Les villes de Hombori et Tombouctou ont été des théâtres d’attaque terroriste la semaine derrière et hier. En toile de fond de ces actes crapuleux, l’enlèvement de cinq occidentaux et l’assassinat d’un allemand. A cela, s’ajoute l’enlèvement hier lundi 28 novembre 2011, un véhicule de la gendarmerie de Tarkint. Ces attaques mettent à nu le dispositif sécuritaire des villes du nord. Sinon comment comprendre que les assaillants puissent attaquer un hôtel à Tombouctou et quitter la ville sans qu’ils ne soient arrêtés.
Les trois attaques ne sont que des échantillons des effets collatéraux de la chute du guide libyen Mouammar Kadhafi. Chute qui a accru la circulation des bandits et des armes de guerre dans la zone. A cela, s’ajoute le retour gênant au nord des militaires libyens d’origines maliennes. Le retour des actes terroristes dans la zone était imminent. Chose que les autorités nationales ont senti venir depuis longtemps, d’où la multiplication des rencontres au Mali, le déplacement du président de la république en Algérie et la tournée gouvernementale au Nord.
Peut-être, le seul inconnu de la reprise des actes de banditisme restait le mode opératoire des terroristes. A ce niveau aussi, ils ont déjoué tous les pronostics. D’habitude, ils enlevaient leurs otages dans les pays voisins pour les acheminer au nord du Mali, mais cette fois-ci, ils ont agi sur place. Précisément à Hombori et dans la ville sainte de Tombouctou. Ils ont enlevé d’abord deux français, puis trois autres occidentaux le vendredi et tué un allemand. Selon nos informations, un véhicule de la gendarmerie a été enlevé hier lundi à Tarkint, vers la sortie de Gao.
Pourquoi le Mali maintenant ?
C’est cette question qui taraude tous les esprits. Mais en analysant bien les différentes interventions du président de la république faisant l’éloge de notre armée et le tapis rouge que l’Etat a déroulé aux militaires binationaux après la chute de Kadhafi, il y a un début de réponse à la question. Chaque fois que l’occasion se présente le président de la république parle de la force de frappe de la grande muette. On se rappelle de l’exercice d’intervention initié par les autorités et présenté par des militaires au polygone de tir de Kati le 20 janvier 2011. L’événement qui était en direct sur les antennes de la télévision nationale a pris fin par l’intervention du président de la république. En octobre dernier, l’Etat a fait également une forte communication sur les équipements militaires que les Etats-Unis ont offerts à notre pays.
Finalement les terroristes et les bandits vont se demander certainement à « qui sont adressés ces messages forts et incessants de l’Etat malien ? »
Ils n’ont touché à aucun moment aux intérêts du Mali, même les enlèvements étaient faits à ailleurs. La solution qu’ils auraient trouvée serait de mettre en veilleuse tout ce qu’on dit sur notre armée. Cela passe par mener des actions terroristes sur le sol malien, en mettant en doute la force de frappe de notre armée. C’est notre première explication aux actes de terroristes de la semaine passée.
Second hypothèse, c’est le tapis rouge que l’Etat a déroulé aux militaires binationaux. En voulant prendre le devant, l’Etat n’a-t-il précipité la reprise des hostilités ? Dans la zone, il existe plusieurs groupes de bandits. En voyant l’Etat porté son assistance aux militaires venus de la Libye, d’autres bandits n’hésiteraient pas à se faire entendre. Pour ça, ils vont frapper là où ça fait le plus mal au pays.
En somme, quel que soit le motif réel de ces attaques, elles mettent à nu le dispositif sécuritaire des villes du nord. Il est impérieux pour l’Etat de revoir même la politique sécuritaire du pays, car les opérations de terrorisme se passent maintenant sur notre sol. Les hôtels et les lieux touristiques doivent être davantage sécurisés.
A.M