France Mali : Un étrange destin commun

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Mali: manifestation à Bamako pour soutenir l’arméeLes maliens se sont réveillés complètement groggys le jeudi dernier, avec l’impression d’avoir perdu le nord, au sens propre comme au figuré. Notre vaillante armée venait de subir une déroute qui restera longtemps gravée dans les mémoires. Pour la défaite elle-même. Mais aussi pour le coup porté à l’orgueil. Avec la brutale évidence que l’armée nationale était encore loin d’avoir rattrapé son retard sur l’ennemi. Qu’elle avait  toujours besoin de Papa Hollande . Mais à Kidal, les hommes de Hollande n’ont pas levé le petit doigt pour venir à son secours. Ils ont laissé tailler en pièces nos hommes par un ennemi pourtant aidé par des combattants dont l’anéantissement constitue le motif officiel de leur présence au Mali.

 

 

Les français, de France, se sont eux-aussi réveillés quelques jours plus tard avec une grosse claque qui a fait dire à Hollande que ‘l’Europe est devenue illisible “. Exactement comme l’était devenu pour nous l’espace sahélo-saharien. Juste retour de manivelle pour celui qui avait sauté sur la guerre au Mali pour combler le lourd déficit qu’il avait creusé dans l’esprit et le cœur des français. Si ses succès militaires ne l’avaient pas porté au pinacle chez lui, ils avaient fait de lui un dieu vivant chez nous. Hollande le sauveur ! Hollande le messie. Tandis que les maliens se prenaient à rêver de grandeur et de fierté retrouvées, de souveraineté et d’unité reconquises, Hollande lui, poursuivait  lui, le sombre dessein d’offrir à ses amis touareg du MNLA, un territoire clé en main.

 

L’homme de Konna, était en effet, contre toute attente devenu l’homme de Kidal, la ville rebelle que de lui-même il coupa du Mali et interdit à nos soldats. Et à force d’acharnement thérapeutique, il ressuscita le MNLA, un mouvement alors sans domicile fixe, chassé de partout par le MUJAO, AQMI ou Ansardine. Entre mêmes flagellateurs, coupeurs de mains et de pieds, mêmes violeurs, tous envahisseurs, voleurs et usurpateurs, Hollande sépara le bon grain de l’ivraie. A ceux qu’il décréta bons et légitimes, il prit la résolution de leur tailler un pays. Sur les autres, ” djihadistes “, ” terroristes ” et autres ” narcotrafiquants “, il envoya ses Mirages cracher le feu. Si les soldats de la République n’ont pas subi le même sort à Kidal ce mercredi désormais noir, ils ont appris à leurs dépens que la France de Sarkozy,de Hollande, n’a pas d’amis. Mais seulement des intérêts.

 

A visage découvert, Sarkozy avait en son temps, aidé à la défaite de Kadhafi en Libye et poussé des combattants surarmés vers le Mali, leur nouvelle terre promise.Son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé s’était presque réjoui devant l’Assemblée nationale au lendemain de la défaite infligée à l’armée malienne à Tessalit et Aguel’hoc par le MNLA appuyé par l’internationale djihadiste. Comme pour dire ” mission accomplie “. Son ami Bernard Henry-Lévy avait à la même époque, vomi sur les antennes de RFI sa haine sur ATT et ses pairs africains qui venaient d’offrir leurs bons offices aux révoltés de Benghazi et tenter de stopper la spirale dévastatrice qui fonçait sur notre pays.

 

On pensait que sa cuisante défaite à l’élection présidentielle de 2012, allait sauver le Mali. Difficile donc pour les maliens de voir que c’est le vainqueur du duel, le socialiste Hollande  qui poursuit aujourd’hui l’œuvre de sape de son supposé ennemi. Pour l’intérêt supérieur de la France, disent les gens avertis. Qui consiste à revenir triomphalement s’incruster durablement dans un pays d’où elle avait dû partir malgré elle. Et contrôler un vaste territoire avec ses ressources naturelles, ses hommes et ses atouts stratégiques.

 

Pour cela, qu’importe de trahir ses ” amis ” ? Qu’importe de jeter la honte sur tous ces petits enfants, à qui, en reconnaissance du bienfait, de nombreuses familles de Konna et de Tombouctou ont donné le nom du sauveur Hollande? Un nom qu’il sera désormais difficile de porter.

 

Mais au Mali, on dit que Dieu ne dort pas. Le Dieu de justice qui infligea une première défaite à Hollande lors des dernières municipales qui le virent perdre bien des bastions réputés jusque-là imprenables. La droite de Sarkozy s’en était naturellement réjouie, elle qui en fut la principale bénéficiaire. Mais dans son euphorie, elle ne prêta pas suffisamment attention à sa propre droite, à la droite extrême qui montait. C’est pourquoi, ce dimanche 25 mai 2014, on parla de séisme. Le Front national de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine était devenu la première force politique de France à l’issue des élections européennes,devançant de loin gauche et droite traditionnelles, tandis qu’un peu partout en Europe, les partis qui partagent leurs thèses nationalistes, racistes et xénophobes, caracolaient en tête. Le lendemain lundi 26 mai, un autre séisme tout aussi fort sur l’échelle de la Honte, ébranlait  l’UMP et au-delà, toute la Sarkozie. Jean-François Copé le Pygmalion, le sulfureux et contesté président de l’UMP, toujours prompt à jeter l’opprobre sur ses adversaires, était rattrapé par des pratiques mafieuses montées grâce à la complicité de Bygmalion pour offrir un second mandat à Sarkozy. Celui qui voulait se servir du piédestal de l’UMP pour conquérir l’Elysée et était prêt à tout pour cela, vient d’apprendre que la quête du graal est parsemée d’embûches. Ses ambitions présidentielles et sans doute celles de Sarkozy, se sont  piteusement consumées sur le bûcher des vanités.

Convaincu de fraude, de malversations, il a dû quitter sans gloire la tête de son parti. Pendant que l’autre ami fidèle de son mentor, Claude Guéant, rattrapé lui-aussi par de sulfureuses affaires d’enrichissement illicite, a fort à faire dans sa garde à vue à la Brigade financière. L’étau se resserre donc autour de Sarkozy.

Pour le malien ordinaire, c’est la malédiction qui frappe celui qui a ouvert les portes de l’enfer sur le Mali. Celui qui a aidé des aventuriers à plonger notre beau pays dans la désolation. Hollande, toujours présent dans le cœur de nombreux maliens, peut encore se ressaisir. Le Mali n’est pas à vendre. Il n’est pas à partager. Les maliens veulent vivre en paix entre eux, sur leur terre commune. A cela, Hollande peut et doit aider. Sinon, la malidiction frappera encore et encore !

Abdoul Kadri, Enseignant

 

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