Enlèvement et séquestrations de deux bédouins maliens suite à l’opération franco-mauritanienne : Le Nord-Mali, l'Afghanistan de l'Afrique, la Mauritanie, le Guantanamo français

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Les auteurs du raid franco-Mauritanien au nord-ouest de Taoudéni dans la commune de Salam ont, à l’image des terroristes auxquels ils reprochent kidnapping et séquestration, procédé eux aussi, à l’enlèvement de deux bédouins, totalement étrangers à AQMI. C’est naturellement dans le but de leur soutirer des renseignements, comme en Afghanistan et à Guantanamo.

Il ressort de la narration des témoins oculaires l’armée Mauritanienne s’est rendu  dans un campement d’éleveurs non loin de la base des combattants d’AQMI et ont amené deux hommes de force. Ils les soupçonnent d’appartenir au groupe d’AL QAÏDA. Les familles des deux personnes enlevées se sont rendues à Tombouctou  le vendredi dernier pour porter plainte contre l’armée mauritanienne auprès  du Tribunal.

Les deux hommes répondent aux noms de Cheikna ould Bolla et de Rabah ould Messaoud, appartenant à la tribu El wesra installée dans cette partie du Mali depuis la nuit de temps.

Cette bavure de l’armée franco-mauritanienne laisse présager que le grand Nord Mali est devenu l’Afghanistan de l’Afrique. Dans ce pays, tout soupçon conduit à des opérations militaires ciblées sur les personnes objet de délation.

Comme en Afghanistan, la situation est devenue presque inextricable au Nord Mali où les habitants, à cause de leurs affinités socioculturelles ont noué des alliances entre elles qui n’expliquent cependant à tous les coups leur implication dans le réseau AL QAÏDA. Faut-il par exemple décimer les membres de toute une famille au motif qu’un frère ou cousin a des accointances avec AQMI ? C’est hélas, un scénario identique qui se passe en ce moment en Afghanistan et désormais au Nord Mali. 

Ajouter à cela, qu’AQMI a récemment procédé à d’importants recrutements dans les rangs des jeunes des différentes localités. L’engagement des jeunes n’est nullement motivé par des considérations idéologiques, mais plutôt pécuniaires. Le recrutement est devenu facile depuis que l’Algérie voisine a durci les conditions d’accession à son territoire freinant du coup le petit trafic auquel s’adonnait la majeure partie des ces jeunes.

Du coup, la population locale, dont l’écrasante majorité reste étrangère à ces pratiques aperçoit des nouveaux riches naître du jour au lendemain. Un phénomène de nature à encourager les indécis à rejoindre AQMI.

En somme, comme en Afghanistan avec AL QAÏDA, AQMI utilise la même stratégie au nord-Mali et les armées régulières ne semblent avoir le moindre répondant sauf à enlever et séquestrer des innocents. De nombreux présumés membres d’Al Qaïda ont, pour sur la base de la délation et d’un  soupçon infondé, séjourné dans la triste prison de Guantanamo.

Il est vrai, en tout état de cause, que les tribus nomades au Nord Mali ont beaucoup de similitudes avec celles d’Afghanistan. Une ressemblance qui risque d’être fatale aux Maliens.

Baba Ahmed

Le renseignement : l’objet de l’opération militaire conjointe

Les zones d’ombres subsisteront encore longtemps au tour de l’opération franco-mauritanienne au Nord-Mali. Le raid a véritablement été motivé par le besoin de recueillir des renseignements sur le terrain et non par la crainte d’un attentat sur le sol mauritanien, encore moins par l’urgence de secourir l’otage dont les chances de survie, pour cause de maladie,  étaient minimes.

Le choix de l’attaque militaire a été indubitablement motivé par l’impératif de recueillir des renseignements sur AQMI en prévision d’une opération d’envergure. D’où l’enlèvement de deux bédouins lesquels ont, en a pas douter, subit un interrogatoire musclé. Ils auraient été libérés à l’heure actuelle. Nous n’avions pu vérifier cette information.

Il faut dire qu’à l’heure actuelle, les occidentaux disposent de très peu d’information et de renseignement sur AQMI, du moins sur le terrain. Ici, les chances d’infiltration sont très minces au regard des barrières linguistiques et des conditions d’existence.  Aussi, les données satellitaires s’avèrent peu efficientes dans la mesure où les combattants se confondent et se fondent allègrement dans les populations locales qui leur servent également de bouclier. Bref, il fallait descendre dans l’arène. Mais comment diantre ? Michel Germaneau était là. Mais était-il encore vivant ? Lisons plutôt Bernard Kouchner : " "jamais été optimistes" sur une éventuelle libération de Michel Germaneau… Nous avons tenté de lui faire passer des médicaments pour son cœur, car il était malade, et même ça, les ravisseurs l’ont refusé (…)". Déclarations faites au "Parisien" le samedi dernier.

C’est au mois d’avril 2010 qu’il a été enlevé au Niger. Le Quai d’Orsay indique  que les ravisseurs n’ont donné aucun signe de vie, au propre comme au figuré. Et c’est t à la fin du mois de juillet que le feu vert d’une intervention de la DGSE sera donné. Presque quatre mois s’étaient écoulés.

Mais puisque les ravisseurs n’ont jamais donné  signe de vie dans cet intervalle, comment donc leur repère a été localisé avec précision au point d’organiser une expédition militaire sur les lieux avec tous les risques que cela comporte ? Une fois repérage effectué, c’est la diplomatie qui aurait très logiquement pris le relais et non les soldats d’élites de la DGSE.  On retiendra au passage que le Quai d’Orsay n’a pas traité le cas  Michel Germaneau dans la même trame que Pierre Camatte, lui, soupçonné d’être affilié au service de renseignement extérieur français (DGSE).

L’argument mauritanien  non plus, ne résiste pas à l’analyse. Elle aurait reçu des renseignements sur l’imminence d’une attaque d’AQMI sur son territoire ! L’argument, voire l’argutie doit certainement fait rire Alger. Avec tous les moyens technologiques, logistiques  et militaires de  surveillance et d’intervention  dont dispose ce pays et, nonobstant la proximité avec la base des assaillants dans la zone de Tizawaren, les Gendarmes Gardes Frontières (GGF) n’ont pas vu venir le coup au mois de juin dernier. On dénombre        11 tués dans ses rangs et le ratissage qui s’en est suivi n’a donné aucun résultat.

L’Armée algérienne, loin d’être un amateur, se présente au contraire comme le leader dans la lutte contre le terroriste dans la sous-région, voire en Afrique toute entière. Elle possède une grande expérience accrue en la matière. Aussi, les principaux ténors du réseau AQMI, les ravisseurs de Michel Germaneau et de Pierre Camatte, sont issus de ses rangs à défaut d’être tout simplement des compatriotes.  On voit bien que le prétexte mauritanien ne vaut pas un clou.

Elle prétend avoir reçu des renseignements. Mais de qui diantre ? Pas des français puis ceux-ci n’ayant reçu le moindre "signe de vie".

En définitive, il existait  beaucoup trop d’incertitudes pour mener une mission aussi  délicate au motif de la libération d’un otage ou de la crainte d’une attaque. Tout stratège vous le dira : c’est tout simplement absurde.

La thèse de la recherche du renseignement par contre, devient évidente au regard de l’enlèvement de deux bédouins trouvés à  proximité de la zone ciblée et la récupération des documents et téléphones portables (bourrés de renseignements pour qui les exploiter à bon escient) abandonnés par les combattants AQMI suite à l’offensive. Le renseignement ! Tout le reste n’est qu’écran de fumée. Vu sous ce prisme, l’on ne peut dire que l’opération a été un échec. D’ailleurs, ses initiateurs ne se sont-ils pas félicités de sa réussite  quand bien même ils n’aient réussi à mettre la main ni sur l’otage ni effectué une grosse prise parmi les gros turbans?

 B.S. Diarra

 

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