Trois humanitaires européens (deux espagnols et une Italienne) ont été kidnappés dans un camp de réfugiés à Tindouf, en territoire algérien. Les auteurs du kidnapping seraient des membres du front Polisario, affiliés à AQMI (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique). Dès lors c’est la responsabilité même de l’Algérie qui est mise en cause dans cette affaire intervenue sur son territoire et dont les auteurs sont sous sa protection.
Après cette prise d’otages, des responsables de l’organisation (Front Polisario) ont aussitôt pointé du doit le Mali. Pour eux, les ravisseurs sont venus du Mali et y sont retournés avec des otages. Mais la stratégie de ces responsables était de brouiller les pistes et maquiller la réalité autour d’une affaire embarrassante pour les Algériens.
La bizarrerie de cette histoire : les auteurs du rapt auraient parcouru plus de 5000 km, sans être ni inquiétés, ni dérangés.
En effet, cette affaire confirme bel et bien l’existence d’une branche sahraouie d’AQMI. Depuis des mois, des éléments du front Polisario sont régulièrement cités dans des actes de terrorisme et de trafic dans la bande sahélo-saharienne. La complicité entre le Polisario et AQMI ne faisait guère plus de doute. Aussi, l’enlèvement des trois européens intervenu à Hassi Rabuni, près de Tindouf indique clairement l’étendue et la solidité des relations entre les deux organisations (Polisario-AQMI). Aussi, la zone (Tindouf) devient une véritable menace pour la sécurité et la stabilité du sahel, à cause de la présence de réseaux qui agissent dans le sahel, où ils disposent de relais bien implantés dans le trafic d’armes, de drogue et des produits offerts aux populations par les organisations internationales.
Le premier responsable, c’est l’Algérie
En pointant du doigt le Mali, les responsables du Polisario cherchent en fait à …protéger leurs protecteurs algériens, qui doivent être mal à l’aise dans cette affaire qui constitue une humiliation pour eux.
En effet, cette triple prise d’otages intervient au moment où l’Algérie se fait passer comme étant le verrou sécuritaire de la région sahélo-saharienne. Le Mali ayant toujours été présenté comme étant le « maillon faible ». L’enlèvement de Tindouf rétabli donc les faits. Des faits qui sont têtus. Mais la stratégie mis au point par les responsables du Polisario à savoir, mettre le Mali au devant de cette nouvelle prise d’otages n’a pas fonctionné. Car de nombreux observateurs estiment que si les ravisseurs venaient du Mali, ils devraient normalement passer parla Mauritanie, chemin moins risqué pour eux, au lieu de passer par l’Algérie. En réalité, le rapt serait l’œuvre des membres du Polisario qui auraient bénéficié de complicités pour agir et qui entendent monnayer les trois otages à AQMI.
En réalité, les trois humanitaires ont été enlevés dans une des zones les plus protégées et surveillées du territoire algérien. C’est dire que l’Algérie peine à assurer la sécurité sur son propre territoire à fortiori sur la bande sahélo-saharienne. « Il s’agit de la responsabilité d’un Etat et c’est l’Algérie qui est le premier responsable », a déclaré Taib Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères.
Au delà, les observateurs font le constat que la dimension de la question sécuritaire au sahel dépasse largement le cadre algérien, pays qui s’oppose à l’intervention d’autres pays comme le Maroc dans le dossier. Mais l’opinion est désormais faite : sans l’implication de tous les pays de la sous région, aucune solution ne peut venir de l’Algérie seule. Les autorités espagnoles semblent avoir compris que la situation en Algérie n’est pas aussi sécurisante que l’on veille faire croire à la communauté internationale et surtout aux occidentaux. C’est pourquoi, le ministre espagnol des Affaires étrangères a déclaré, « nous avons demandé à l’ONU de dépêcher une mission en Algérie pour faire le point de la sécurité qui prévaut dans les camps de Tindouf ».
CH. Sylla