Etablissement d’une zone temporaire de sécurité au nord : La Minusma et la Population de Gao à couteaux tirés

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Bilal Ag Chérif, secrétaire général du MNLA.
Bilal Ag Chérif

Le 24 janvier dernier, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) représentée par Bilal ag Cherif   a signé avec la Minusma un accord instaurant une zone de sécurité sur l’axe d’Anefis Almoustarat de 10 km de chaque côté. Ledit accord prévoit, afin d’éviter tout risque de confrontations armées qui  pourrait entrainer des conséquences malheureuses sur les populations civiles, l’interdiction du port d’arme de combat  dans cette zone. Les deux parties ont convenu  de placer la zone sous le contrôle exclusif de la Minusma qui en garantit la sécurité et assure la libre circulation des personnes et des biens. Toutefois, l’accord instaurant la zone temporaire de sécurité  précise que cela n’abroge en rien l’accord du cessez-le-feu du 23 mai 2014  et de ses modalités d’application du 14 juin. A peine signé, les langues ont commencé à se délier  sur l’attitude de la Minusma. Ainsi, pour couper court à toute rumeur, la Minusma a fait une mise au point à travers un flash spécial diffusé sur l’Ortm le 25  janvier 2015.Dans ce communiqué, la Minusma déplore vivement la manipulation à des fins politiques du document intitulé « Accord pour l’établissement d’une zone de sécurité ». Lequel document, selon la Minusma, a fait l’objet de graves retouches, contraire à toute éthique. Par ailleurs, la Minusma a précisé que les affrontements de Tabankort  constituent une violation flagrante du cessez-le-feu et a engagé des discussions techniques avec les responsables militaires de la coordination et de la plateforme, pour que soit mis un terme aux hostilités. Face à cette situation, la population  de Gao estime que la Minusma ne joue pas franc jeu et veut justement appuyer le Mnla en désarmant le  groupe auto-défense Touareg Imghad et alliés (Gatia),  groupe armé réputé proche du gouvernement malien. C’est pourquoi, la population de Gao a manifesté son mécontentement  tout en demandant l’annulation pure et simple dudit accord. La Minusma aurait  ainsi réagi en  tirant sur la foule des manifestants faisant trois morts  et beaucoup de blessés.

Des zones d’ombres

En dépit des tentatives de justification de la Minusma, l’opinion publique malienne s’interroge sur les agissements de la Minusma contre la population civile de Gao. Cette attitude qu’elle qualifie de deux poids deux mesures. L’on s’étonne de voir que la Minusma a accepté de signer un accord avec les groupes armés sans que l’Etat y soit associé. Car, dans ledit document, nulle part on aperçoit la signature d’un représentant de l’Etat. Cet état de fait suscite beaucoup d’interrogations quant à la bonne foi de la Minusma. A y regarder de près, les évènements de ces derniers jours crèvent les yeux. En moins d’une semaine, la Minusma a mené un raid aérien qui a causé des pertes en vies humaines du côté du Mnla. Et le porte-parole du Mnla Moussa ag Attaher a crié sur tous les toits que la Minusma a pris fait et cause pour le gouvernement malien. Comme pour  se racheter,  la Minusma,  apparemment sans  le consentement de l’Etat, a fait ce deal  avec la coalition des mouvements de l’Azawad prônant le désarmement des groupes armés dans cette zone. A en croire nos sources, la zone de Tabankort constitue le fief du Gatia, un ennemi juré du Mnla qui les empêche de placer Gao sous leur domination. Le document en question n’étant pas finalisé, la Minusma le déclare désormais nul et non avenu.

Boubacar  SIDIBE

 

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