Forum pour la paix dans une transition apaisée : La convergence des vues vers une sortie de crise

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Sous la présidence du ministre des sports Hamèye Founè Mahalmadane, assurant l’intérim de son collègue de la communication en déplacement, le Forum pour la paix dans une transition apaisée a ouvert ses portes le vendredi 29 juin 2012 à la maison de la presse. Durant trois jours, politiques, acteurs de la société civile, religieux, militaires et autres personnes ressources ont mûrit la réflexion autour des thématiques d’importances égales.

Ils étaient plus de 200 personnes à prendre part à ce forum pour trouver une sortie à la crise multiforme que travers notre pays, le Mali. Née des évènements survenus en mars dernier, la dite crise fait l’objet de plusieurs débats, étant entendu que tous les fils et toutes les filles du pays tentent tant bien que mal d’apporter leur modeste contribution à la recherche de solutions adéquates aux problèmes brûlants de l’heure. C’est ainsi que, les hommes de média, acteurs non moins importants dans la vie de la république se sont essayés à l’exercice à travers l’organisation de ce forum. On pouvait également remarquer la présence des représentations diplomatiques et surtout celle de la délégation de l’Union Européenne au Mali, qui fournit un appui financier pour que le forum soit.

Différentes interventions ont marqué la cérémonie d’ouverture dont celle du président de la maison de la presse, M. Makan Koné. Au dire du président Makan Koné, la tenue d’un tel forum est d’une impérieuse nécessité au regard des difficultés que connait le Mali sur le plan politique, sécuritaire et institutionnelle. Selon lui, les évènements récents intervenus dans notre pays ont mis en exergue la fragilité des acquis démocratiques et en matière de paix. Et une telle situation ‘’ Exige de nous non seulement l’action et la conviction, mais aussi et surtout une capacité d’écoute, de discussion, d’échanges et de remise en cause’’ a-t-il indiqué. A en croire le président Makan Koné, il était difficile d’imaginer que ce paisible pays qu’était le Mali se soit trouvé à la frontière de toutes les violences et de toutes les violations des droits de l’homme en si peu de temps.

A la suite du président de la maison de la presse, le chargé d’affaires de l’Union Européenne a salué l’initiative qui vient à point nommé compte tenu de la situation du pays qu’il a d’ailleurs qualifié d’exceptionnelle. Face à cette situation de plus en plus inextricable, M. Bertrand Soret croit que la crise est avant tout malienne même si elle engage quelque part la communauté internationale en raison de l’attachement de celle-ci aux droits humains, à l’Etat de droit et à la démocratie. Il précisera qu’il importe que le pays se reprenne, redevienne maître de son destin car, ‘’ La solution à la crise ne viendra pas de l’extérieur, vous devez identifiez vous-même des pistes de sortie !’’.

Les travaux commenceront avec la communication de Mahamoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali.

Selon lui, le Mali vit l’une des plus grandes crises de son histoire contemporaine, en raison de son caractère multidimensionnel et de la complexité de ses enjeux territoriaux, sécuritaires, institutionnels, sociaux etc.… A ses yeux, même si la crise n’a pas été voulue par les Maliens, ils l’entretiennent. Ainsi, pour sortir le pays de ce mauvais pas, selon l’Imam Mahamoud, il revient à chacun des acteurs politiques et sociaux de se battre sincèrement pour plus de justice, d’équité et de paix dans le contexte d’inégalités extrêmes et de rupture des liens traditionnels dont nous sommes tous coupables. Dans ce combat, Mahamoud Dicko insistera sur la nécessité de se garder du risque d’instrumentalisation et de récupération de certains acteurs qui se cachent derrière la volonté du peuple souverain pour satisfaire leurs propres ambitions. Pour revenir à l’initiative de la maison de la presse, il dira que la lutte contre la violence, la promotion de la paix et l’appui à une transition apaisée sont les épreuves actuelles que la sincérité des partis politiques et la vigilance de la société civile malienne, dans leurs attitudes de tolérance de tous les jours sont à même de vaincre grâce à des mécanismes souverains de concertation nationale.

Ibrahima N’Diaye vice-président du Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie et la Restauration de l’Etat :

‘’Il ya beaucoup de foras, mais si le présent Forum vient des hommes de média, je pense que c’est réjouissant. Dans la recherche de solutions, la communication jouera un rôle fondamental’’ tels ont été les mots introductifs du porte parole du FDR. Au vu du FDR, la crise institutionnelle du sud est une entrave à la recherche de solutions pour les problèmes du nord. Ainsi, ils pensent que nos institutions doivent pleinement jouer leur rôle et que la reconquête du nord soit avant tout, l’affaire des maliens, comme pour dénoncer le processus de négociations mené par la CEDEAO. Selon le porte parole du FDR, la Communauté Economique des Etats de d’Afrique de l’Ouest à travers sa médiation se substitue aux autorités de l’Etat de la république du Mali pour mener la négociation avec les rebelles du Mnla et les islamistes d’Ansar Dine. Et il rappellera la position de son mouvement, qui selon lui est connue.

Nancouman Keïta du groupe IBK 2012 :

Le groupe IBK aurait déjà effectué les premiers pas en organisant une rencontre au quelle il avait convié toutes les catégories socioprofessionnelles. Le parti Rassemblement pour le Mali et ses alliés est convaincu que l’accord cadre du 06 avril, malgré ses insuffisances, peut servir de fondement à la recherche de solutions pour une sortie de la crise institutionnelle. Pour mener à bien la transition, ceux qui soutiennent l’honorable Ibrahim Boubacar Keita pensent que le mode de conception des équipes gouvernementale doit changer, ‘’ Le gouvernement doit être celui du peuple et non celui des dirigeants’’ a-t-il dit. Par ailleurs, il leur paraît important de faire le point par rapport à des situations dont le choix du support électoral, qui on se rappelle, a fait l’objet de débats politiques très tendus.

Moussa Mara de la CSM :

Même si l’initiative est venue tard, elle est a salué selon Moussa Mara porte parole de la ‘’Convergence Sauvons le Mali’’ et non moins maire de la commune IV. Parce que ‘’si la presse prend conscience qu’elle a un rôle à jouer dans la pacification du pays, dans l’organisation de discussions entre les parties prenantes et qu’elle doit jouer son rôle de pondération, je pense que c’est une bonne chose’’ a dit l’expert comptable.

Dans sa communication il fera des propositions concrètes pour une sortie de crise. En effet, il s’agit tout d’abord pour chaque parti politique de réunir ses élus locaux pour les faire porter l’idéal de dialogue, de réconciliation, de pardon, de reconstruction d’un Etat unitaire, laïc qui sera équitable vis-à-vis de tous les citoyens. Et la société civile devrait faire autant.

Dans un second temps, une initiative nationale accueillera ces élus et représentants de la société civile à la faveur d’une rencontre nationale qui pourrait se tenir au Nord ou à Mopti sous le parrainage des organisations religieuses. Il a aussi avancé quelques idées de sortie de crise. D’une part, nous avons des principes intangibles et non négociables dont le caractère unitaire et laïc de l’Etat, la gestion républicaine de l’ensemble du territoire, l’intégration absolue de l’armée, la justice pour les atrocités commises par les assaillants etc.…D’autre part, des éléments pouvant faire l’objet de négociations, notamment accorder plus de marge de manœuvre aux régions du nord avec un approfondissement de la décentralisation et de l’organisation des pouvoirs, la répartition des ressources minières et minérales…

Une des communications importantes a été celle de l’honorable Sandy Haïdara.

Député, président de la cellule de crise de l’AN et originaire du nord, il fournira une panoplie d’informations sur les causes de la crise et les motivations des rebelles. A ses dires, le premier facteur est d’ordre économique. En effet, les trois régions du nord se trouvent dans une situation de sous développement aigue.  A ceci s’ajoute l’enclavement (14 Km de route bitumée pour toute la région de Tombouctou) et la complexité de l’organisation sociale de la zone, notamment dans la région de Kidal. Mais, aucun de ces facteurs ne saurait justifier une prise d’armes contre son pays, selon l’Honorable Sandy.

S’agissant des motivations, il dira que les bandits n’ont aucune motivation réelle. Car, le Mnla réclame l’Azawad, mais il ne connait ni son étendue, ni sa superficie. Et d’ajouter ‘’qu’ aucun groupe armé ne peut justifier les raisons de l’occupation et que la preuve aujourd’hui est que tout se fait contre nos populations ». En ce qui concerne les islamistes et particulièrement, le groupe Ansar dine dirigé par  Iyad Ag Agaly, l’élu n’est pas allé par le dos de la cuillère. Sans ambages, il dira que « Iyad Ag Agaly est un alcoolique, et pour preuve, en 2006 tout prêt il ne fréquentait que les bars à Bamako, sa mosquée était le bar ». L’honorable est indigné que ce même Iyad, un illuminé, qui veut apprendre aux populations de Tombouctou comment pratiquer l’islam. D’ailleurs, selon le député, le comportement d’Iyad cache autre chose que l’application de la charia. Si le député reconnait que la rébellion de 1991 avait impliqué une bonne partie des Touaregs et Arabes du septentrion, celle en cours ne regroupe qu’une infime partie de la communauté Touareg et aucune personne de la communauté arabe. Et il rappellera que depuis le mois de novembre 2011, l’Assemblée Nationale avait diligenté une mission sur le terrain pour se faire une idée de la question. Des rencontres avec une partie des assaillants revenus de la Libye ont permis de mesurer le degré d’irrédentisme. Pour les négociations, Sandy pense que l’implication de la majorité silencieuse est indispensable, en tout cas si nous voudrions d’une paix durable.

Seydou Traoré du COREN.

Il a présenté un diagnostic de la crise. L’étude révèle la complexité de la structuration sociale de la zone de Kidal, d’où sont parties toutes les rebellions qu’a connu le Mali.  Selon Seydou Traoré, la question du nord revêt avant tout des enjeux géostratégiques ‘’Que la France ait sa part dans l’exploitation du pétrole à travers Total, mais qu’on arrête d’instrumentaliser les gens’’ a lancé l’ancien ministre de l’agriculture. Selon lui, tant que les intérêts de l’occident et particulièrement la France ne sont pas prises en compte, ils trouveront toujours un petit Intallah ou un petit Ag pour se rebeller. Cet avis dont bon nombre de participants semblait partager à travers les ovations, a fortement irrité un représentant diplomatique, qui a immédiatement qualifié de faux les propos du ministre. Seydou Traoré s’interrogera aussi sur l’exclusion des populations du nord. Parce que, selon lui, les gouvernements successifs ont vu la participation massive des ressortissants du nord contrairement à ce qu’essaye de nous faire croire les rebelles.

Issiaka Coulibaly, membre du bureau central de la coordination des organisations patriotiques dira en substance qu’au delà de ce forum, il faut aller à une concertation nationale avec l’ensemble des composantes du pays.

D’autres apports importants ont marqué le forum. Par cet acte, la maison de la presse vient de réussir le pari de mettre ensemble les fils et filles du pays pour parler du Mali, du Mali et rien que du Mali.

Issa B Dembélé

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