Epicentre des événements de janvier 2013 : Konna, trois mois après la libération…

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Dans cette sous-préfecture située à une soixantaine de kilomètres de Mopti, les événements des 9, 10 et 11 janvier 2013, hantent encore les esprits. Trois mois après sa libération, des mains des groupes armés, nous y faisons un tour. Reportage.

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Sur le débarcadère de Konna (où les islamistes avaient installé leur quartier), des engins militaires fortement endommagés par les bombardements des armées malienne et française.

Au Padepêche de Mopti, débarcadère de Konna, les bâtiments ressemblent encore à un chantier en ruines. C’est ici que les jihadistes avaient installé leur quartier après trois jours de rudes combats contre les éléments des forces armées et de sécurité du Mali. Les populations de Konna les estiment à plus 1700 combattants ayant afflué sur la localité avec l’objectif de descendre sur Mopti. “Ils étaient comme des fournis”, témoigne cette habitante croisée sur les lieux ce dimanche 21 avril.
Au port de pêche de Konna, le décor annonce l’ampleur des bombardements. Des bâtiments entiers se sont écroulés sous le poids des frappes des armées malienne et française contre les groupes armés. Dans cette cour, les impacts de balles donnent la chair de poule. Les deux engins militaires calcinés (un camion et un char blindé) témoignent des dégâts.
A quelques mètres de là, la famille Traoré vit ici. Et les membres ont vécu en direct les accrochages entre les jihadistes et les militaires maliens. Saluant la bravoure de l’armée malienne, ce jeune homme témoigne que la peur bleue était visible à travers la ville chez les populations.
“Beaucoup avaient quitté la ville pour leurs hameaux de culture. C’est vrai que les combats proprement dits se sont déroulés en dehors de la ville, mais les débris de balles et le crépitement des armes ont provoqué chez les populations civiles une peur terrible. Nous sommes donc partis en brousse, mais le chef de famille est resté… pour des raisons qu’il sait”, témoigne ce jeune de la famille Traoré.

Et la ville a repris son rythme
Un vieux, dont la famille est à quelques cent mètres de là, n’imagine pas comment Konna a pu être libérée en quelques heures. Il rend grâce à Dieu d’avoir protégé le Mali de ses ennemis. Pour le sexagénaire, le Mali est un pays béni. Cependant, dit-il, les stigmates des événements de janvier restent visibles dans la ville.
“Les enfants et les femmes vivent encore ce souvenir terrible dans leur mémoire”, témoigne notre interlocuteur. S’il est presque convaincu que les islamistes ne seront plus de retour ici, il demeure sûr qu’ils ont causé du mal à de nombreuses familles. “Certains ont fui pour les campagnes. Ils ont tout perdu. Le bétail et les biens matériels. Au retour, ils se sont appauvris…”, dénonce le vieux.
Si les stigmates des bombardements de janvier demeurent, la ville de Konna reprend peu à peu son souffle, au grand bonheur de l’activité économique longtemps asphyxiée. Les commerces tournent à plein régime, l’administration a repris sa place. Les pêcheurs enfilent désormais leurs filets et les quelques habitants de confession chrétienne se sentent plus en sécurité.
Dans les écoles, les cours ont repris leur droit. Les élèves s’apprêtent pour les examens de fin d’année. Bref, à Konna, trois mois sa libération par l’armée malienne et ses alliés, la vie reprend son cours normal.
Issa Fakaba  Sissoko
Envoyé spécial

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