Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans la gestion de la crise du nord du Mali, les autorités maliennes rament en solitaire. Car, depuis le début de la recherche de solutions à cette crise, les groupes armés n’ont jamais montré une réelle volonté de la voir finir à travers la signature d’un accord de paix définitif.
Alors que les autorités maliennes, dès le début se sont toujours montrées disposées à privilégier le dialogue. Allant jusqu’à accepter certaines conditions qui ont même suscité la colère des populations.
Malgré toute cette bonne foi des autorités maliennes, le MNLA et ses sympathisants sont toujours restés figés sur leurs positions : la partition du pays avec la création de l’Etat imaginaire de l’Azawad ou à défaut, le fédéralisme.
Pourtant, ces groupes armés sont dirigés par des leaders qui ont toujours été dans les bonnes grâces des régimes qui se sont succédés au Mali, ils sont conscients des fondamentaux constitutionnels du Mali quant à l’indivisibilité de notre pays, son caractère laïc, républicain et démocratique.
L’on se souvient que pour permettre l’organisation des élections présidentielle et législative en 2013, le gouvernement de transition du Mali, sous la houlette de la communauté internationale avait signé, avec ces groupes rebelles un accord. Celui de Ouagadougou qui exigeait le cantonnement des combattants de ces groupes armés, mais aussi définissait les comportements que les FAMa devraient observer sur le terrain, sous la supervision de la Minusma et de la Force Serval.
Malgré la présence des forces étrangères sur le terrain, les combattants des groupes armés n’ont jamais accepté d’être cantonnés. Mieux, ils circulaient librement avec armes et munitions à Kidal en environs, leur fief et épicentre de cette crise.
Au contraire, ce sont les militaires maliens qui étaient cantonnés à leur place, avec un périmètre tracé dont ils étaient interdits de franchir les limites à condition d’y être autorisés par la Force Serval ou de la Minusma.
Un pas en avant, deux pas en arrière !
C’est d’ailleurs cette situation qui va causer le drame du 21 mai à Kidal, lorsque le Premier ministre Moussa Mara s’est rendu dans les trois régions du nord pour se rendre compte du retour effectif des personnes déplacées ou refugiées, de l’administration d’Etat et des services sociaux de base.
Une visite qui a failli lui coûter la vie car les groupes rebelles, qui devraient être cantonnés et désarmés ont ouvert le feu sur la délégation du PM et tentés d’empêcher l’atterrissage de l’avion les transportant. Mieux, ils ont assassiné froidement des représentants de l’Etat. Le tout sous le regard indifférend et passif de la Minusma et de la Force Serval qui n’ont aucunement agi dans le sens de la protection du PM et de sa délégation.
Face à cette situation, les Forces Armées Maliennes (FAMa), dans un sursaut d’orgueil vont tenter de laver l’affront infligé aux autorités maliennes. Cela va donner lieu à des affrontements qui vont coûter la vie à plusieurs militaires maliens et à des rebelles.
Sous la houlette du président mauritanien, un accord de cessez-le-feu va être signé le 23 mai 2014.Avant que la Minusma, après le renouvèlement de son mandat, s’implique dans les négociations entre le gouvernement du Mali et les groupes armés à Alger pour la signature d’un accord de paix définitif.
Depuis le début de ces négociations, les groupes armés ont toujours affiché leur mauvaise foi. Malgré les concessions faites par les autorités maliennes, rien n’y fit.
Le ministre des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop et l’ex-Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-Maliens, Modibo Keita, et les représentants de la société civile malienne ont déjà fait plusieurs tours à Alger sans que les résultats escomptés soient atteints.
Pendant ce temps, l’on assiste à la réouverture des hostilités par les groupes rebelles en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014.
Depuis quelques semaines, les populations du nord vivent au quotidien des attaques perpétrées par ces rebelles, avec leur lot de victimes. Sous le regard indifférend et passif de la Minusma et de la Force Barkhane.
Une situation qui témoigne à quel point, les groupes rebelles ne tiennent pas à ce qu’une solution définitive soit trouvée à cette crise. C’est pourquoi, chaque fois que l’on tend vers une solution, ils mettent tout en œuvre pour que les discussions reviennent à la case de départ. D’où un pas en avant et deux pas en arrière.
Georges Diarra