Élection du conseil régional à Gao : Arabes et touareg se plaignent d’exclusion par le camp présidentiel

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La ville de Gao

Censées être un vecteur de paix et de réconciliation au Mali voire une clé de la crise septentrionale en tant que composante de l’Accord issu du processus d’Alger, les élections régionales se sont manifestement écartées de cette vocation à Gao. En cause, des chocs d’ambitions et des divergences politiques sur fond de positionnement auxquels le chef du Gouvernement ne paraît pas étranger. Il serait même au cœur de la bataille des enjeux, à en croire certains observateurs qui se disent navrés par la façon dont la Primature tire les ficelles dans le bastion électoral du Pm.

Tout présageait pourtant une partie paisible pour que le camp présidentiel, qui s’apprêtait à savourer une compétition électorale des plus confortables en septième région. Et pour cause, le traditionnel choc entre titans n’a pas eu lieu puisque l’Adema comme l’Asma de SoumeylouBoubèyeMaiga ont tous consenti à respecter la règle de la majoritaire sortante en renonçant à briguer la présidence de la région au profit du parti présidentiel, avec à la clé une liste commune des trois formations.

Mais la cerise sur le gâteau n’aura pas été suffisante pour conjurer les soubresauts, qui risquent par ailleurs d’affecter la stabilité socio-politique de ce qu’il de la région de Gao après l’émergence de Ménaka en entité régionale autonome.

Les divergences au sein du Rpm sont probablement passés par là, même si l’un des protagonistes de la précédente arène, le ministre MalickAlhousseini en l’occurrence, a préféré le profil bas en s’abstenant de tout obstacle à son camarade devenu chef du Gouvernement entre temps. Le terrain était donc totalement déblayé pour AIM et Hamidou Maïga, son poulain naguère pressenti à la présidence de la Région, quoiqu’avec des réserves sur son parachutage depuis la France, au détriment de ceux qui ont trimé pendant les périodes de disette politique.. Mais il fallait sans doute beaucoup plus de confort pour élaborer sans heurts la liste régionale du parti présidentiel et alliés. Outre les écueils des divergences politiques internes si laborieusement surmontés, le président fraîchement intronisé de la Fédération Rpm de Gao devait se heurter au rocailleux terrain communautaire qui est loin d’être son champ de prédilection, au regard de son engagement nettement affiché dans le domaine. En tout cas, à en croire les observations, complaintes et jérémiades de nombreux groupes minoritaires de la région, le casting imposé par des émissaires de Bamako, sur instruction du Pm, ne fait que confirmer un penchant identitaires dont AIM se cache à peine et au mépris de la neutralité immanente à  ses fonctions de Premier ministre de la République.

Sur plus d’une quarantaine de sièges à pourvoir au conseil régional, relève-t-on, la liste des candidatures du Rpm et alliés ne compte qu’un seul représentant de la communauté arabe et deux des rangs touareg. Ils proviennent respectivement des sections RPM d’Ansongo et de Bourem où lesdites communautés n’ont pu faire le poids lors des conférences électives du parti présidentiel émaillées de tiraillements au point d’entraîner un retard de deux jours sur le dépôt de la liste régionale. Faux rétorquent leurs camarades sédentaires, qui expliquent que leur faible représentativité résulte de leur propre choix, à savoir : une préférence faite au conseil de cercle en misant sur le nombre puis au conseil régional en misant sur la qualité.

Quoi qu’il en soit, le mauvais dosage communautaire qui en a découlé est à l’origine d’une forte vague de frustrations pouvant se manifester par des obstacles à la tenue du scrutin. Et à défaut de réussir à déjouer le déséquilibre par sabotage du processus électoral, de nombreux mécontents  n’excluent pas de protester par une expression de suffrages au profit  de l’opposition plutôt que de cautionner ce qu’ils assimilent à une exclusion communautaire par abus de position dominante. En attendant, ils soupçonnent tous le chef du Gouvernement de tirer parti de cette haute fonction pour opérer une sorte de purge administrative qui ne dit pas son nom, aux fins d’anticiper sur le rôle stratégique du conseil régional dans le schéma de décentralisation. Une posture qui n’est pas de nature, à leurs yeux, à favoriser la réconciliation et la cohabitation des communautés en septième région.

Abdrahamane Keita

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