De source proche du dossier, gouvernement et mouvements politico-militaires du Nord se sont rencontrés hier autour des deux points qui constituent les essentielles pierres d’achoppement: la participation des mouvements non armés ainsi que le calendrier des négociations.
Ouvertes depuis le mercredi 16 juillet 2014, les négociations inter-maliennes connaissent un certain nombre de points de blocage par le fait notamment de la mauvaise foi des trois principaux mouvements signataires de l’Accord de Ouagadougou. Le jeudi 17 juillet, à la résidence d’El Mithak à Alger, les débats avaient pour objectif que chaque partie présente sa proposition de feuille de route: dates et durée des discussions, thématiques et organisation des négociations, ou encore le rôle des médiateurs.
Ainsi, les autorités maliennes ont rencontré le Mnla, le MAA et le Hcua, accompagnés de représentants des pays de la région, notamment le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad et ceux des organisations internationales. Dans leur proposition de feuille de route, les trois groupes armés estiment que les interlocuteurs de Bamako doivent être ceux qui ont pris les armes, ceux qu’ils nomment belligérants. Selon eux, il convient de définir ce que la communauté internationale et chacune des parties entendent par le concept de dialogue inclusif, en relation avec un conflit armé opposant un Etat et des mouvements de libération, en opposition avec n’importe quel autre type de conflit social. C’était en fait une manière pour les trois mouvements précités de refuser de considérer les trois autres groupes, notamment la Coalition du peuple pour l’Azawad et les branches dissidentes du MAA invitées par Alger comme des interlocuteurs dans les négociations. Car, soutiennent-ils, ces derniers, jugés proches de Bamako, n’ont pas participé au combat depuis le début du conflit en 2012. Or, de son côté, le Gouvernement malien a clairement exprimé sa volonté de négocier avec tous les mouvements, qu’ils soient signataires ou adhérents à l’accord du 18 juin 2013, y compris avec la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance.
Aussi, dans le document, les trois mouvements versent-ils encore une fois dans le dilatoire en proposant une période de négociations en 4 phases, d’une durée totale de 8 à 9 mois, qui aurait lieu «dans un pays neutre».La première partie de ce processus serait d’un mois, consacrée à un accord sur les mesures de préparation aux discussions comme le respect du cessez-le-feu et la libération de prisonniers. Cette durée est jugée trop longue par Bamako et par certains médiateurs.
Ce sont ces deux points qui freinent en ce moment les négociations qui devraient, en principe, faire l’objet de discussions hier dimanche.
Par ailleurs, si les experts internationaux et le gouvernement du Mali sont favorables à la mise en place d’un collège de médiateurs impliquant l’Algérie, l’Union africaine, la Cedeao et l’ONU, les groupes armés, eux, veulent un médiateur «neutre» sans dire pour autant ce qu’ils entendent par là. Voici un autre point de blocage qu’il faudra lever pour avancer.
Citant le ministère algérien des Affaires étrangères, le quotidien national algérien El Moudjahid note toutefois que les parties maliennes, lors d’une réunion, ce samedi 19 juillet, ont été engagées par la délégation algérienne et l’équipe de médiation qui les soutiennent, sur «les différents volets des négociations devant couvrir les questions de défense et de sécurité, les questions économiques, sociales et culturelles, ainsi que celles relatives à la réconciliation, à la justice et à la situation humanitaire». Aussi, révèle le journal, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a présidé une série de réunions avec l’équipe de médiation composée de l’ONU, de l’UA, de la Cedeao, de l’OCI, de l’UE, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie, élargies à des séances de travail avec les représentants des parties maliennes. «Ces consultations ont débouché sur un accord de principe portant sur la méthodologie ainsi que sur les questions devant être traitées en priorité au cours de la phase initiale du dialogue inter-malien qui doit prendre fin jeudi 24 juillet. Les négociations devant reprendre au courant du mois d’août prochain à Alger», relève le confrère, citant la même source.
Une autre source indique que la délégation malienne, en dépit des points de blocage, saluent «l’esprit constructif» qui règne à Alger. «Malgré leurs divergences, les groupes armés ont un message constructif, basé sur le respect de l’intégrité territoriale du Mali et un règlement pacifique de la crise», se félicite le ministre malien des Affaires étrangères, cité par Jeune Afrique.
Alors que les discussions peinent à avancer à Alger, un véhicule appartenant à la Minusma a sauté, vendredi 18 juillet, sur une mine à Kidal. Un casque bleu blessé a été évacué à Gao. Il s’agit d’un véhicule qui transportait des ingénieurs des contingents sénégalais et cambodgiens. Depuis la capitale algérienne, le chef de la Minusma a condamné fermement cette nouvelle attaque.
Bakary SOGODOGO