L’Etat malien, sur un financement de la Libye, prévoie l’organisation d’une « flamme de la paix » à Fafa, village peulh situé dans le cercle d’Ansongo. Le gouvernement estime sans doute que les conflits d’Ansongo appartiennent au passé. Au moins quatre ministres sont prévus pour rehausser l’éclat de cet évènement. Mais des ressortissants de Fafa parlent de la mise à l’écart du mouvement Ganda-Iso dans cette affaire et dénoncent une « usurpation de titre orchestrée par le maire de Gao, Sadou Diallo qui se fait passer pour un membre de Ganda-Iso, alors qu’il n’en est rien ».
Un tel évènement implique normalement les populations locales, notamment les parties dont il marque la fin des conflits, à savoir communautés songhoï, peulhs et touareg dont les rapports ont été dans une période récente marqués par des heurts sanglants, faisant de nombreuses pertes en vies humaines. Forces de sécurité du Mali en patrouille dans la zone, groupes armés à connotation ethnique (peulh, touareg, songhoï) se sont longtemps rejetés la responsabilité de la persistance de l’insécurité dans la zone (cercle d’Ansongo).
Le Ganda-Iso, un groupe de protestation armé, majoritairement constitué de peulh, qui s’est estimé lésé dans le processus de négociation de la paix, voulait se faire entendre, en prenant les armes contre ceux qu’il pensait être les fautifs : des groupes touareg accusés de vivre de razzias, aux éléments des forces de sécurité, accusés de parti-pris. Le leader de ce mouvement, Amadou Diallo, après avoir fait l’objet d’un mandat d’arrêt fut arrêté, ainsi que nombre de ses combattants. Ils ont été libérés après quelques mois de détention. Pour autant, aucun accord à notre connaissance n’a été scellé entre l’Etat et ce mouvement qui, à un moment donné, a semé la terreur dans le cercle d’Ansongo. C’est en revanche des expéditions punitives, des assauts de l’armée contre la base supposée du Ganda-Iso, notamment dans les zones de la mare de Fafa, qui ont été exécutés faisant de nombreuses victimes. En organisant la « flamme de la paix » à Fafa qui pourrait comprendre symboliquement une cérémonie de destruction d’armes par les flammes, le gouvernement estime sans doute que les conflits d’Ansongo appartiennent au passé. Au moins quatre ministres sont prévus pour rehausser l’éclat de cet évènement, dont les ministres de l’Administration territoriales et des collectivités locales Kafougouna Koné et celui de la sécurité intérieure et de la Protection civile, Sadio Gassama. Mais des ressortissants de Fafa à Bamako parlent de la mise à l’écart du mouvement Ganda-Iso dans cette affaire et dénoncent une « usurpation de titre orchestrée par le maire de Gao, Sadou Diallo qui se fait passer pour un membre de Ganda-Iso, alors qu’il n’en est rien ». Un cadre ressortissant de Fafa nous a entretenus de cette situation. Selon lui, l’initiative de la présente flamme de la paix avait étroitement associé le ministre Amadou Diallo, qui s’est vu ensuite écarté au profit de Sadou Diallo, maire de Gao. Pour ce cadre, « la flamme de la paix est organisée en excluant le mouvement Ganda-Iso, notamment son leader Amadou Diallo, qui n’a été nullement impliqué dans l’organisation » de ce qui devrait être la fête de la paix et le départ de la quiétude et le développement dans cette partie de la région de Gao. « Ils ne se rendent pas compte de la gravité de cette façon de procéder. Ils ignorent donc la capacité, la force de frappe du mouvement Ganda-Iso. Sert-il à quelque chose de célébrer une flamme de la paix et que quelques temps après les armes parlent ? », s’interroge le ressortissant de Fafa qui nous a contacté. Il explique que le mouvement Ganda-Iso n’est pas opposé à l’Etat et qu’il n’est pas contre le gouvernement. « Il y a, en ce moment, un impressionnant déploiement des forces armées dans le cercle d’Ansongo, à la faveur de cet évènement. Comment peut-on faire la paix dans l’exclusion de la communauté de Fafa ». Ces derniers jours des attaques ont fait des morts parmi les peulhs et du bétail des ressortissants de Fafa a été enlevé, selon lui. Est-ce dans ce contexte que se célèbre une flamme de la paix ? dit-il, en laissant entendre qu’il s’agit d’une fuite en avant qui est organisée.
B. Daou