Depuis quelques années, des terroristes appelés par certains des djihadistes, sèment la désolation dans le pays surtout dans les rangs des forces armées de défense et de sécurité. Ceux qui tuent de façon permanente nos soldats, qui ont amputé nos frères, flagellé nos frères de Tombouctou, de Gao et d’ailleurs et violé nos sœurs, ne sont pas les seuls terroristes. Il y a d’autres « terroristes » dont les ravages sont aussi dévastateurs que ceux qui endeuillent nos familles depuis quelques années.
Les fonctionnaires qui détournent les fonds publics à des fins personnelles ou politiques ne commettent-ils pas des actes aussi graves que ceux commis par les terroristes ? Les cadres qui s’engagent dans une course effrénée pour les postes et l’argent public pour renflouer les caisses de leurs partis ne posent-ils pas des actes similaires à ceux du nord ou du centre ? Les responsables syndicaux qui abusent de leur droit de grève en paralysant pendant plus d’une semaine les services vitaux ne commettent-ils pas une forme de terrorisme ? Que dire de ces enseignants qui prennent les notes des élèves en otage pour mieux faire aboutir leurs revendications corporatistes ? Quid de ces magistrats qui monnayent les décisions de justice.
Ces fonctionnaires s’adonnant au détournement des fonds publics assassinent de façon silencieuse les enfants qui ne peuvent plus accéder aux soins de santé ou bénéficier d’autres services sociaux de base comme l’eau potable. Ils enterrent les espoirs de nombreux enfants qui ne peuvent plus avoir accès à une éducation de qualité. Les fonds détournés auraient pu servir à créer de l’emploi pour tous ces jeunes qui pullulent dans les coins et recoins de nos villes et villages à la recherche de leur premier emploi.
Ces magistrats qui font couler les larmes des pauvres justiciables en faisant mal leur travail, peuvent être considérés comme des terroristes. De même que ces prédateurs fonciers qui bradent le patrimoine national avec la complicité d’une administration et d’une chefferie corrompues et versées dans l’affairisme. Ces puissants chefs de l’administration qui balaient les cadres compétents des services centraux ou projets relevant de leur département, pour leur appartenance politique ou leur refus de lécher des bottes, méritent d’être appelés des « terroristes ». Quid de ces médecins qui foulent au pied leur serment d’hypocrate en méprisant les malades agonisant sur leur lit de mort.
Il n’y a pas de différence entre les poseurs de mines et coupables de détournement des primes et autres avantages accordés aux soldats présents sur le front. Ceux qui surfacturent les équipements militaires peuvent être logés dans la même case que les terroristes. Ne parlons pas de ces riches et puissants responsables de la haute administration qui emprisonnent des pauvres paysans après les avoir spoliés de leurs terres cultivables. Ces éléments des forces de défense et de sécurité et ces soldats du maintien de la paix qui tirent sur des manifestants civils à mains nues se rendent coupables « d’actes terroristes ». Ces hommes de médias qui profitent de leurs plumes ou de leurs micros pour faire chanter les paisibles citoyens afin qu’ils leur octroient de l’argent ne sont pas moins des terroristes.
Ils nous terrorisent, ceux qui investissent les fonds publics dans des dépenses de prestige au détriment des investissements vitaux pour la nation, dans le but de satisfaire leur ego. De même que ces chefs d’entreprise qui prennent un vilain plaisir à piétiner les travailleurs. Le cas de ces opérateurs économiques et commerçants qui font monter les prix des denrées pendant les périodes de forte consommation, passe de tout commentaire.
Ils nous terrorisent tous par leurs faits et actes.
Chiaka Doumbia
La sécurité est une affaire de tous.
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