Fonds algérien de soutien au nord : «L’ADN n’a vu que de la poussière»

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Mohamoud Ag Mohamedoun , DG ADN

Si l’Agence pour le développement du nord (ADN), selon un de ses hauts responsables, a effectivement reçu dans son compte un fonds algérien d’appui au développement du nord, elle n’est en rien responsable de la gestion qui s’en est suivie.

 

Suite à notre article paru dans le dernier numéro de votre journal, Le Prétoire, intitulé « Appui au développement du nord : plus de 4 milliards volatilisés », nous avons reçu des précisions de la part de plusieurs responsables de la primature, de l’Agence pour le développement du nord (ADN) et de l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (Anict). Dans cet article, Le Prétoire se posait des questions sur la destination finale de plus de cinq milliards de F Cfa offerts au Mali, en 2011, par l’Algérie dans le cadre de l’appui au développement des régions du nord.

 

Selon les documents en notre possession, ces fonds avaient été logés à la Banque malienne de solidarité, dans le compte intitulé « Fonds SIDRSE ». Le 11 juillet 2011, le Premier ministre, par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, adresse une correspondance (N°0000647 PM-CAB) au directeur général de l’Agence pour le développement du nord (ADN) pour « demander de vouloir bien prendre les dispositions pour faire virer au compte N° 0313884.030.01, intitulé « compte spécial d’appui au développement du nord Mali » le montant de 4 459 981 487 francs CFA »

 

Sommé d’en rendre compte « dans le plus bref délai », dès le lendemain 12 juillet, le directeur général de l’ADN s’exécute et saisit le président directeur général de la BMS : « par le débit du compte…intitulé Fonds SIDRSE, j’ai honneur de vous demander de bien vouloir créditer d’un montant de FCFA 4 459 981 487 le compte N° 0313884.030.01, intitulé « compte spécial d’appui au développement du nord Mali » le montant de 4 459 981 487 francs CFA »

 

L’ADN, rien qu’un transit

Le même jour, il rend compte à son chef, toujours par l’intermédiaire du directeur de cabinet : « j’ai l’honneur de vous faire parvenir une copie de la lettre par laquelle le compte…BMS a été crédité d’un montant de 4 459 981 487 FCFA conformément à vos directives » Le 13 juillet, le transfert sera confirmé par le P-D.G dans une correspondance adressée au directeur général de l’ADN.

 

Dans une mise au point adressée à votre journal, l’Anict, gestionnaire des fonds du Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement des régions du nord (Pspsdn), affirme n’avoir jamais reçu de financements algériens. De même que l’Adn dont le compte est connu, et qui n’a servi que de transit pour ce fonds algérien. Les correspondances et autres documents sont clairs : le fonds algérien a atterri dans un compte qui n’appartient pas à l’Adn, dont l’Adn n’est gestionnaire. A qui donc appartiendrait ce fameux compte N° 0313884.030.01, intitulé « compte spécial d’appui au développement du nord Mali » ?

 

De sources concordantes, ce compte aurait servi au Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, de l’époque pour des transactions relatives à l’achat d’armement et de matériels de guerre en faveur des forces armées et de sécurité. Malgré l’opacité et les clauses spéciales de non transparence qui entourent ce genre de transaction, il n’existerait nulle part, même classé « secret défense », un dossier relatif à un marché de fourniture de l’armée en matériels et armement, marché financé sur ce fameux compte. Ce marché a-t-il jamais eu lieu ? C’est en tout cas la question que se posent de nombreux cadres à divers niveaux. Certains n’hésitent pas à affirmer que le fonds algérien, une fois sorti du compte de l’ADN, aurait servi à autre chose qu’au financement des régions du nord. Des doigts accusateurs sont pointés non seulement sur Cheick Modibo Diarra, mais également sur son successeur à la primature, Diango Cissoko. On ne sait toujours pas ce que ce dernier a fait du reliquat du fonds algérien, sept cents millions de F Cfa.

 

Cheick TANDINA

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