Après les événements malheureux survenus à Gao le mardi 12 juillet 2016, suite à la marche pacifique de la jeunesse de cette localité contre la mise en place des Autorités intérimaires, qui a fait 3 morts et 42 blessés dont 35 par balles, l’opposition démocratique et républicaine a organisé une conférence de presse le samedi dernier à la Maison de la presse. Au cours de laquelle, elle a réitéré sa demande relative à la tenue de concertations nationales.
La conférence de presse était animée par le chef de file de l’opposition et non moins président de l’Urd, Soumaïla Cissé. Il était accompagné par le président des Fare An Ka Wuli, Modibo Sidibé ; le président du Parena, Tiébilé Dramé, et le président du Pdes, Sadou Diallo. Après les propos liminaires du chef de file de l’opposition, les conférenciers ont répondu aux questions des journalistes.
Concernant la question sur l’accord pour la paix et la réconciliation nationale et la solution idoine pour sa mise en œuvre, le président des Fare An Ka Wuli, Modibo Sidibé, a expliqué que l’accord, en l’état actuel, ne comporte aucun projet politique d’avenir pour le Mali. Selon lui, l’accord pour la paix ne peut pas être un horizon politique. D’autant qu’il ne traite pas des questions fondamentales, à savoir, le terrorisme, le narcotrafic, les questions socio-politiques et culturelles et la question du Centre du pays qui répond aux mêmes caractéristiques que celles des zones dites de développement du Nord en terme de préoccupation.
Par conséquent, Modibo Sidibé a souligné que cet accord contient un ensemble d’éléments qui mettent en cause la Constitution et la République. «Si on veut véritablement aller vers la paix durable, il faut venir à la base, parce qu’on avait dit avant la signature de l’accord que l’approche doit être globale. Donc, si on veut avoir des solutions, il faut que tous les aspects sécuritaires soient mis en œuvre. Après cela, la seule initiative robuste importante à prendre aujourd’hui, c’est de s’engager dans un dialogue national refondateur du Mali. Tant qu’il n’y aura pas cette légitimation, nous n’arriverons pas à la paix durable. Le gouvernement est dans la propagande de l’accord, mais pas dans l’explication», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que les Autorités intérimaires sont venues en catimini et «on est en train de nous diriger vers une révision de la Constitution en catimini aussi».
Le président du Parena, Tiébilé Dramé, a ajouté que depuis 3 ans, le président de la République et le gouvernement sont dans une fuite en avant par rapport à la question de la restauration de la paix et de la stabilité du Mali. Il dira que le processus n’a pas été inclusif. «Ce qui s’est passé à Gao le 12 juillet montre à suffisance qu’il n’y a pas eu d’inclusivité, parce que des acteurs majeurs de cette région ne sont pas d’accord avec ce qui se passe», a déclaré Tiébilé Dramé. Avant d’expliquer qu’avant la signature de l’accord, l’opposition avait réclamé des discussions inter-maliennes nationales pour qu’il y ait son appropriation nationale. «Nous n’avons pas été entendus. Toutes nos propositions ont été accueillies par le mépris dont les autorités sont coutumières. Nous sommes aujourd’hui dans une impasse. L’accord a été signé au nom de notre pays et il l’engage. Ce que nous demandons, c’est qu’il y ait des concertations nationales inter-maliennes», soutient le président du Parena. Et Tiébilé Dramé de lancer un appel à la Cma et à la Plate-forme de s’intéresser à la question des concertations nationales autour de l’accord.
Pour le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, quand le gouvernement change tous les 6 mois, il ne peut rien faire. «J’ai dit au chef de l’Etat en personne qu’il ne pouvait pas envoyer 200 personnes à Alger, alors qu’il n’y a personne de l’opposition et de vision pour le Mali», a-t-il fait savoir. Pour l’honorable Cissé, l’autre réalité est qu’il y a 12 pages de réserve dans l’accord pour le gouvernement, mais aussi des pages de réserve pour les groupes armés. «Personne n’est content de l’accord, mais on veut tous l’appliquer», a-t-il ajouté.
À la question de savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les jeunes de Gao, Soumaïla Cissé répond : «C’est cette responsabilité qu’il faut situer. On ne peut pas continuer dans l’impunité. Nous nous plaignons qu’il n’y a pas de concertations. Nous nous plaignons qu’on ne nous écoute pas. Le président de la République a confirmé cela dans son message de 2 minutes. Il reconnaît que les gens ne savent pas ce qui est dans l’accord d’Alger. Dès lors, pourquoi on ne peut pas s’asseoir et discuter ?» se demande le président de l’Urd.
Pour sa part, Sadou Diallo, sur la question du cantonnement, a été formel : «Il faut que mes jeunes y soient associés. Pour être cantonné, les termes de l’accord prévoient qu’il faut disposer d’une arme. Mais les jeunes de Gao, c’est moi-même qui les ai désarmés après la libération, avec le concours des notables et Imams de la région et le général Didier Dakouo. On ne peut pas donc pas les écarter comme ça».
À la question de savoir si les manifestants étaient armés, le maire de Gao répond : «Je n’y étais pas le jour-là. Mais, à ce que je sache, il n’y a eu aucun tir venant de la foule». Avant de souligner que quand les jeunes se réunissaient la veille de la marche, les forces de l’ordre sont parties arrêter une vingtaine d’entre eux aux environs de minuit. Et sur place, il y avait deux éléments de Ganda-Izo (mouvement armé) qui assuraient leur sécurité avec deux armes. Mais ces derniers, selon Sadou Diallo, ont été désarmés, arrêtés et conduits au commissariat où ils ont été maltraités.
Diango COULIBALY