A l’initiative de la France et des Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la Cédéao et plusieurs pays occidentaux se sont réunis, le mardi 05 février à Bruxelles, dans le cadre du Groupe international de soutien et de suivi de la situation au Mali. De nombreuses promesses ont été faites. Seront-elles tenues ?
La communauté internationale s’émeut toujours de la crise que traverse le Mali. Ainsi, le Groupe international de soutien et de suivi de la situation au Mali s’est réuni, le 05 de ce mois pour examiner la situation qui prévaut au Mali depuis janvier 2012. Il s’agissait en fait d’évaluer les besoins qui permettront à ce pays de faire face à la crise sécuritaire, politique et institutionnelle qu’il traverse depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, mais surtout à la rébellion armée qui s’est déclenchée dans son septentrion, le 17 janvier 2012. Cette situation insurrectionnelle a permis à plusieurs groupes terroristes et jihadistes de s’emparer de toutes les régions du nord et d’une bonne partie du centre, dès le 1er avril dernier. Ce succès d’Aqmi, d’Ansar Eddine, du Mnla, du Mujao et de Boko Haram a été rendu possible par la rupture de la chaine de commandement au sein des forces de défense et de sécurité consécutive au putsch de mars, mais surtout par l’état de délabrement dans lequel se trouvent ces forces armées.
L’ancien président de la République, sans reconnaitre publiquement cet état de fait, a toujours soutenu que le Mali à lui seul ne peut pas faire poids devant les groupes armés non étatiques qui menaçaient l’intégrité territoriale et l’unité nationale. Le diagnostic ne sera véritablement posé que lorsque la Cédéao s’est emparée de la question malienne et a demandé de faire une évaluation des capacités humaines, matérielles et techniques des soldats maliens. Après plusieurs missions d’audit d’experts et spécialistes des questions militaires, le verdict est tombé: les militaires maliens ont besoin d’être dotés en matériels, armements et moyens logistiques. Mais surtout ils ont besoin de formation et d’instruction militaires. L’organisation sous-régionale a demandé le soutien de tous les pays occidentaux et de tous les pays amis du Mali. Non seulement pour renforcer les capacités opérationnelles de l’armée malienne, mais aussi pour appuyer en matériels, armements et moyens logistiques la force africaine constituée avec la bénédiction de l’Onu dans le cadre d’une mission internationale de soutien au Mali (Misma) constituée essentiellement des pays de la sous-région. Après la réunion des donateurs qui s’est tenue le 29 janvier à Addis-Abeba (Ethiopie), c’est donc le Groupe de soutien qui vient de se réunir en Belgique. Les Maliens et leurs partenaires africains qui attendaient beaucoup de ces deux rencontres n’ont pas été déçus. En effet, les promesses de donations ont été très nombreuses, au point de dépasser largement les attentes. Des centaines de milliards de francs CFA sont ainsi attendus de la part des donateurs et des bailleurs de fonds, principalement de l’Union européenne qui, à la demande du président français François Hollandais, s’est engagée à financer la formation et l’instruction militaires des forces de défense et de sécurité du Mali.
A en croire certains hauts responsables politiques français, cette formation devrait débuter la semaine prochaine. Les instructeurs et formateurs seraient déjà prêts, les lieux des exercices seraient déjà identifiés à accomplir leur mission, certains seraient même déjà à Bamako. Le seul hic est qu’en ce moment, les bénéficiaires desdites formation et instruction, les troupes maliennes, sont occupées dans les régions du nord et du centre. Où elles participent aux opérations de libération et de sécurisation des localités, à la traque des groupes terroristes qui les occupaient il y a seulement quelques jours.
Mais selon certaines indiscrétions, même l’absence des principaux bénéficiaires n’est pas un problème majeur pour les initiateurs. L’initiative, en effet, peut commencer par les officiers supérieurs, afin de rétablir la chaine de commandement, et l’unité des commandos parachutistes qui ne participent pas encore aux opérations dans le nord et le centre.
A terme, quatre bataillons de six cent cinquante militaires chacun, soit deux mille six cents, devraient bénéficier de cette session intensive de formation et instruction.
Mais si le but de cette session est de renforcer les capacités des soldats, un de ses objectifs est d’inculquer aux militaires les notions du droit humanitaire international. Autrement dit, que la guerre de reconquête de l’intégrité territoriale ne tourne pas en vengeance et en règlement de comptes, que la haine et la rancœur ne génèrent pas de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Surtout lorsqu’on sait qu’il existe des comptes pendants entre soldats loyalistes et rebelles touareg, bérets verts et bérets rouges. Ce n’est certainement pas le moment, le seul but étant de faire une guerre juste, à l’issue de laquelle justice sera forcément rendue.
En attendant, la France et la force africaine, presque constituée enfin, veillent au grain. Jusqu’à quand ? L’avenir le dira, un avenir qui pourrait être marqué par le retrait des soldats français à partir de mars, lesquels se proposent de remettre le témoin à la Misma qui, elle-même, pourrait bientôt passer sous l’égide des Nations unies avec un mandat de maintien de la paix.
Cheick Tandina