La salle de Conférence de la Maison de la Presse a servi de cadre, le 15 janvier 2015, au lancement officiel du livre de Me Brahima Koné, président de l’Union interafricaine des Droits de l’homme (UIDH), intitulé : « Combattre l’impunité ». Le lancement a drainé du monde acquis pour la défense des droits de l’homme. L’on note les membres du présidium composé de Me Oumarou Bocar (président de la séance et parrain de l’évènement, Me Kassim Tapo (avocat au barreau malien), Me Moustapha Cissé (ancien président de la Ceni), Mme Touré Oumou Traoré, présidente de la Cafo. Il faut ajouter également la présence remarquée du directeur de cabinet du premier Ministre, Abdrahamane Bengaly, Aly Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale, Me Hamidou Diabaté, Me Diarra Fatoumata Dembélé , ancienne vice présidente de la cours pénale internationale, etc. Dans cet ouvrage composé de 69 pages, le président d’honneur de l’Association Malienne des Droits de l’homme (AMDH), tente de répondre à une question essentielle : Comment concilier le besoin de justice des victimes avec les exigences de paix et de réconciliation nationale ? En guise de réponse, il a traité les différents aspects de crise malienne notamment les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ; mais aussi, les questions de justice face aux négociations politiques. Ainsi, l’avocat accrédité à la Cour Pénale Internationale (CPI), estime qu’à travers les actes posés par l’Etat du Mali dans la gestion de la crise qu’on traverse, les négociations risquent de piétiner fortement les droits des victimes à la justice et d’encourager l’impunité. Au regard de cette situation, le président fondateur de l’Association avocats sans frontières-Mali (ASF-Mali), a abordé les négociations politiques en cours à Alger, et a mis l’accent sur la nécessité de la justice pour une réconciliation nationale digne de ce nom et l’instauration d’une paix durable. Le présent ouvrage, a ajouté le membre fondateur du Bureau Pénal international (BPI), ne s’est pas limité aux seuls crimes au Nord du Mali. Il a abordé également de long en large, des crimes commis au Sud. L’on cite les massacres d’Aguelhoc, de Tombouctou, Gao, Kidal et Mopti avec des témoignages à l’appui. En plus, il soulève les différentes infractions qui ont été commises comme les viols collectifs, les exécutions sommaires extrajudiciaires, la destruction des biens publics et privés, des lieux de cultes. Face à toutes ces situations, l’auteur dénonce le comportement de l’Etat qui est aujourd’hui en train de sacrifier la justice au profit des négociations politiques. Pour lui, quelques soit le temps que cela va prendre, les auteurs des crimes graves seront rattrapés par la justice de la société comme ça se voit dans des pays aujourd’hui comme l’Argentine ou le Chili où les hauts responsables sont poursuivis. L’ouvrage, a indiqué le membre fondateur des Avocats frontières-Monde (ASF-World), ne fait pas seulement des critiques. Dedans, des propositions par rapport à la justice transitionnelle ont été formulées. « Chaque crise mérite une justice transitionnelle qui lui sied. Il ne s’agit pas de calquer des modèles d’ailleurs pour venir les appliquer directement au Mali. Mais compte tenu des spécificités maliennes, la culture malienne, la dimension et le contexte de la crise malienne, il faudrait prendre des dispositions en conséquences pour renforcer la justice malienne », souligne t il. Les différents intervenants ont souligné que l’ouvrage vient à point nommé au moment où l’impunité est au cœur de la gouvernance au Mali. Ils souhaité que l’ouvrage serve entre autres, de conseil aux autorités du pays et d’inspiration aux défenseurs des droits de l’homme ; qu’il soit destiné à la recherche. « Ce livre va servir nous les femmes. Car l’impunité nous concerne plus », a déclaré Mme Touré Oumou Traoré de la Cafo. « Le livre sonne comme un signal fort dans le paysage politique du Mali. Les politiques doivent s’en inspirer, car nous n’avons jamais vu l’impunité conduire vers le développement », a martelé Me Magatte Seye. «La leçon que Me Brahima Koné donne là, nous pousse à lutter encore pour défendre les droits de l’homme», dit Me Hamidou Diabaté.
Hadama B. Fofana