/3 du territoire par des terroristes narcotrafiquants. Et c’est pour les bouter dehors que le Mali bénéficie du soutien de la communauté internationale. Le pays ne fait pas face à une rébellion armée d’essence communautaire ou communautariste qui justifierait la présence d’une force de maintien de la paix.
Il est question de recouvrer l’intégrité du territoire et d’organiser des élections crédibles et transparentes comme le stipule la feuille de route du gofernement Django. Point de place à une force d’interposition dans un pays où les différentes communautés vivent en symbiose y compris les communautés arabes et touarègues. La solidité du fondement socio-historique de la nation vieille de plusieurs centenaires constitue un socle régulateur du vivre ensemble. En dépit de leur puissance de feu les terroristes n’ont pas atteint ce pays dans son âme.
Ceux qui agitent le spectre des pogroms se trompent lourdement sur le Mali. Pour preuves toutes les communautés du septentrion porteront pendant longtemps encore les stigmates suite à l’occupation de leur territoire. Le Mali devra recouvrer tout son territoire pour renouer avec la démocratie. Nul doute que le génie malien permettra de donner confiance aux uns et aux autres en vue de la reconstruction nationale. Aussi, la lutte contre le terrorisme étant une lutte transnationale, les maliens ne manqueront pas de jouer leur rôle.
Fort heureusement, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale est monté au créneau. En effet dans une interview accordée hier à RFI, Tiéman Hubert Coulibaly a dit tout le mal que le Mali pense du projet Onusien. Pour le chef de la diplomatie malienne une force de maintien de la paix n’a pas sa raison d’être dans le cas malien.
A la vérité, le nouveau format que l’ONU veut imposer au Mali n’est ni plus ni moins que la transposition arbitraire unilatérale, improductive d’une imaginaire guerre inter-malienne aux relents communautaristes à la guerre réelle contre les terroristes narcotrafiquants ayant envahi le pays. Une telle vision manichéenne ne saurait, ne doit et ne peut prospérer.
De Gao à Tombouctou, de Diabali à Ansongo en passant par toutes les localités libérées, l’armée malienne appuyée par les forces armées Françaises n’ont pas eu à faire à une quelconque résistance de remise en cause de la souveraineté et l’intégrité du pays. Même à Kidal, les populations sont plutôt à fêter leur délivrance.
Dès lors l’instance Onusienne devra mettre son projet dans les cartons.
Balla Tounkara