Depuis le début de la crise au Mali, pas une semaine ne se passe sans que les quotidiens nationaux et les agences de presse ne relatent un accident par mines anti-personnelles, un braquage de véhicules à Gao… La dernière en date remonte au samedi 7 mars 2015 ou la population de Gao furieuse, a brûlé vif deux jeunes accusés de vouloir attaquer le poste de police de la localité à la grenade. Pourtant malgré cette insécurité grandissante, la ville de Gao n’a pas les caractéristiques d’une « zone de conflit armé ». Les fameux « grins » de thé sont visibles partout dans les quartiers de la cité des Askia. Et les artères principales de la ville grouillent de monde de jour comme de nuit. Même si la Minusma patrouille la nuit, il n’y a aucun barrage sur les routes ou d’entraves dans les chemins. Ici aussi, les « Jakaarta » volent la vedette aux véhicules. Surtout lors des cortèges de mariage qui se font nuitamment. Les étalagistes sont installés sur les routes. Il y a peu de clients mais sans doute plus à cause de la situation économique. Non loin du carrefour principal de la ville, un attroupement, pacifique, une télévision retransmet le match de la ligue européenne entre Chelsea et le PSG. Les hôtels, même s’ils n’affichent pas complets, ont des clients qui travaillent, le plus souvent, pour les Organisations Humanitaires qui pullulent dans la ville. La crise est passée par là. Les maraîchers de la ville, à l’image du groupement Gommi Koumbé du quartier Boulgoundjé au bord du fleuve, cultivent des potagers. « C’est une activité qui nous permet de survivre. Même pendant l’occupation, on s’occupait de nos jardins. Donc l’insécurité ne peut pas nous empêcher de vivre », explique la porte-parole du groupement Gommi Koumbé Mariama Abouba Touré. L’explication à cette situation, selon Allasane Maiga, journaliste à la radio Futilla de la ville de Gao, n’est pas à chercher loin. « La population de Gao connait les règles à suivre. Il y a une recrudescence certaine de l’insécurité ces derniers temps, mais on ne va jamais donner satisfaction aux fauteurs de troubles », explique-t-il. Les Gaois sont déterminés, ajoute-t-il, à ne pas se laisser intimider par les menaces de quelque nature qu’elles soient.
Madiassa Kaba Diakité, de retour de Gao