Notre article sur l’expansion du jihad en Afrique du l’Ouest et le mystère qui entoure l’existence des Forces de libération du Macina a suscité un grand débat et un vif intérêt chez certains de nos lecteurs avisés. C’est le cas de Sankingba qui, à travers une réflexion, dresse la pratique de la religion et le fait que le Macina devient un champ très propice à l’influence et à la rentrée de l’extrémisme religieux.
Selon notre interlocuteur, la mauvaise politique d’éducation religieuse est la cause de l’expansion du jihadisme en Afrique de l’Ouest et singulièrement au Mali. Depuis 1072 après la chute du Royaume du Ghana et de Koumbi Saleh suite à l’invasion des berbères islamisés que l’on appellera Almoravides, le Soudanais a toujours été soumis à l’islam par le coup du sabre et du fusil. Nous étions profondément animistes et très rattachés à nos valeurs ancestrales.
Malheureusement, les chefs noirs, qui ont constitué le relais des envahisseurs arabes, ont été pires dans la propagation du précepte islamique que les Arabes eux-mêmes qui ont associé le mercantilisme à l’idéologie orientale.
Les relayeurs ont fait l’amalgame de la culture arabe à l’islam. Le régime du règne de nos conquérants noirs était basé sur la théocratie au point qu’il y a eu substitution d’une nouvelle pratique sociale aux us et coutume. Ce conflit demeure de nos jours. Un converti fréquente bien la mosquée mais est convaincu que les amulettes et les incantations ancestrales ne sont pas non plus irréalistes dans sa protection.
Ainsi, si jamais vous organisez une fouille à la sortie d’une mosquée après les prières, vous n’aurez pas 2 % qui n’ont pas de gris-gris ou d’amulettes. Sans compter les reliques familiales qui sont transmises de génération en génération. Les chefs noirs tels El hadj Omar, Alpha Kabinet de Kankan, Askia Mohamed, Amadou Sékou, Sékou Amadou, Aguibou Tall, Mohamed Lamine Dramé et pour ne citer que ceux-ci ont essayé par la terreur de rompre cette pratique bi-divine par la force des armes.
Les réfractaires étaient soit décapités soit vendus tout simplement aux Arabes et aux Européens pour faire fortune. L’Afrique vit malheureusement dans cette hantise culturelle. Ceux qui sont convertis à l’islam sont intolérants envers les mécréants et les croisés. Certains se battent pour la cause de l’islam sans en maîtriser le précepte.
D’autres n’ayant acquis que l’élémentaire du Coran, ne veulent vivre que par des prêches ou des formations de nœuds aux gens en détresse pour assurer leur vie. Les musulmans sont robotisés au point qu’on oublie que cette belle religion a pour objectif le rapprochement des hommes et l’amélioration des rapports entre eux.
Difficile réinsertion
Quand on prend le Macina qui, originalement, couvre presque toute la partie centrale de la région administrative de Mopti (Nord de Ségou, le Séno et le plateau Dogon, l’ancienne Kounari, la grande cuvette centrale de la boucle du Niger jusqu’à la lisière du Gourma), les chefs traditionnels ont plus de poids que les représentants de l’Etat qu’on respecte par peur et non par conviction tant on croit aux marabouts.
Les terres dans cette zone tabulaire de la boucle du Niger sont gérées par des chefs traditionnel appelés “Dioro” qui sont institués depuis Sékou Amadou. Ne vous hasardez pas à leur opposer le Code domanial et foncier, ils vous bouderont tout de suite. Dès lors, le Macina constitue un champ très propice à l’influence et à la rentrée de l’extrémisme religieux. Il constitue la porte et le trait d’union entre le monde arabo-berbère et la savane du peuple noir.
Ainsi, souligne-t-il, pour mieux lutter contre le jihadisme en Afrique de l’Ouest, il faut concilier les différents courants religieux en respectant chacun dans ses pensées. La prolifération des écoles medersa (dont leurs promoteurs et financiers sont des précurseurs du mode orientale enclins aux extrémismes) a déblayé le champ au déviationnisme religieux. L’Etat est en face des jeunes formés en arabe mais qui sont jetés au chômage direct sans garantie d’emploi.
Tous ces jeunes diplômés en arabe se prennent par conséquent comme des prêcheurs, car ils n’ont autre possibilité de jouir du fruit de leur scolarité contrairement aux francophiles et anglophiles. Comment ouvrir le marché de l’emploi à ces milliers de jeunes formés dans les écoles medersa dont certains viennent des pays du Moyen-Orient ? Ce sont là des potentielles cellules dormantes pour une vengeance sociale.
Voilà entre autres réflexions à mener si l’on veut réellement barrer la route à l’intégrisme. Cette contribution a le mérite de mettre la lumière sur un sujet dont les ramifications se trouvent au cœur de notre société traditionnelle.
A. M. C.
Cet article qui renseigne sur l’origine et l’évolutiion de la religion au Mali avec le comportement des religieux maliens face à leurs compatriotes et d’en deduire que le Macina est un champ propice au djiha est très important pour moi natif de Macina. Il appelle aussi à des contributions. Comme je me suis identifié du Macina, je me permets de faire une exception à l’analyse faite car en tant que musulman croyant, il m’arrive de porter des amulettes dont les écritures sont extraites du coran mais je ne suis ni extrémiste ni déviationniste. Depuis la défaite des rois du Macina, il y a plus d’un siècle, il n’y a pas eu de Djihad dans le Macina. Le Macina a plié sous le poids des régimes d’exception, de la faim et de la famine sans réagir, alors qu’il aurait pu le faire si les reflexes Djihadistes qu’on lui prête étaient vrais.
Pour moi, la raison des tendances actuelles qui font craindre le Djiha sont à rechercher encore, à tête froide.
J’ai effectivement lu le post de ce fameux Sankingba et à vrai dire j’ai été émerveillé tant son analyse est pertinente. S’il pouvait mettre son expertise au service des professionnels du renseignement si lui même n’en est pas un.
Son analyse porte à réflexion surtout en ce qui concerne la gestion idoine des diplômés arabophones qui sont lésés par l’égalité d’embauche car la langue nationale et de communication est le français. Dès la seconde (après DEF), ils commencent à prendre conscience de leur désespoir sur le marché de travail.
Dans quel secteur l’Etat peut les employer? Ils se contentent effectivement des métiers de broutille d’enseignement dans une école médersa de niveau élémentaire, eux même n’ayant pas la possibilité d’évoluer plus haut à moins qu’ils ne changent de branche et de langue.
Je donne raison à ce fameux Sankingba qui anime le site maliweb.
Comments are closed.