Forum de Kidal : Pourquoi le gouvernement et la plateforme n’y sont pas allés…

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Une photo à titre illustratif

Entre les menaces terroristes qui planaient sur la tenue de cette rencontre, la faiblesse d’un Etat naïf et crédule et la boulimie financière des chefs coutumiers touaregs de Kidal, la tenue de la  rencontre de Kidal,  annoncée comme le vrai début de la mise en œuvre l’accord pour la paix et la réconciliation, n’a pas résisté à un boycott….d’un gouvernement et des mouvements de la plateforme méfiants vis-à-vis des sécessionnistes et islamistes kidalois. Car en effet, même les responsables du Mouvement arabe armé proche des indépendantistes n’y sont pas allés, occupés à fêter l’intronisation du tout premier et nouveau gouverneur de Taoudénit, à Tombouctou.

Annoncé comme la rencontre de la vérité entre Etat et groupes armés d’une part et d’autre part entre groupes armés eux-mêmes, le forum de Kidal se tient finalement sans l’Etat et la plateforme des mouvements armés du nord du Mali.En cause, un Etat faible et naïf qui a trop vite promis une pharamineuse somme pour l’organisation des travaux de cette rencontre et dont le partage est devenu depuis quelques semaines un motif de belligérance entre chefs coutumiers boulimiques et impopulaires de Kidal. Brahim Ould Sidati principal responsable de la branche politique du Mouvement Arabe de l’Azawad, proche des indépendantistes touaregs n’y était pas allé non plus. Lui, comme l’essentiel des membres de son mouvement étaient à Tombouctou pour la cérémonie d’investiture du Gouverneur de Taoudénit, Abdoulaye Alkaïdy. Ont-ils eux aussi eu leur part du gâteau ? Rien n’est moins sûr.

A Kidal, certains sont très remontés contre l’Etat malien non parce qu’ils n’en veulent pas ou plus, mais parce qu’il a fait la même erreur que par le passé : croire trop vite à des rebelles et leur donner de l’argent. Cinq notables de la ville de Kidal dont un très proche de l’amenokal des Ifoghas et un autre proche d’Iyad Ag Ghali, surnommé Ben Laden et connu comme un grand trafiquant de drogues sont cités comme étant les principales raisons de cette colère liée au magot déboursé par l’Etat.

Chacun des notables s’estime inégalement servi. Les uns se croyant plus représentatifs et légitimes que les autres. Il se dit même que certains des bénéficiaires de l’argent de l’Etat mobilisent contre la présence de ses représentants à la rencontre. Des jeunes aussi sont concernés. Un responsable de la jeunesse de Kidal aurait reçu 8 millions de nos francs pour confectionner le drapeau et orner la ville de Kidal aux couleurs nationales du Mali. Un autre, qui a promis de mobiliser en faveur de la présence de l’Etat devrait percevoir la modique somme de 40 millions. Toute chose qui fâche une jeunesse désœuvrée et pauvre.

A ces raisons s’ajoute l’équation Iyad Ag Ghali, que l’on pensait résolue une fois pour toutes. Comme un chat qui veille sur son verre de lait, le leader protéiforme d’Ançar-Eddine entend faire « chier » tout le monde. Après avoir juré la main sur le cœur qu’il consentait que la rencontre se tienne dans la ville où nombre de ses fidèles vivent à visage découvert, Iyad Ag Ghali est redevenuhostile à la participation de l’Etat à cette rencontre. Peut-être n’a-t-il pas eu sa part dans le partage du magot ? Ou veut-il que le gouvernement réagisse d’abord à la proposition de son frère et chef coutumier des Ifoghas, Mohamed Ag Intalla ? Rien n’est moins sûr. L’amenokal des Ifoghas a en effet appelé le gouvernement et la médiation internationale à étendre les pourparlers aux groupes terroristes qui ont prêté allégeance à Iyad.

L’homme avait pourtant promis qu’il participerait à la rencontre via trois de ses lieutenants dont deux ressortissants de la ville et un Algéro-malien, qui avaient rencontré dans la semaine du 14 au 20, au domicile des Intalla au quartier Aliyou, quelques notables de la région.

Il nous revient depuis quelques jours que les hommes d’Iyad encerclent la ville de Kidal et contrôlent les routes de Gao et d’Algérie. Cette présence, qui ne semble pas gêner la Minusma, inquiète les populations et certains groupes armés.

Du côté des groupes armés justement, selon certaines indiscrétions en provenance toujours de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, les hommes du Gatia, plus aptes et mieux entraînés pour sécuriser le déroulement de la rencontre, seraient très fâchés. Ils attendraient les arriérés de 2 mois de solde. Ils se disent incapables de sécuriser le forum dans cette ambiance. Toute chose qui aurait décidé la plateforme à y prendre part.

L’Etat du Mali, qui finance les travaux de cette rencontre, n’est pas des plus optimistes. Il semble se camper sur sa nouvelle posture de spectateur de la scène et ce, malgré les près de 600 millions qu’il a trop vite fait de mettre dans la cagnotte des organisateurs.

Boniface Dembélé

Forum de Kidal

580 millions de FCFA volatisés

Contrairement au chiffre de 400 millions annoncés pour soutenir l’organisation du forum de Kidal, ce sont plutôt 580 millions que le gouvernement du Mali aurait déboursés. Mais où est passé le magot ? Seuls les responsables des différents groupes armés peuvent nous en dire davantage.

Le Forum intercommunautaire de Kidal, organisé par la Coordination des mouvements armés de Kidal (CMA) et les groupes d’autodéfense, réunis au sein de la plateforme des mouvements armés, se tient depuis dimanche dernier à Kidal. Même si le gouvernement du Mali et la plateforme n’y sont pas représentés, les fonds débloqués par le gouvernement du Mali pour la tenue de la rencontre sont déjà répartis entre les principaux responsables des groupes armés.

Le gouvernement de la République du Mali, dont la participation avait été annoncée, aurait, selon nos sources, déboursé la bagatelle de 580 millions de nos francs. Ce qui est très loin des quelque 400 millions de francs annoncés jusque-là. Mais le plus important est de savoir à quoi a servi tout cet argent ?

Nos sources à Kidal sont formelles : l’argent est réparti entre les responsables des principaux groupes armés et quelques notables de la ville de Kidal pour mobiliser et prêcher la paix et la réconciliation. D’autres personnes en sont également bénéficiaires. Il s’agit de certains jeunes de la ville dont un responsable d’uncollectif des jeunes. Ce dernier va toucher 40 millions pour mobiliser les jeunes et les femmes favorables au retour de l’Etat à Kidal.

Boniface Dembélé

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