Entretien avec le Gouverneur de la Région de KIDAL, Alhamdou AG ILYENNE : Nous sommes l''Etat et nous appliquons la loi sans état d''âme""

0

L”Indépendant : Pouvez-vous nous relater ce qui s”est passé le 23 mai 2006?

Alhamdou Ag Ilyenne : Le 23 mai, il s”est passé ici ce que nous appelons une attaque-mutinerie…c”est-à-dire un certain nombre de militaires mécontents, suivant les ordres d”un officier déserteur et en complicité avec beaucoup d”autres haut gradés, d”hommes de rang, ont occupé des casernes, pris des armes et du matériel roulant. Heureusement, tout ceci a été restitué grâce à la clairvoyance du président de la République. Aujourd”hui, nous sommes sur le chemin de la paix.

L”Indép. : Justement, le processus de paix que vous évoquez a été engagé. Comment évolue-t-il?

A. A. I : Suivant les instructions du président de la République, le processus de paix avance très bien. Ceux qui désiraient revenir immédiatement après le 23 mai sont déjà réintégrés dans leurs corps respectifs. Tous ceux qui ne sont pas revenus avant les Accords d”Alger verront leurs cas gérés dans ce cadre. Je veux dire qu”ils sont restés des éléments de l”Alliance du 23 mai.

Toutefois, il nous a été intimé l”ordre de respecter les clauses du document signé à Alger. C”est ainsi que certains sont venus inscrire leurs enfants dans les écoles de la ville de Kidal. Les ex-insurgés membres de l”Alliance partaient et revenaient normalement.

Les fouilles auxquelles ils étaient soumis ont été progressivement allégées. Les organes qui devaient piloter ce processus de paix ont été mis en place. Il s”agit du Comité de suivi des Accords d”Alger, du Groupe technique de sécurité qui gère le site du cantonnement, le groupe technique d”appui au développement et, très prochainement, le Conseil régional. Le cantonnement, comme vous le savez déjà, a été effectif le 9 mars dernier et les armes ont été remises le 11 mars par le facilitateur qui est l”Algérie.

L”Indép. : Dans la même ville on retrouve les éléments des forces de sécurité de l”armée malienne et les insurgés. Comment gérez-vous les contacts entre ces différentes entités ?

A. A. I : Tout cela se passe très bien. Les forces armées nationales sont républicaines. Elles ont reçu l”ordre d”être encasernées pour faciliter le retour des partisans de l”Alliance. Tout en étant vigilantes, nos forces de l”ordre et les éléments de l”armée vaquent à leurs occupations habituelles. Nous avons les postes de police qui sont sous le contrôle des forces armées. Les responsables militaires sont associés à tout ce qui se passe dans le site du cantonnement. Les éléments de l”Alliance sont, pour la plupart, des déserteurs qui vont regagner les rangs, servir sous le drapeau et intégrer les unités spéciales sous le commandement de la garde nationale. D”autres vont rejoindre progressivement l”armée dès cette année et en 2008. Ils savent donc très bien qu”ils redeviennent porteurs de l”uniforme qu”ils ont quitté il y a quelques mois. Tout se passe à merveille et nous tenons des réunions régulièrement avec les différents acteurs impliqués dans le processus de paix. En tant que représentant de l”Etat, nous tenons à assurer la pérennité de l”outil étatique. Conformément aux textes en vigueur en République du Mali, nous suivons les instructions du ministre de l”Administration Territoriale, du Premier ministre et du Président de la République.

L”Indép. : Quelles sont les relations que vous entretenez avec les chefs de file des ex-insurgés ?

A. A. I : Nous nous connaissons très bien. Nous sommes tous de la région de Kidal. Mais notre façon de voir les choses n”est pas toujours la même. Les ex-insurgés sont porteurs d”un message politique et nous assumons une fonction étatique.

Ces gens mènent leur combat à leur façon. De notre côté, nous appliquons sans état d”âme les lois de la République. Il y a des moments où nos voix sont concordantes et des moments où nous ne sommes pas sur la même longueur d”onde. Chacun, en tout cas, en ce qui le concerne, fait son travail dans les règles de l”art.

Commentaires via Facebook :