Après Kidal et Gao, c’est au tour de Tombouctou et de Goundam d’être privées d’électricité. La nuit tombée, ces deux villes se drapent dans un épais manteau noir. Partout règne l’obscurité, qui en rajoute à l’insécurité entretenue par les groupes islamistes, qui occupent ces deux villes depuis trois mois. Les rues sont vides, ou presque. Partout c’est la peur, celle des lendemains qui déchantent.
Pour se tirer d’affaire, les populations ont recours aux bonnes vieilles torches. Ou aux légendaires lampes à pétrole. Du moins, pour ceux qui en ont les moyens.
A l’origine de ce manque d’électricité, le manque de gasoil pour approvisionner les centrales thermiques de la société Energie Du Mali ( EDM-SA). Si à Tombouctou, le délestage persiste depuis plus d’une semaine, la fourniture d’électricité n’est interrompue à Goundam que vendredi dernier. La cinquantaine de fûts de gasoil, mis à la disposition de la centrale thermique par les combattants du Groupe islamiste Ançar Dine viennent d’être épuisés. Auparavant, le « cercle des lacs » était approvisionné en électricité, de 18h à 7h du matin. Mais depuis l’épuisement de son stock de gasoil, la ville de Goundam a rejoint le club des « villes fantômes ».
Au manque d’électricité, est venu se greffer un autre manque, plus cruel : celui de l’eau potable. Pour ne pas mourir de soif, les populations de Goundam et de Tombouctou se voient obligées de boire l’eau tirée, directement, du fleuve. Une eau, jugée polluée par les services de santé.
Autres conséquences du manque de gasoil en 6e région : les difficultés à prendre en charge les malades dans les hôpitaux. Surtout, les cas nécessitant des interventions chirurgicales.
Si rien n’est fait pour approvisionner les régions du nord en gasoil, les prochains jours risquent d’être dramatiques pour les populations, déjà, éprouvées par la présence des groupes islamistes, qui font régner la charia. Avec son cortège de restrictions, de lynchage public et de saccage des sites culturels.
Oumar Babi