Une grande escroquerie, la plus grosse jamais organisée dans notre pays, dans le cadre de la démobilisation des bandits armés du Cercle d’Ansongo, connus sous l’appellation de «Gandaïso», a eu lieu le jeudi 2 août dernier.
Cette escroquerie, pompeusement appelée «Flamme de la paix à Fafa», organisée par le maire vaniteux de Gao, Sadou Diallo, qui a reçu l’onction de Koulouba, met en péril la stabilité de la région de Gao. D’autant que la supervision de l’opération a été confiée à un Chargé de Mission de la Présidence de la République, Iglese Ag Ofène, celui-là même qui avait pillé les caisses du PIDRK (Programme de Développement Intégré de la Région de Kidal), emportant avec lui une dizaine de millions de FCFA et un véhicule 4×4. C’est cet-ex compagnon de Bahanga que le pouvoir a mis au devant de la scène. A la tête d’une forte délégation, comprenant, entre autres, Sadou Diallo, Seydou Cissé et Mohamed Ag Hattabo, Iglese Ag Ofène a quitté Bamako le vendredi 6 août à destination de Tripoli. Dans ses bagages se trouvait une liste de soi-disant 400 combattants démobilisés, laquelle devrait être présentée au Président libyen pour financement, à raison de 800 000 FCFA par personnes. Déjà, sur le terrain, le Consul de Lybie au Mali, Moussa Koni, avait assuré les uns et les autres du soutien de son pays.
En fait, cette cérémonie, qui a été présidée par le Gouverneur de la région de Gao, le Colonel Kalifa Kéïta, n’a enregistré la participation d’aucune autorité nationale. Pourquoi? Mieux, le leader de la branche armée de «Gandaïso», le Sergent Amadou Diallo, n’a pas pris part à cette mise en scène. Les cinquante millions de nos francs que Koulouba a gracieusement offerts au maire de Gao pour la cérémonie n’ont servi qu’à acheter de vieilles armes, des armes obsolètes, dans la région et à Bamako, pour ensuite les brûler publiquement.
Que non! Les vraies armes de «Gandaïso» sont entre les mains du Sergent Amadou Diallo. Elles sont bien cachées, quelque part autour de Fafa. A-t-on jamais vu une Flamme de la paix sans mobilisation des ressortissants de la localité concernée? Celle d’Ansongo n’en était pas une, car même le Premier ministre de l’épopque, Ousmane Issoufi Maïga, une notabilité chez les siens, n’avait été associé, ni de près ni de loin, à une telle initiative. Cela n’est pas étonnant, car c’était une grande escroquerie à laquelle l’enfant béni de Koukia ne pouvait s’associer.
La soi-disant Flamme de la paix de Fafa est un précédent fâcheux parce que Kidal va également demander sa Flamme de la paix et qu’il faudra qu’on la lui concède. Sinon, les demandeurs parleront alors de discrimination et d’injustices, supposées ou réelles.
Fafa n’avait pas besoin de la Flamme de la paix, tout comme la capitale de l’Adrar des Ifoghas, qui n’est pas, pour l’instant, demanderesse.
La légèreté avec laquelle Bamako a traité ce dossier frise l’incompétence et l’absence de perspectives. Sinon, comment peut-on banaliser la Flamme de la paix initiée par le Président Alpha Oumar Konaré, citée en exemple à travers le monde? La Flamme de la paix n’a pas été initiée pour remplir les poches de quelques individus, mais pour sceller une réelle réconciliation des cœurs et des esprits.
Chahana Takiou