Enlevés lors du raid franco-mauritanien du 22 juillet 2010 en territoire malien : Deux ressortissants de Tombouctou ont recouvré la liberté

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Cheikhna Ould Bolla et Rabat Ould Bammoshi avaient disparu entre le 22 juillet, date à laquelle les militaires mauritaniens, appuyés par une trentaine d’éléments des Forces spéciales françaises, avaient opéré une incursion en territoire malien pour tenter de libérer l’otage français Michel Germaneau, qui sera finalement exécuté en représailles par AQMI et le 24 juillet, date à laquelle seuls des soldats mauritaniens " poursuivaient les recherches pour éliminer autant de terroristes que possible " pour reprendre un officiel mauritanien.

 

C’est au cours de ces recherches que nos deux concitoyens, de paisibles ressortissants de Tombouctou, avaient été enlevés et conduits dans un camp militaire mauritanien, probablement celui de Bassikounou, proche de la frontière malienne. Leur enlèvement sera porté à l’attention de l’opinion nationale et internationale par Sidy Mohamed Ould Mohamed, un élu municipal de Tombouctou qui confirmera le dépôt d’une plainte de la communauté arabe auprès du tribunal de cette ville contre les armées française et mauritanienne "pour enlèvement de civils innocents". Toute chose qui va créer un embarras chez les Maliens, leur gouvernement ayant choisi d’observer un mutisme total sur le sujet, sans doute pour ne pas envenimer les rapports entre Bamako et Nouakchott, fort tendus depuis que cette dernière capitale a rappelé de la première son ambassadeur, suite à la libération du Français Pierre Camatte "en échange " selon son entendement, de celle de quatre terroristes d’AQMI dont deux Mauritaniens. C’était en février 2010. On ignore quelle est la part de la " diplomatie discrète "  d’ATT dans la libération de nos deux concitoyens mais celle-ci arrive au moment idéal pour dégonfler la colère qui commençait à monter contre la Mauritanie au sein d’une partie de la classe politique malienne. Plusieurs partis politiques ont, en effet, publié des communiqués par voie de presse pour "déplorer et condamner" cet acte inamical de notre voisin de l’ouest. Des voix s’élevaient de plus en plus pour préconiser que le Mali rende le coup à la Mauritanie en rappelant son ambassadeur à Nouakchott, voire en suspendant toute relation diplomatique et consulaire avec elle.

 

Le geste de Nouakchott résulte-t-il de pressions amicales exercées par les autorités de Bamako ? A-t-il été dicté par le léger dégel survenu dans les relations algéro-maliennes après le retour très récent à son poste de l’ambassadeur d’Algérie, parti lui aussi cinq mois auparavant pour protester contre les circonstances de la libération de Camatte ? La France y a t-elle joué un rôle, qui a intérêt, si elle veut, comme elle l’affirme, que la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne aboutisse à des résultats tangibles, à ce que les pays riverains de cette zone se donnent la main pour travailler plutôt que de se livrer une guerre sournoise ? On n’oubliera pas, enfin, que le Premier ministre de la Libye se trouvait, il y a peu, à Bamako puis à Nouakchott. Une intermédiation du Frère Guide pour faire baisser la tension entre ses deux partenaires malien et mauritanien est une hypothèse hautement probable. Elle viendrait enrichir le palmarès, pas trop négligeable, de la CENSAD.             

         Saouti Haïdara

 

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