Emmanuel Macron a effectué, vendredi dernier, sa première visite dans notre pays pour rendre hommage aux soldats de l’opération Barkhane suivant un casting, pardon une scénographie millimétrée : 6 heures chrono. Accueillis par le président IBK à 10 h 2, Macron et son hôte ont passé en revue les troupes (françaises et maliennes) présentes sur la base de l’opération française Barkhane.
Après un entretien de 45 minutes avec le président IBK sur la coopération bilatérale, la lutte contre le terrorisme et mise en œuvre de l’application de l’accord pour paix et la réconciliation, une conférence de presse conjointe, le président Marcon sera briefé à huis clos par les commandants des forces Barkhane et Sabre (forces spéciales). Le Commandant en chef des armées françaises s’entretiendra et déjeunera avec l’unité Barkhane avant d’effectuer un vol en hélicoptère au-dessus de Gao et de la boucle du fleuve Niger, puis en condition de tactique de combat, à basse altitude, sous les caméras des télévisions embarquées à bord d’un autre hélicoptère.
Macron qui aura un second entretien avec le président IBK d’une vingtaine de minutes, fera un point de presse avec les confrères français avant s’envoler à 16 h précises.
Macron au Mali :
les vraies raisons d’une visite
Pour sa première visite officielle, après celle traditionnelle accordée à la Chancelière allemande, Angela Meckel, le tout nouveau locataire de l’Élysée a choisi notre pays pour sa deuxième sortie à l’étranger.
Cette visite a pour objectif de donner une nouvelle dimension à l’engagement militaire de la France et plaider pour l’accélération du processus de paix dans notre pays.
Par cette visite qui marque l’excellence de l’axe Paris-Bamako, le président Macron entendait non seulement réaffirmer sa «détermination» à poursuivre l’engagement français dans au Mali et au Sahel, mais aussi l’inscrire dans une coopération renforcée avec l’Allemagne. Il s’agissait pour le nouveau président de France de compléter l’action militaire par une stratégie d’aide au développement comme le réclament d’ailleurs des organisations humanitaires.
Rappelons que le président Macron était accompagné par ses ministres de l’Europe et Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et des Armées, Mme Sylvie Goulard, ainsi que par le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux.
Négociation avec les terroristes :
le niet de Macron
Dans le contexte de résurgence et propagation de la menace terroriste du nord vers le centre, comment rendre l’opération Barkhane plus efficace et lui donner tous les atouts pour réussir sa mission.
Faut-il comme l’a préconisé la Conférence nationale (dans le rapport du Groupe de travail « Unité ») : « promouvoir une culture de paix et de dialogue avec tous les fils de la nation y compris avec des islamistes maliens une fois que leurs préoccupations, comprises, n’entament pas l’unité nationale et les fondements de la République » ? En d’autres termes, pour la paix et la réconciliation, faut-il procéder à un fléchissement à l’égard d’Iyad Ag Ghaly, Émir du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et son alcoyle Hamadoun Koufa du front islamique de libération du Macima (FLM) ?
Pour le nouveau locataire de l’Élysée, la réponse est catégorique : c’est non ! « On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l’égard de mouvements terroristes… Nous serons intraitables », a dit le président Macron.
Gao valait bien une messe, elle y a été dite. De manière claire et limpide.
Lutte contre le terrorisme :
les petites vérités de Macron à ses partenaires africains
Pour la cause commune contre le terrorisme, il faut désormais, « une exigence renforcée à l’égard des pays du Sahel et de l’Algérie… Je n’enverrai pas nos soldats se faire tuer si tous les gouvernements responsables de la situation localement ne prennent pas l’intégralité de leur responsabilité. »
La détermination ainsi affichée scelle-t-elle le sort d’Iyad Ag Ghaly qui a pris la tête de la nouvelle djihadiste au nord du pays ? En tout cas, Macron se veut franc et sans équivoque : « J’ai eu hier le président algérien Bouteflika au téléphone avant de survoler l’Algérie, par courtoisie, indique M. Macron. Je lui ai fait part de ma détermination sur le sujet et de mon souhait de pouvoir parler de manière très franche… »
Affaire à suivre ?
Processus de paix :
les pressions amicales de Macron
À l’occasion de sa première visite officielle dans notre pays, si le président Emmanuel Macron a réaffirmé, sans équivoque, l’engagement de son pays aux côtés du nôtre dans la lutte contre le terrorisme, il a aussi fortement souhaité une relance et une accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Souhait formulé non seulement lors de l’entretien avec le président IBK, mais aussi repris sous forme de plaidoyer au cours d’une conférence de presse conjointe tenu vendredi à Gao.
« La France est engagée, depuis le début à vos côtés, et ce que je suis venu ici vous dire, de manière très claire, c’est qu’elle continuera à l’être, de la même manière… La détermination de la France sera complète à vos côtés pour la sécurité non seulement du Mali, mais du Sahel, en continuant l’engagement de nos forces…, en continuant à nous engager aussi dans une feuille de route diplomatique et politique… «On sait où sont les difficultés principales et ce que nous devons faire. Faisons-le sans barguigner.»
Pour le président Emmanuel Macron, «il est indispensable aujourd’hui que nous accélérions, nos forces armées s’y donnent à plein, mais nous devons accélérer (la sécurisation des territoires). Et pour cause, plaide-t-il, « nous l’avons bien vu durant ces derniers mois, les terroristes islamistes s’organisent, se regroupent, sont en train de se fédérer et donc nous serons intraitables à l’égard de ces derniers.»
La France est prête à jouer sa partition, « Je veux agir vite, fort et de manière déterminée sur le plan politique et militaire, et agir dans la durée sur le plan du développement… Ma volonté, dans le cadre de nos engagements en Afrique, sur le plan militaire, c’est de faire davantage encore avec l’Europe, c’est de faire davantage avec l’Allemagne», mais en regardant de façon pragmatique sous quelle forme chacun peut intervenir. »
Barkhane :
OÙ EN SOMMES-NOUS ?
Lancée à la suite de l’opération Serval qui a sauvé notre pays de l’occupation totale par les djihadistes, l’opération Barkhane s’étale sur cinq pays de la bande sahélo-saharienne (Mali, Tchad, Niger, Mauritanie, Burkina Faso). Son but est «l’appropriation par nos cinq pays partenaires de la lutte contre les groupes armés terroristes», selon le ministère de la Défense.
L’opération extérieure la plus importante des forces françaises compte près de 4 000 militaires, dont la majorité au Mali, essentiellement à Gao (1 700 militaires), avec des détachements à Kidal et Tessalit.
Placée sous le commandement du général de division Xavier de Woillemont, la force Barkhane est a installé son QG à N’Djamena comprend également 8 Mirages 2000 basés à Niamey et N’Djamena, 17 hélicoptères de combat et de manœuvre, 5 drones de reconnaissance Reaper, 6 à 10 avions de transport, 300 véhicules logistiques et 300 véhicules blindés.
Barkhane c’est aussi 45 000 heures de vol, 600 000 rations livrées et 30 000 tonnes de fret transportées.
Elle cumule 400 opérations, le plus souvent en partenariat avec les forces armées de la région, et 4 500 soldats des 5 pays partenaires ont participé à 200 actions d’instruction.
En termes de succès militaires, l’opération Barkhane qui déplore la mort de 9 de ses éléments a réussi à neutraliser et/ou capturer plus de 400 «terroristes», saisir ou à détruire 20 tonnes d’armes.
L’opération Barkhane a aussi réalisé 80 projets de développement et 34 000 consultations et aides médicales gratuites au profit des populations, ajoute le ministère.
Lutte contre le terrorisme: « le travail n’est pas terminé »
S’adressant aux journalistes français à la base Barkhane de Gao, le président français a expliqué l’objet de sa visite aux forces françaises avant d’indiquer leur travail était loin d’être achevée.
Il se dit conscient de la difficulté de la mission et d’équiper les forces : « J’étais venu leur dire ; d’abord, le plein soutien de la nation, la reconnaissance et le plein soutien du Chef suprême des armées et l’engagement à la fois d’apporter le soutien qu’ils sont en droit d’attendre en termes d’équipements et d’engagements. Puisqu’on voit ici que la nature des équipements sauve des vies. Quand on a un véhicule blindé de la dernière génération, on évite d’avoir 3 de nos soldats tués. Si c’était un véhicule de la génération précédente, ils ne seraient plus là. Dans le même temps, une conduite des opérations exigeantes parce que nous aurons dans les prochaines semaines et les prochains mois un travail important à mener ici sur le terrain. Le travail n’est pas terminé, je crois que toutes et tous savent ici ».
Pour la réussite de la mission, Macron reste convaincu qu’il est aussi indispensable de travailler avec l’ensemble des acteurs sur le terrain.
« Si nous voulons réussir au Sahel, nous avons besoin de poursuivre et d’accroître notre engagement, mais en lien très fort avec le G5 et donc les Etats concernés. Nous avons besoin à côté de cela de développer la coopération européenne en termes de formation principalement et le travail au sein de la MINUSMA pour le maintien de la paix ».
Macron au Mali :
Barkhane durera tant que durera le terrorisme
En matière de lutte contre le terrorisme, il n’est pas envisageable, selon le président français, de manifester quelque faiblesse que ce soit, à l’égard des groupements terroristes. Quelles que soient les raisons politiques domestiques.
« Chacun des sujets que vous avez évoqués est différent. Pour ce qui est de l’Opération Barkhane, elle ne s’arrêtera que le jour où il n’y aurait plus de terrorisme islamiste dans la région, et où la souveraineté pleine et entière des États de la région sera restaurée, pas avant. Parce que décider de s’arrêter avant que, justement, l’ensemble de ces groupements, de ces terroristes soient éradiqués, c’est créer les conditions d’une reprise dans quelques années », a-t-il martelé.
La poursuite et le renforcement français dans le cadre de l’opération Barkhane comme l’avait évoqué Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, devrait impliquer davantage de forces, autour « de 4 000 à 5 000 hommes », mais aussi un accompagnement aérien plus poussé de l’Allemagne à travers des hélicoptères supplémentaires.
Comment et pendant combien de temps toute cette armada va être déployée dans le Sahel ?
Sommes-nous partis pour le Saint Glinglin ? Assurément non ! Mais, les partisans de la guerre éclair vont devoir prendre leur mal en patience. En effet, suivant une prévision plus réaliste du Chef d’état-major de l’Armée française, le général Pierre de Villiers, dans les colonnes de notre confrère « Le Monde » daté de vendredi, ça serait environ 15 à 20 ans.
Rassemblés par Sidi Dao
“Pour sa première visite officielle…” Arretez de mentir vous aussi. Sa visite n’avait rien d’OFFICIELLE.
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