Goundam, à pied d’œuvre pour la libération du nord

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L’Association pour le Développement du Cercle de Goudam (ADCG), en collaboration avec les élus de cette  localité, a organisé, le week- end dernier, un forum sur le dialogue social au sein des différentes communautés. Objectif : contribuer à la sortie de crise du nord du Mali.

La cérémonie d’ouverture était présidée par Mohamed Fall, président de l’ADCG. Elle a regroupé plusieurs personnalités, dont le président du Haut Conseil des Collectivités, les représentants du COREN, les représentants des associations des autres régions du Mali. S’y ajoutent les élus du cercle de Goundam.

Mohamed Fall, président de l’ADCG, a indiqué qu’à travers cette rencontre, les populations du cercle de Goundam entendent poser les balises d’un dialogue social, en vue de contribuer au retour de la paix et de la sécurité dans les régions du nord du Mali. Les initiateurs de ce forum, ajoute t-il, ont opté pour une démarche participative. C’est pourquoi, dit-il, il regroupe les représentants de toutes les communautés du cercle de Goundam et celles des autres régions du Mali. Pour Mohamed Fall, l’agression dont le Mali est victime depuis le 17 janvier dernier, a détruit le tissu économique et les ressorts du vivre ensemble dans les régions du nord. Aussi, les repères historiques ont été anéantis par la destruction du patrimoine immatériel. Le Président de l’ADCG de poursuivre que la confiance ne règne plus entre les communautés du nord du Mali. Avant de déclarer : «Si la reconstruction physique des infrastructures économiques est facile, il en va autrement du retour de la confiance ».

A noter que ce forum a été marqué par trois communications : «l’état des lieux de l’occupation du cercle de Goundam, le bilan des différents accords et leur mise en œuvre et des propositions de sortie de crise ». Des communications présentées, respectivement, par Mohamed Fall, Youba Ould Masaoud

L’état des lieux sur l’occupation du cercle de Goundam

Il ressort de la présentation du président de l’ADCG que la ville de Goundam a été prise le 2avril, après l’occupation de la ville Tombouctou le 1er avril par le MNLA. Après la débâcle du MNLA, la ville  est, aujourd’hui, occupée par une coalition de mouvements : AQMI, MUJAO et  Ançar dine. Des mouvements qui ont mis le cercle de Goundam dans une situation dramatique. Les populations sont privées des services de base, tels que la santé, l’eau potable, l’électricité.   La cohésion sociale s’effrite. Un seul sentiment habite les  populations: leur abandon par l’Etat et l’armée. «Les Goundamiens ne comprennent pas la passivité de l’Etat et de l’armée », a déclaré Mohamed Fall. Désespéréés, les populations n’ont d’autre choix que de migrer vers l’extérieur et les régions du sud. A ce jour, il a été recensé plus de 1250 déplacés à Bamako. Sans compter, les déplacés vers les autres régions. A cela s’ajoute, l’insécurité alimentaire qui touche plus de la moitié du cercle de Goundam. Cette situation, qui est due à la mauvaise pluviométrie de la campagne agricole écoulée, a été aggravée par la rébellion. Une situation difficile à inverser, selon le conférencier, à cause de l’absence des facteurs de production et l’exode des populations qui fuient l’occupation. Ce qui fait dire à Mohamed Fall, que les défis à relever sont énormes. Il s’agit, entre autres, la satisfaction des besoins élémentaires des populations, la préservation et le recouvrement de la cohésion sociale, la réconciliation communautaire pour consolider l’unité nationale, etc.

Par ailleurs  le président de l’ADCG a fait rappelé que cette rébellion présente des particularités pour les Goundamiens, quand on sait que des ressortissants de cette localité ont été identifiés dans les rangs du MNLA. Aussi, des fractions nomades qui ne se sont jamais rebellés ont pris, cette fois-ci, les armes.

Le bilan des différents accords et leur mise en œuvre

Cette communication a été présentée par Youba Ould Masaoud. Il ressort de Son exposé que  l’une des causes de cette rébellions est la mauvaise gestion des anciennes rebellions, qui se sont terminées par des négociations contresignées dans différents accords : Accords de Tamanrasset du 6 janvier 1990, Accords d’Alger du 4 juillet 2004. S’y ajoute le Pacte nationale de 1992. Selon Youba Ould Massaoud, ces accords mal préparés avant leur signature, ont fini par produire l’effet contraire. Si les accords de Tamanrasset, constate- t-il, traitait, uniquement, du «retrait, du casernement, de la libération des prisonniers et l’arrêt des hostilités », l’accord d’Alger ne traitait que des préoccupations de la région de Kidal.

Des raisons qui ont poussé le conférencier à dire que  ces accords n’ont pas été mis en œuvre. Cela s’explique, selon lui, par le fait que l’Etat a signé ces accords, sachant qu’il y trouvait des engagements impossibles à réaliser, faute de moyens. Mais le contexte sociologique, politique et historique ne permet pas leur réalisation. L’Etat, ajoute- t-il, doit revisiter les accords déjà signés. Aussi, il ne doit plus signer que des engagements «réalistes et réalisables», qui ne compromettent pas l’intégrité du territoire, l’unité et la cohésion sociale. C’est à ce prix, conclut-il, que l’on pourra faire s’arrêter la roue de la rébellion dans notre pays.

Abou BERTHE

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1 commentaire

  1. Nos conférenciers oublient d’ajouter seulement que l’essentiel de cette rébellion n’est que du banditisme déguisé en indépendantistes et djihadistes. Un banditisme qui date de plusieurs siècles, et non de la période moderne ou coloniale. Un banditisme qui reparaît à chaque fois que l’Etat central faiblit et que les populations oublient les systèmes d’autodéfense. A la question ‘’Quoi négocier ?’’, la réponse est limpide : autoriser les bandits armés déguisés en djihadistes à occuper une partie du territoire (l’ensemble du Nord ou l’extrême Nord) pour mener à bien leurs activités de vols, de viols, d’enlèvements, de profanations, d’outrages (mains et pieds tranchés, flagellations et lapidations, assassinats…) et de trafics en tout genre (cigarettes, armes, drogues, humains…), éventuellement à distribuer de l’argent ou des postes juteux à leurs membres et rares cadres. En définitive conclure en la qualification de narco Etat du Mali.

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