Le groupe Tinariwen plus fort que les terroristes

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Le groupe Tinariwen plus fort que les terroristesLe groupe Tinariwen plus fort que les terroristes
Le groupe TINARIWEN

Etrange et belle histoire que celle du groupe de musique Tinariwen, originaire de l’Adrar des Ifoghas, sanctuaire des groupes terroristes. Deux « groupes » et deux destins, liés malgré eux par l’Histoire du Mali. Tour à tour artistes, combattants et cibles, les membres de Tinariwen sont les témoins incontournables de leur temps.

 

Le groupe « Taghrett Tinariwen » existe depuis huit ans lorsque la rébellion éclate en 1990. Ses fondateurs, les touaregs Ibrahim ag Alhabib, Alhassan ag Touhami et Intayaden, chantres de l’identité touareg, jouèrent un rôle important pendant ces événements, expression de la crise identitaire traversée par le Mali. Après être passé par l’Algérie et les camps d’entraînement en Libye, ils reviennent au pays pour prendre les armes aux côtés du Mouvement Populaire de l’Azawad sous les ordres d’un certain Iyad Ag Ghaly, futur fondateur d’Ansar Eddine… qui les aide à financer l’achat d’instruments de musique.

 

La signature du Pacte national de 1992 sonne leur retour à la vie d’artiste ; ils multiplient les festivals, enregistrent à Abidjan et Bamako et accueillent de nouveaux membres, notamment des femmes qui composeront les chœurs du groupe. En quelques années, ils acquièrent une renommée internationale, grâce à leurs tournées en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Asie. Fidèles à leurs racines, les musiciens continuent d’entretenir des liens étroits avec les réseaux touaregs dans les régions nord du Mali.

 

L’Histoire se répète et replace le groupe au cœur de la lutte à la faveur des mouvements insurrectionnels menés par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Mais la récupération et le dévoiement de l’insurrection par des groupes salafistes, auxquels va vite se mêler Ansar Eddine, dont l’opportuniste leader, Iyad ag Ghaly, a totalement changé de posture, va brouiller la donne. Les amis d’hier deviennent ennemis. Cheikh ag Haoussa, hier parolier du groupe, s’est éloigné des artistes. Pire : en janvier 2013, l’un des chanteurs du groupe, Abdallah ag Lamida, est fait prisonnier par Ansar Eddine alors qu’il rendait visite à sa famille, à Tessalit. Une volonté de museler le message de paix et d’unité des artistes qui a bien évidemment fait réagir vivement les populations touaregs, d’une seule voix, pour mieux marteler aux terroristes que leurs tentatives d’intimidation resteront à jamais sans effet.

 

Comme un signe, Taghrett Tinariwen signifie en Tamasheq « L’édification des pays ». Plus qu’un nom, c’est un symbole d’espoir pour le nord du Mali, pressé d’en finir avec la gangrène djihadiste.

 

 

               Khalilou COULIBALY

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