Le gouverneur de la Région de Kidal, Sidi Mohamed Ischrach s’est rendu à Kidal le Mercredi dernier dans le cadre du processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation signé entre le gouvernement du Mali et les groupes rebelles. Jusqu’ici, ces groupes rebelles regroupés au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad s’étaient montrés hostiles à tout retour de l’autorité malienne dans la ville de Kidal, symbole de la lutte armée commencée en 2012.
Le gouverneur Sidi Mohamed Ischrach était à Kidal. Une première depuis le soulèvement de la rébellion en 2012 et après que les groupes rebelles ont réussi à en interdire l’accès avec la complicité de la France, pays européen engagé dans la résolution de la crise. Pour les Maliens, c’est l’humiliation et l’offense de trop. C’est pourquoi, certains n’hésitent pas à accuser directement l’ex pays colonisateur de comploter sur le dos de l’Etat malien. La difficulté à mettre en œuvre certains dispositifs de l’accord pour la paix signé à Alger sous l’égide de la communauté internationale notamment la révision de la constitution de février 2012, résulte de cet état de chose. Aujourd’hui, le sentiment d’être trahi par la France est plus grand chez les Maliens qui ne comprennent pas pourquoi, après avoir fait reculer les groupes rebelles et leurs alliés terroristes, la force Barkhane de la France a interdit à l’armée malienne d’entrer à Kidal, une ville malienne.
Kidal est désigné fief des groupes rebelles mais également la plaque tournante du terrorisme. Quoique prévu par l’accord d’Alger, les groupes armés notamment ceux de la CMA refusent de désarmer pire continuent de poser des actes subversifs pour le processus de sortie de crise sans que la France et le conseil de sécurité de l’ONU, pourtant si promptes à poser des sanctions, ne s’en soucient véritablement.
Au contraire, tout laisse croire que la France et le conseil de sécurité de l’ONU mettent la pression sur le gouvernement malien pour que ce dernier respecte ses engagements mais ne le font pas pour les groupes rebelles lesquels agissent selon leur humeur au détriment du processus.
Nous sommes tentés d’affirmer que si le processus de mise en œuvre de l’Accord d’Alger venait à échouer, ce serait par la faute de la France avec la complicité du conseil de sécurité de l’ONU.
Le gouverneur de la Région de Kidal a pu se rendre symboliquement à Kidal. Mais, après que le conseil de sécurité de l’ONU ait fait sembler de menacer, de prendre des sanctions à l’encontre des contrevenants. Ce n’est pas la première fois que ça se passe ainsi. La bonne foi de la CMA a été à plusieurs fois mise en doute.
Peut-on reprocher grand-chose au gouvernement malien ?
La réponse est non. Au contraire, ce gouvernement a consenti d’énormes sacrifices qu’on ne peut normalement concéder à des rebelles fussent-ils sous protection internationale. Aujourd’hui, ces sacrifices, au lieu d’être le fondement de l’unité et la cohésion sociale, sont sources de division entre Maliens. C’est dire que le problème ne se situe pas au niveau des décisions prises par le gouvernement du Mali, qui vraisemblablement est de bonne foi au nom de la paix, mais plutôt au niveau du comportement de certains acteurs engagés dans le processus.
En tout état de cause, devrions-nous même négocier pour qu’un Etat puisse assumer son autorité et sa souveraineté dans une de ses villes occupées par des rebelles ? Ce qui est inimaginable sous des cieux européens, est très possible en terre africaine.
Le président « IBK » est un homme de paix et un démocrate sincère. Mais, tout laisse croise que des gens cupides et malhonnêtes, se servent de ces qualités d’homme, pour retarder l’issue de cette crise qui maintient depuis 2012 les populations maliennes dans la souffrance.
Nous osons croire qu’avec l’arrivée à Kidal du gouverneur, le processus de sortie de crise va véritablement se mettre en route sur des bases plus saines qui ne laissent place à la duperie, la subversion, pour qu’enfin le Mali se tourne vers l’essentiel qu’est le développement.
Tièmoko Traoré