Groupes armés aux abois : Les raisons d’un meurtre

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Depuis deux jours, la ville de Gao est en ébullition. L’assassinat d’un élu local est à la base du débordement enregistré au cours de ces dernières heures. Les raisons des manifestations.

 

Dans la nuit du lundi dernier, alors qu’il se rendait à un rendez-vous fixé par téléphone, Idrissa Omorou, enseignant, conseiller municipal et responsable de la Coopérative des pêcheurs de Gao, est abattu à bout portant par deux individus en moto. La thèse du meurtre crapuleux a aussitôt été écartée parce que les premiers secours ont retrouvé sur la scène du crime la moto de la victime et son portefeuille intact sur lui. La personnalité du défunt, conseiller municipal, va guider les enquêteurs. Très influent auprès des jeunes, Idrissa Omorou était parvenu à les organiser en différents groupes chargés d’effectuer des patrouilles nocturnes pour s’opposer aux vols, viols, cambriolages et pillages.

Ces divers actes de banditisme sont attribués pour la plupart à certains éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), éléments qui en sont réduits de plus en plus à recourir à ce genre d’expédients criminels pour survivre ou simplement s’amuser. Ces patrouilles auraient à plusieurs reprises occasionné des accrochages entre les jeunes de Gao et des groupes se réclamant du Mnla, accrochages au cours desquels, selon des sources concordantes, des jeunes Gaois (au moins deux) auraient été tués par balle. Le summum a été atteint par l’assassinat, lundi soir, du conseiller communal. C’est donc excédés que le même soir, certains des leaders des groupes de jeunes se sont concertés et ont décidé de marcher le lendemain. Mais auparavant, il leur fallait l’autorisation des représentants du Mujao (Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique occidentale, islamiste) qui assurent la police et le maintien de l’ordre dans la ville.

Mardi matin, très tôt, ils ont commencé à sonner le rassemblement et à se munir du drapeau tricolore du Mali, avant de s’ébranler. A leurs côtés, des éléments du Mujao, déployant le drapeau noir des islamistes. Ceux-ci également étaient excédés par les pratiques mafieuses du Mnla, dont ils avaient parfaitement connaissance. Pour pouvoir sévir à temps, les membres du Mujao avaient communiqué aux populations des numéros verts qu’elles pouvaient appeler à n’importe quel moment pour solliciter une intervention contre des exactions.

C’est donc encadré et guidés par le Mujao que les marcheurs ont pris le chemin du gouvernorat de la région, que le Comité transitoire de l’Etat de l’Azawad (Ctea) utilise comme siège. Là, selon plusieurs témoignages, les agents du Mnla chargés de la sécurité des lieux auraient fait, sans sommation, usage d’armes de guerre. Ces tirs sur la foule auraient fait douze blessés par balle dont quatre grièvement, et plusieurs autres blessés par le mouvement de panique de la foule. Certains blessés graves auraient été évacués à Niamey (Niger) par le Comité international de la Croix-rouge.

Pour la deuxième journée de manifestation les bandits du mouvement national de libération de l’Azawad ont décidé de passer à la vitesse supérieure  hier matin en utilisant des armées lourdes contre la population civile devant le gouvernorat faisant deux morts et plusieurs blesses.

Parallèlement à la marche sur le gouvernorat, d’autres manifestants ont enflammé de vieux pneus et érigé des barricades dans plusieurs rues de la «Cité des Askia» pour empêcher un déploiement des indépendantistes dans la ville.

Les manifestations auraient duré jusqu’aux environs de 14h 45, heure à laquelle des sources ont confirmé le retour du calme dans la ville et celui des marcheurs dans leurs foyers.

Le même jour, des responsables du Mnla et d’Ansar Eddine se seraient retrouvés pour commenter les événements et arrêter des mesures pour qu’ils ne se répètent pas. La discussion aurait continué le lendemain avec la menace de nouvelles manifestations, les jeunes exigeant que toute la lumière soit faite sur l’assassinat du conseiller municipal. Selon les mêmes sources, le Mujao qui n’a pas pris part à ces concertations, a ouvertement pris fait et cause pour les jeunes de Gao en demandant le départ du Mnla de la zone.

Au-delà du geste d’humeur qui a déclenché les manifestations de ces jours, les habitants de Gao (et sans doute des autres régions du nord) viennent de démontrer que des différents groupes armés occupant le nord, c’est surtout du Mnla, rendu responsable de tous leurs maux, qu’ils ne veulent pas entendre parler. Les séparatistes ont beau nommer un Songhay ancien responsable du mouvement Ganda koy, se repentir publiquement, offrir de l’emploi aux cadres locaux, avoir des relations imbriquées avec des familles autochtones, ils ne parviennent toujours pas à rallier à leur cause les populations. Contrairement aux autres groupes armés, en particulier le Mujao dont les membres sont pour la plupart issus de la communauté arabe solidement implantée à Gao depuis des décennies, et qui vole au secours de la population chaque fois que celle-ci est agressée par le Mnla ou par d’autres malfrats. En plus, les islamistes se proposent de rendre la justice selon la loi islamique. Et pour cela, le commissaire de la police islamique est un autochtone, du quartier Gadèye où sont issues principalement les familles fondatrices de Gao. Ancien vendeur de café au marché, Aliou est ainsi devenu le père fouettard de la ville. Et tant qu’il défend les populations contre les abus et ne punit que les coupables, il sera encore toléré. Ce qui n’est pour arranger les affaires de la France, de la Mauritanie et de l’Algérie qui veulent coûte que coûte jouer la seule carte Mnla contre les autres groupes armés.

Cheick Tandina

Commentaires via Facebook :

10 COMMENTAIRES

  1. Que nous cacher vous Mr Tandina ?
    Pourquoi avoir effacé la tête de la personne qui se trouvait tout juste au milieu de la photo? Le reste même de la personne est toujours visible.
    Est-ce le chef rebelle? (D’après les femmes des militaires de Kati)

  2. Sachons raison gardée. Les jeunes de Gao ont raiosn d’exprimé leur mecontentement, mais ils nes ont les héros du jour. Faites attention aux islamistes. Ce ne sont pas des enfants de coeur. Ils sont capables du pire. Que Dieu nous protège.Amin!

  3. L’APPATRIDE MOUSSA AG ASSARID

    L’inconscient Moussa AG ASSIRID est un pur produit du peuple Songhoi, durant toute sa vie de jeune collegien, il a ete entretenu et nourri par les familles sonhrais.
    Merci pour ta reconnaissance ingrate et dont nous mesurons sa portee.
    Comme le dit un adage:”RIRA LE PREMIER QUI RIRA LE DERNIER” A bon entendeur salu………….

  4. Le songhoi est un homme passifique,brave et honnette.
    Ce qui se passe a Gao, ne m’etonne guere car j’etais convaicu qu’il y aura une resistance civile sans une armee indigne et qui ne merite aucun respect de nos jours aux yeux du peuple malien humilie partout ou il se trouve.
    Je suis tres optimiste et conscient d’un changement tres proche dans les jours a venir.
    Le MNLA est compose par des elements tres connu dans le milieu songhoi et donc cela explique tout et meme ceux qui se disent porte parle en France et ailleurs.
    Pour le moment nous allons laisser le temps au temps.

  5. bjr à tous ,peuple de la cité des ASKIA je vous salue,vous venez de montrer à la face du monde que vous êtes un grand peuple et qu’à cœur vaillant rien d’impossible.vous n’avez pas fui devant l’ennemi préférant la mort qu’à la honte.la peur paralyse,vous n’êtes pas partisan des “replis stratégiques” de notre armée ,contre leurs armes vous avez montré vos poitrines remplies de courage et d’honneur.que les morts reposent en paix,ils sont pas morts pour rien.civiles de tout le pays unissez-vous donnons l’exemple.

  6. Le mali doit demander l’extradition de bilal ag cherif pour le juger en plus il est au burkina pays mediateur!! On verra si le burkina joue franc avec nous!!!c dommage qu’on a pas de gouvernement a bko sinon il se serait passer beaucoup de choses

  7. Le MNLA va encore souffrir davantage par la grâce de Dieu. Les tueries du mercredi 27 juin à Gao ne sont que le début de l’anéantissement du MNLA. Je lance un appel solennel aux braves populations de Gao, de tuer tous les renégats du MNLA, chercher et tuer par tous les moyens le soit disant Secrétaire Général, j’ai nommé Bilal Ag Cherif, tuer le comme un rat, Moussa Ag Assarid, et autres. Il faut les décapiter.

    • Je pense bien que liquider les bandits c’est le job des forces de sécurité du Mali et non des jeunes civils de Gao.En les poussant à la bataille contre les islamistes lourdement armés c’est commettre un crime.L’armée malienne doit prendre ses responsabilités.Notre peuple ne se reconnait pas dans cette armée malienne pilotée par la junte,une armée lâche et poltron.
      Vive un Mali fort,juste et libre!

      • Tu ne comprends rien à la géopolitique. Tu penses que ces soulèvements sont spontanés? Detrompes toi§ Ces évènements sont très loin d’être le cas. C’est planifié et il y en aura d’autres avant que l’armée ne rentre en jeu. Ce n’est peut être pas la manière pour toi ou pas juste mais c’est ça la geurre cad la strategie. Tout le monde ne peut pas être militaire. Et svp laissez les faire leur boulot tranquille. On ne voit ni n’analyse pas le chose de la même manière qu’un militaire. Malgré leur defaite laisser les faire leur travail. Le metier des armes les appartient. A nous aussi notre vocation. Il faut surtout les motiver d’avantage. Toujours les motiver et encore les motiver. Sinon la CEDEAO, la communauté internationale, ne viendrons jamais defendre notre patrie alors encourageons ce qui doivent et vont le faire cad notre veillante armée.

      • Alors, pourquoi veux que ces jeunes laissent leur destin entre les mains d’une telle armée?

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