En mars 1991, le monde entier s’était ému pour nous, de voir, malgré la pauvreté et l’extrême précarité de notre économie, notre peuple s’engager sur la voie de la démocratie et de l’Etat de droit. Après de longues nuits et de longs jours de quête, notre pays a construit dans la douleur des institutions et des créneaux pour la liberté.20 ans après, jour pour jour, malgré la liberté d’expression et la prise en compte de toutes les opinions et de toutes les sensibilités dans le train de la liberté, notre peuple fait face à la trahison et à la violence gratuite. Le monde qui hier nous encourageait à aller dans ce sens semble s’être endormi, assourdi et aveuglé, ne disant mot sur ce qui se pose à nous aujourd’hui comme un effet de l’injustice et de l’impunité. Des groupes armés se forment au gré d’intérêts mafieux et nous défie dans notre existence et dans notre souveraineté.
Laissant toute voie pacifique et démocratique et méprisant les institutions et les créneaux civilisés, des bandits de tout acabit, alliés à des terroristes et à des marchands de morts, exploitant à l’aune de leurs envies notre histoire commune, nous demandent l’impossible sur des bases fausses et illégitimes. Après avoir abandonné des années durant les populations à leur sort sur des terres hostiles et, sous des climats impardonnables et après avoir fait fortune sous d’autres cieux en tuant et en guerroyant pour la gloire de potentats d’autres pays, voilà que ceux qui ne se sont souvenus d’être maliens qu’aujourd’hui où ils n’ont où aller, viennent nous dévier des labeurs quotidiens, pour nous imposer le sang, le feu et les larmes. Sous les yeux de l’Union européenne, sous les yeux des Etats-Unis d’Amérique, sous les yeux de nos frères et sœurs d’Afrique pour lesquels nous n’avons été que soutien. La sagesse populaire ne dit-elle pas que le silence est le premier soutien de l’Injustice. Suffit-il d’être un pays démocratique pour être sauvé ? Sinon que servirait-il de démocratiser la Libye, d’imposer la liberté en Syrie, d’appeler à plus de bonne gouvernance en Asie et en Afrique, si n’importe quel groupe de bandits armés pourra remettre en cause des années de sacrifice et de tentatives positives. Pendant que nous pleurions nos morts, soignions nos blessés et nous résolvions à engager nos maigres ressources pour nous défendre, nos amis attendent de nous voir nous essouffler. Pauvre démocratie malienne. Si nous devons être secourus c’est aujourd’hui. Si nos amis doivent se manifester c’est aujourd’hui. Si la démocratie est un rempart contre l’injustice et l’anarchie c’est aujourd’hui que cela se prouve. Si la justice existe pour tous les peuples c’est encore aujourd’hui le jour J. Nous n’appelons pas au secours comme de vulgaires couards, mais notre sens de la Justice nous impose des limites et nous commande la retenue face à des barbares violeurs de femmes enceintes et assassins de pauvres étudiants. Nous sommes un pays de droits face à des bandits de toutes origines dont la seule patrie est le véhicule 4×4 et la mitraillette. Nous savons aussi qu’au-delà des mers et des océans des ennemis lointains nous guettent à travers nos faits et gestes et attendent avec envie notre occasion de chute. C’est pourquoi nous disons que si nous avons des amis c’est le moment pour eux de se manifester, de nous aider à consolider notre démocratie à unifier notre nation, à conforter notre Etat de Droit. C’est le moment pour nos amis de ne pas rester statiques, de venir nous voir et de nous recevoir chez eux, de construire avec nous notre pays injustement et lâchement attaqué. C’est le moment de soutenir nos institutions, de ne pas les abandonner à leur solitude et à leurs faiblesses. De soutenir notre armée, dans sa marche républicaine et dans sa défense de la liberté et de la paix. Les démocraties se soutiennent contre la barbarie et la tyrannie, c’est le moment pour nous de connaître nos amis, par leur comportement à notre égard.
Karim FOMBA