Guerre au Mali : un franc succès militaire mais une victoire encore fragile (BILAN)

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Des combattants du groupe islamiste Ansar Dine dans le nord du Mali, le 7 août 2012
Des combattants du groupe islamiste Ansar Dine dans le nord du Mali, le 7 août 2012

L’opération militaire française au Mali a été un franc succès militaire, permettant en quelques semaines de stopper, repousser et enfin traquer, avec l’appui de troupes africaines, les poches jihadistes dans le nord-est du pays, une victoire considérée toutefois comme fragile devant un ennemi prompt à se fondre dans le désert.

 

 

POURQUOI UN TEL SUCCES ?

– Rapidité de la décision d’intervention

La décision d’intervenir est prise le 11 janvier, par le président François Hollande après l’entrée des jihadistes dans Konna (centre du pays), qui leur ouvre la route vers Bamako. Quelques heures plus tard à peine, les premières unités françaises, prépositionnées en Afrique (Tchad, Côte d’Ivoire) arrivent à Bamako pour assurer la protection des ressortissants français. Des avions Rafale décollent peu après de Saint-Dizier (Haute-Marne), bombardant des colonnes jihadistes à 4 000 kilomètres de là, après cinq ravitaillements en vol, soit « le raid le plus long du monde », d’une durée de 9 heures et demie, selon les rapporteurs d’une mission d’information de l’Assemblée nationale, Christophe Guilloteau (UMP) et Philippe Nauche (PS).

 

 

Les premiers soldats français sont déployés pour soutenir l’armée malienne. Au plus fort des opérations, en février, le contingent français atteint un maximum d’environ 4 500 soldats. « Le recours à des boucles décisionnelles courtes a été décisif », ajoutent les deux députés, en relevant les« avantages du processus décisionnel français sous la Ve République en cas d’engagement des forces armées à l’extérieur », avec « prédominance du président de la République. »

 

 

L’opération Serval a bénéficié aussi d’un très large consensus politique en France. « On sait très bien qu’il est très difficile de partager à plusieurs la décision politique de déclencher puis de conduire une opération militaire, surtout dans l’urgence », relevait dans le Journal du Dimanche, le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a mené l’opération Serval.

 

 

– Rapidité des opérations militaires

L’avance des colonnes jihadistes vers le sud est stoppée net dès les premiers jours. Celles-ci refluent même rapidement et en un mois, les bastions des islamistes tombent les uns après les autres, sous la poussée des forces françaises, secondées par l’armée malienne et la Misma (la force des Nations-Unies au Mali, devenue Minusma). Les combats les plus durs ont lieu dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, dans le nord-est, où les troupes françaises sont aidées des forces armées tchadiennes, traquant les jihadistes dans leur sanctuaire.

 

 

Le Mali n’est pas « complètement stabilisé » malgré une dynamique de succès militaires répétés, admettait cependant le général de Saint-Quentin. « Il faut reconnaître à nos adversaires leur extrême faculté à se fondre dans l’immensité de cet océan de sable qu’est le désert », a-t-il ajouté. Toutefois, a-t-il souligné, « Serval a démontré la capacité de l’armée française à s’engager en premier sur un théâtre d’opérations de façon très rapide et puissante, ce que peu d’armées peuvent faire en réalité. »

 

 

– Des pertes limitées du côté français, 6 morts

Six soldats français ont trouvé la mort depuis le 11 janvier. Trente-huit soldats tchadiens tués étaient en outre recensés fin mai, selon les militaires tchadiens. Du côté des jihadistes, le chiffre de « plusieurs centaines ou quelque 600 combattants tués a été avancé par plusieurs sources françaises. 63 militaires maliens tués étaient recensés fin mars.

 

 

UN BEMOL, LA LOGISTIQUE

Le conflit au Mali a révélé la faiblesse des capacités de ravitaillement en vol de l’armée française pour une opération à plusieurs milliers de km. Les Etats-Unis, mais aussi plusieurs pays européens (Allemagne, Espagne,… ), ont permis de pallier cette lacune. « Qu’il s’agisse de la projection des personnels ou de celle des équipements, au niveau stratégique comme à l’échelle tactique, l’opération Serval a confirmé nos insuffisances », écrivent Christophe Guilloteau et Philippe Nauche.

 

 

Les opérations au Mali ont mis en évidence de même le besoin criant de drones de surveillance MALE (Moyenne altitude, longue endurance, soit 6 000 à 8 000 kilomètres pendant 24 heures) de l’armée française. La France a décidé d’acheter une douzaine de drones américains. Les équipements les plus modernes (avions Rafale, hélicoptère Tigre, canons Caesar) ont été performants, mais les moyens plus anciens (hélicoptères Gazelle et Puma) ont révélé des lacunes, selon MM. Guilloteau et Nauche.

 

lavoixdunord.fr/

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