Il ne fait plus l’ombre d’un doute que les Gaois sont véritablement engagés sur le chemin du vivre ensemble après avoir souffert, pendant plus d’un an, du vent de la désunion qui a soufflé sur cette région par le fait de l’occupation djihadiste. En témoigne la forte adhésion de la population aux assises régionales de Gao qui ont pris fin hier.
Du 30 novembre au 1er décembre 2013, s’est tenu le forum régional de Gao. Organisée par le ministère de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, cette rencontre était une réponse aux recommandations des Assises nationales sur le Nord, notamment celle relative à l’approfondissement du dialogue national à travers des rencontres intra et intercommunautaires. Aussi, elle se voulait la continuation des foras locaux qui se sont déroulés au niveau des chefs-lieux de cercle, en l’occurrence Ansongo, Bourem, Ménaka et Gao.
L’objectif visé à travers cette rencontre régionale était de réconcilier les cœurs et les esprits des fils d’un même terroir avec en toile de fond la réconciliation de l’ensemble des Maliens. Ainsi, à l’ouverture de ce forum ce samedi, dans la salle de délibération de la mairie de Gao, ils étaient des membres du Gouvernement, des autorités administratives régionales, celles municipales et sécuritaires, des représentants des mouvements d’autodéfense du Mouvement arabe de l’Azawad nationaux, les médias publics et privés, les représentants des chefferies traditionnelles et des confréries religieuses, les membres de la société civile ainsi que les partenaires au développement, entre autres. Il s’agissait pour ce monde de cogiter pendant les deux jours de travaux sur des thématiques telles que «la réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble» ; «la gouvernance locale et la décentralisation, dans la logique de la régionalisation» et enfin «le plan de développement accéléré des régions nord, en l’occurrence de la région de Gao». Mais avant, les participants (plusieurs centaines) ont restitué les foras locaux récemment organisés, après avoir passé en revue le rapport des assises nationales sur le nord qui ont été récemment organisées à Bamako. Ils ont surtout adopté, au terme des travaux, une feuille de route régionale.
Dans son discours de bienvenue, le maire de la commune urbaine de Gao, Sadou Diallo, a salué cette initiative gouvernementale longtemps attendue par la population de Gao qui, dit-il, espère enfin voir le bout du tunnel.
Ainsi, l’élu local a souhaité que cette rencontre aboutisse à un sérieux diagnostic de la situation et qu’elle génère des propositions de solutions pérennes à la crise. Pour y parvenir, l’accent devrait être, selon lui, mis sur les notions telles que le rétablissement de l’autorité de l’Etat ; la sécurité ; la justice pour tous et le développement.
Pour le gouverneur de la région de Gao, Général Mamadou Adama Diallo, ce forum régional, premier du genre après la crise, s’inscrit non seulement dans la logique de réconciliation des populations du Nord avec elles-mêmes, mais surtout d’apaisement du peuple du Mali. Mieux, elle est l’expression de toute la confiance placée en la cité des Askias par le Gouvernement. Se souvenant encore des atrocités commises par les djahadistes sur la population de son ressort, le chef de l’exécutif régional a estimé que pour recoudre le tissu social de notre pays, il est bon de véhiculer le message à tous les niveaux afin de recueillir les avis et suggestions des populations et compléter ainsi les conclusions des assises nationales sur le Nord.
Au nom de son homologue en charge de la Réconciliation nationale absent, le ministre de la Sécurité, Sada Samaké, s’est incliné sur la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour l’honneur de Gao avant de rendre un hommage mérité aux Gaois, particulièrement les jeunes, pour avoir vaillamment résisté à l’envahisseur. «L’exemple d’abnégation des jeunes de Gao face aux imposteurs est un modèle qui doit inspirer toute notre jeunesse», a salué le Général Samaké. De l’avis du ministre, la crise à laquelle nous faisons face est la résultante d’une gouvernance structurellement déficiente. C’est pourquoi, il a souhaité que notre nation en tire à présent tous les enseignements pour que de telle mésaventure n’arrive jamais à notre pays.
Par ailleurs, Sada Samaké a réaffirmé la volonté des autorités à rebâtir, ce à travers un dialogue large et inclusif, «un nouvel Etat, un nouveau contrat social, une nation réconciliée avec elle-même et avec la trame de son destin». Aussi, a-t-il insisté sur la détermination du gouvernement à «faire triompher le règne de la justice et à éradiquer la culture de l’impunité car, dit-il, c’est le prix de la réconciliation nationale». Toutefois, M. Samaké a invité à la patience : «Aujourd’hui, c’est le temps du dialogue, et nous le mènerons jusqu’au bout. Demain, la Commission dialogue, vérité et réconciliation engagera une autre étape de ce processus qui doit, à terme, soulager les victimes de tous ordres, depuis les années 1960 », a conclu le ministre de la Sécurité.
Bakary SOGODOGO, envoyé spécial à Gao.