Entre fin de trêve et paix armée : Sauver la vie des otages ou en découdre avec Bahanga

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Depuis la fin du mois de ramadan, on peut dire que le pays est retombé dans l’état de guerre suspendu par la grâce d’une trêve unilatérale de Bahanga et de ses hommes. Même si aucun coup de feu n’est tiré de part et d’autre, il ressort de nos différents recoupements que tous se préparent à la guerre. Avec la hantise du côté des militaires de notre pays de préserver la vie de ceux qu’on appelle « otages » à Bamako mais que Bahanga présente comme ses prisonniers de guerre.

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« Nous avons l’impression de tourner en rond ». C’est le constat peu courant fait par les notables de Kidal partis à la recherche de Bahanga pour une hypothétique reprise du dialogue. Interrogés par l’AFP, leur comportement ressemble à s’y méprendre à ceux qui tentent un coup en comptant sur un coup de pouce de la chance. Sauf que cette fois-ci, la chance se fait désirer. Bahanga qui aurait remis une liste de doléance comportant l’allègement du dispositif militaire en contrepartie de la libération des otages et de la localisation exacte des mines antipersonnel se fait aussi discret qu’un oued dans le désert. C’est que l’homme n’est pas bête.

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Pour lui, le refus essuyé suite à son offre prouve que l’armée malienne continue son occupation du terrain en attendant certainement le jour où l’affrontement deviendrait inévitable. C’est pour cette raison, que selon nos informations, Bahanga aurait procédé à un repositionnement de ses troupes sur le terrain, lui aussi, avec en prime une occupation des zones d’eau et un essaimage presque sauvage de mines. Deux précautions valant mieux qu’une, il semble que Bahanga a positionné ses troupes de telle manière que tout le nord et le nord-est n’échappe à leur contrôle.

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C’est ainsi que, comble de la provocation, il aurait positionné une partie de ses troupes à la frontière entre Gao et Kidal, lui-même se chargeant du côté nigérien et son cousin Fagaga plus au nord. Toujours selon nos informations, il semble qu’il est en train de procéder à un vaste recrutement au sein de certains milieux où ; il semble que c’est plus pour s’occuper et trouver un peu d’argent que par sympathie à Bahanga et à ses revendications qui demeurent encore floues. :Mais il semble que Bahanga et Fagaga auraient fait le pari de gagner la sympathie des populations de Kidal mais surtout de diviser ce qui reste de l’unité au sein de l’Alliance du 23 Mai.

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Dans cette situation de paix armée, c’est bien entendu les populations civiles qui payent le plus lourd tribut. Hormis les entraves à leurs libertés dont celle de mouvement, elles sont exposées aux mines dont personne, en dehors de Bahanga, ne connaît l’emplacement. « Il ne se passe pas un jour sans que des civils ne sautent sur les mines avec son lot de victimes, de mutilations, d’amputations », etc. nous a confié une source militaire. Ce qui, selon la source, a comme conséquence de surchauffer l’atmosphère. Mais ce n’est pas de ce côté que se situent les plus grosses préoccupations de la hiérarchie militaire. Selon nos informations, celle-ci a mis les bouchées doubles pour occuper le terrain et maintenir le moral des troupes au top. Ce qui préoccupe au plus haut point la hiérarchie militaire c’est la vie des otages. Or pour le moment tout porte à croire qu’elle dépend du bon vouloir de Bahanga. Celui-ci qui n’est pas né de la dernière pluie a entrepris de son côté d’occuper l’espace tout en se faisant le plus discret possible.

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La séparation des otages. Pour ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier et pour prévenir toute surprise désagréable, Bahanga aurait décidé de scinder les otages et de les séparer. Une vingtaine placée sous la responsabilité de Fagaga plus au Nord et une dizaine dont lui-même assure personnellement la charge et qu’il détiendrait dans les montagnes du Teghargar. Pour montrer sa bonne fois, il aurait relâché quelques uns il y a juste quelques jours tout en fournissant des assurances quant au bon traitement dont les otages bénéficieraient. En l’absence de toute information officielle, la hiérarchie militaire qui a multiplié les précautions allant jusqu’à placer les blessés à l’abri des yeux indiscrets craint de ne pouvoir trop longtemps tenir les familles dans l’opacité. Surtout qu’il semble que des familles qui n’ont plus d’informations de leurs enfants commencent à s’organiser et à s’agiter dans le sens de disposer de plus d’informations.

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Or selon nos informations, Bahanga aurait récemment fourni la liste des otages en sa possession mais que lui considèrent comme ses prisonniers. Leur nombre tournerait autour d’une bonne trentaine d’hommes en provenance de diverses unités et de différents grades. Mais il semble que la hiérarchie n’est pas la seule à se faire du souci pour les otages et pour leurs familles. On a pu entendre les vœux du président de la République à l’occasion de la fête de Ramadan. Outre les besoins de communications, tout le monde à dû sentir que le chef suprême de armées lui-même semblait ne pas disposer d’éléments tangibles concernant les otages.

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Pour ce qui est des blessés, les Maliens ont pu voir ceux qui avaient été admis à l’hôpital de Kati et qui ont reçu la visite du ministre de la Défense. Selon nos informations, il y aurait beaucoup de blessés. Ce que confirme une source militaire qui pense savoir que les blessés ont été classé en différents ordres : ceux qui ont été victimes lors de l’attaque de Tinzawatène et qui seraient une bonne vingtaine ; ceux qui ont été victimes lors de l’attaque de la mission de ravitaillement qui seraient une bonne dizaine et enfin ceux qui auraient été victimes des mines qui seraient une petite vingtaine. A ces blessés, il faut bien entendu ajouter les civils qui sont quotidiennement exposés aux mines.

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Près de deux semaines après la fin de la trêve, personne ne sait ce qui va se passer. Ce d’autant plus qu’il semble que les contacts n’existent plus entre Bahanga et les médiateurs depuis presque un mois. Ce qui laisse peu de place aux chances d’un vrai dialogue. Surtout que dans le même ordre on sent comme une certaine méfiance vis-à-vis du médiateur algérien.

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Bassaro Touré

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25 octobre 2007

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