« Nous devons opter pour la paix dans la fraternité, la sincérité et la franchise. Nous demandons à tous la sincérité…», s’adressait ainsi le Président du Mouvement Arabe de l’Azawad, Pr Ahmed Ould Sidi Mohamed aux participants de la rencontre quadripartite classe politique, société civile, CMA et Plateforme, le 28 février dernier, dans la salle Wa Kamissoko du Centre International de conférences de Bamako. Une déclaration faite à la veille du paraphe à Alger, le 1er mars 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé le 15 mai et parachevé le 20 juin 2015. L’Accord pour la paix et la réconciliation, béni par la communauté internationale, aura bientôt un an. Si la confiance semble être de retour entre les différents signataires, il faut toutefois prendre une loupe pour chercher les avancées dans la mise en œuvre de ce texte censé instaurer la paix et la stabilité au nord du Mali.
Les armes se sont tues entre les groupes armés belligérants qui se concertent régulièrement pour se partager les rôles dans la gestion des villes où l’Etat est absent à travers ses services. Aussi, il n’y a plus d’affrontement entre les Forces armées et de sécurité du Mali (Fama) et les groupes armés.
Pour autant, la situation sécuritaire sur le terrain se dégrade de façon dangereuse avec son lot de morts notamment dans les rangs des Fama et des troupes de la MINUSMA qui font face, de façon quasi permanente, à des attaques venant des groupes terroristes d’Aqmi et d’Ansardine. Seulement avant-hier mardi, un véhicule de la MINUSMA a sauté sur une mine dans le secteur d’Aguel hoc faisant six blessés parmi les casques bleus.
De sa signature à nos jours, la matérialisation de l’accord pour la paix et la réconciliation a énormément souffert du manque de franchise et de sincérité des différents protagonistes. C’est le manque de confiance et de sincérité qui pousse les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) à traîner les pieds dans le processus de retour de l’administration à Kidal. Sans la sincérité, la franchise et la confiance, aucune avancée ne sera enregistrée dans la restauration de la paix. Il faut aller vite, très vite. L’une des preuves de leur sincérité que les responsables de la CMA peuvent envoyer à l’opinion publique nationale, toujours sceptique sur leur bonne volonté à finir avec cette crise, sera d’accepter le retour de l’administration et des FAMA à Kidal, une ville qui échappe à tout contrôle de l’Etat depuis les tristes événements des 17 et 21 mai 2014. Et cela dans la perspective de l’organisation du forum prévu du 27 au 30 mars à Kidal. L’arrivée du Premier ministre, Chef du Gouvernement, Modibo Kéïta, pour prendre part à ce forum, doit être précédée normalement par celle de l’administration et d’un contingent des FAMA. Une telle concession est à la portée des responsables de la CMA qui doivent continuer à travailler avec la base notamment les « femmes et jeunes », hostiles à toute présence de l’Etat suite à leur endoctrinement par les idéologues du MNLA. A défaut, Modibo Kéïta doit emmener à Kidal dans ses bagages le Gouverneur de Kidal et certains agents de l’administration. En tout état de cause, il sera difficile pour le Premier ministre de participer à un forum dans une ville malienne où il n’y a aucun symbole de la République.
Chiaka Doumbia