Sous les yeux du président Touré, ont été incinérés des fusils mitrailleurs ou semi automatiques, des carabines tchèques, des pistolets mitrailleurs collectés dans le cadre du Projet d’appui à la récupération des armes à Kidal.
Kidal a vécu hier un événement inédit : des centaines d’armes de guerre et des munitions sont parties en fumée. Cette crémation a été perçue comme une victoire de la paix par la population de Kidal, définitivement décidée à tourner la triste page des attaques armées. La cérémonie était présidée par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré. Elle s’est déroulée en présence du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, de plusieurs officiers supérieurs des forces armées et de sécurité, des représentants des organismes internationaux et des pays amis impliqués dans le processus de paix dans le nord de notre pays.
Les représentants des ex-rebelles, les chefs des fractions, les notabilités de Kidal ont aussi assisté à la cérémonie qui s’est déroulée à la périphérie sud de la ville. Ce sont 364 armes de guerre, 36630 munitions, tous calibres confondus, ainsi que 180 grenades, obus et roquettes anti-char qui ont été volontairement collectés dans le cadre du Projet d’appui à la récupération des armes à Kidal depuis sa mise en place en septembre 2009. Le projet est financé à hauteur de 845 millions de Fcfa par l’Etat avec l’aide de l’Eglise norvégienne. Les armes qui ont été brûlées hier comprenaient des fusils mitrailleurs, des fusils semi automatiques, des carabines tchèques, des pistolets mitrailleurs RAU, des PKT et un mortier.
Selon le coordinateur du Projet d’appui à la récupération des armes à Kidal, ces armes et munitions ont été récupérées en contre-partie du financement de 61 projets d’un montant total de 320 millions de Fcfa. La mise en oeuvre de ces projets au profit des personnes qui déposent les armes, des femmes et des jeunes des différentes communes, a permis de créer 703 emplois directs. Mohamed Abdala Ould Zahaf a saisi l’occasion pour rappeler que la prolifération des armes est une menace réelle dans la région de Kidal. Il a, par conséquent, souhaité la poursuite du projet qui doit normalement prendre fin en décembre 2011. Le coordinateur du projet d’appui à la récupération des armes à Kidal a salué l’engagement personnel du président de la République pour la paix et l’unité de l’Afrique. « La cérémonie d’aujourd’hui est simple mais combien symbolique », a jugé le chef de l’Etat avant de saluer les partenaires qui accompagnent le processus de paix dans le nord de notre pays, notamment la Norvège. « Certes, certains me diront que ce n’est pas l’arme qui tue, mais l’homme…..
C’est dans la mentalité des hommes que naissent les guerres et c’est dans leur mentalité qu’il faut implanter la paix », a-t-il commenté. Le chef de l’Etat a souligné la place qu’occupe l’arme chez certaines ethnies du nord de notre pays. Ici tout jeune, a-t-il indiqué, on apprend à tirer avec une arme pour se rassurer et pour se protéger contre l’ennemi. « Je vois que cette mentalité change, tant mieux », s’est félicité le président de la République avant d’inciter les populations à la collecte et à la destruction des armes. Amadou Toumani Touré a salué le courage des forces armées et de sécurité déployées dans la région de Kidal et estimé que la défense et la sécurité de Kidal ne sont pas seulement un devoir, mais un acte d’honneur. Le chef de l’Etat a par ailleurs appelé les combattants retranchés dans les montagnes à regagner leurs villages et leurs villes car de multiples projets de développement, initiés par l’Etat et ses partenaires, les y attendent.
Pour Amadou Toumani Touré, la seule guerre à laquelle le pays devrait aujourd’hui faire face, est la guerre du développement. Le président Touré s’est cependant montré très dur envers ceux qui, par simple orgueil, refusent de déposer les armes et de rentrer chez eux. Il est clair dans l’esprit du président de la République qu’il faut définitivement tourner les pages sombres des attaques armées avec leur corollaire de morts pour prendre le chemin du développement durable. C’est ce dont la région de Kidal a besoin aujourd’hui. « Le pays regrette ce qui s’est passé ici. Maintenant c’est la guerre du développement qu’il faut gagner », a insisté Amadou Toumani Touré avant de recommander : « pour faire la paix, il ne faut pas regarder vers le passé ».
Evoquant la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne, le président Touré a insisté sur la capacité de nos forces armées et de sécurité à intervenir à tout moment. Seulement, a-t-il souligné, notre pays est favorable à la coordination des actions des pays riverains de la bande sahélo-saharienne contre les menaces terroristes. Le temps fort de la cérémonie a été la mise à feu des armes et la remise symbolique d’une arme récupérée au chef de l’Etat. Après la cérémonie de la Flamme de la paix, le chef de l’Etat a rencontré les chefs de fractions, les notabilités et les élus de Kidal. Il leur confirmé son engagement à instaurer la paix et la sécurité dans la région et à s’investir dans son développement socio-économique. L’espoir semble permis pour le retour définitif de la paix à Kidal car c’est une aspiration profonde de la population qui a apprécié les infrastructures réalisées et les actions de développement initiées. Le plus grand absent à la cérémonie de la flamme de la paix aura, en définitive, été l’ancien chef des bandits armés, Ibrahim Ag Bahanga. La suite sur le site de l’Essor…
Envoyés spéciaux: M. KEITA, A. SISSOKO
L’Essor du mercredi 9 février 2011, par Madiba Keïta
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