Effets collatéraux de la crise du nord : Les populations de Mopti dans la désolation

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Le Mali est confronté, depuis  le début de l’année 2012, à la plus grave crise qu’ait connu le pays depuis son indépendance, en 1960.  En effet, tout le nord du pays a été conquis par des groupes armés, provoquant du coup la fuite de centaines de milliers d’habitants vers le sud du Mali et les Etats voisins. Ce qui a engendré une situation de crise humanitaire aggravée par la période de soudure généralement accompagnée d’une crise alimentaire dans le Sahel. Dans la région de Mopti, zone appelée par certains la ligne de front parce que faisant frontière avec la zone occupée, c’est la désolation chez les populations qui sont frappées de plein fouet par les effets collatéraux de cette crise à facette multiple.
Le nord du Mali est fragilisé depuis des années par plusieurs facteurs, notamment le manque de visibilité de l’Etat malien dans le processus de développement de cette zone et des carences de gouvernance qui ont nourri bien des frustrations, faisant ainsi de ce vaste espace un terreau fertile à toutes sortes de trafics (drogues, armes, véhicules, cigarettes, etc.). La présence des islamistes, pourchassés par l’Algérie et traqués par la Mauritanie a fini de pourrir  la situation. C’est ainsi que les salafistes d’Ancar -dine  et Aqmi, alliés au mouvement de rébellion touareg ont lancé un assaut pour conquérir les régions de Gao, Tombouctou et Kidal, en plus d’une partie de la région de Mopti, pour couper le territoire en deux parties distinctes.
Cette occupation des 2/3 du territoire malien est accompagnée d’actes de viols, de pillages des biens des populations et d’assassinats de résistants. En somme, les bandes armées ont soumis le nord du Mali au règne de la terreur, poussant ainsi les populations à fuir massivement vers le sud du pays et surtout vers les pays voisins : Burkina Faso, Algérie, Mauritanie et Niger.
Dès lors, un élan remarquable de solidarité s’est manifesté envers les déplacés. En effet, en ruminant leur colère, les populations du sud du Mali et des pays frontaliers ont accueilli leurs frères et sœurs du nord et accepté de partager avec eux le peu de ressources qu’ils détiennent. Pendant ce temps, l’aide afflue de toutes parts pour prouver aux populations encore maintenues sous le joug des baïonnettes qu’il ne faut pas perdre espoir de retrouver la liberté, même si la situation humanitaire est une urgence car très préoccupante.
En effet, c’est une grave crise alimentaire pour des centaines de milliers d’habitants des centres urbains de la zone sous occupation,  mais aussi pour les agriculteurs et éleveurs qui sont confrontés aux affres de la période de soudure, une situation envenimée par les conflits fonciers entre peuls et dogons pour le contrôle des terres arables, à la veille de la saison agricole.
Une crise à facette multiple qui vient  de connaître son paroxysme
Rappelons que, par suite de mauvaise récolte de la campagne 2011 /2012,  les stocks de vivres étaient à leur plus bas niveau. Sans compter que les réserves de sécurité alimentaire n’étaient pas suffisamment constituées. A cela est venu s’ajouter ce qui est convenu d’appeler la crise du nord du Mali. C’est donc une crise à facette multiple qui vient  de connaître son paroxysme car la crise humanitaire peut à tout moment basculer vers un véritable drame humanitaire si rien n’est fait pour juguler la situation au plus vite.  En effet, il est clair que les agriculteurs ne peuvent pas faire face à leurs besoins alimentaires sans assistance. De même que les éleveurs, dont la campagne pastorale a également connu le même sort, ont besoin d’assistance urgente au même titre que l’ensemble de la population de cette zone, privée de la satisfaction de besoins des plus élémentaires.
C’est pour dire que, d’une manière générale, l’accès aux céréales reste un problème crucial pour les populations de cette localité et l’approvisionnement est fortement  perturbé par le conflit  et l’insécurité sur les marchés locaux. Cette zone étant presque isolée du reste du pays, les denrées de première nécessité se font rares et leurs prix prennent l’ascenseur pour être hors de portée des populations. A noter aussi que dans les centres urbains de Mopti, Gao, Kidal et Tombouctou, les banques ne fonctionnent plus. Pour percevoir leur salaire jadis viré dans ces établissements financiers, les travailleurs dont le pouvoir d’achat s’effrite inexorablement, sont encore obligés d’effectuer à la fin de chaque mois le déplacement sur Bamako, Ségou et Koutiala, pour  y percevoir leurs traitements mensuels. Avec beaucoup de risques de se faire braquer au retour par des bandits qui profitent de la situation pour dépouiller les voyageurs, surtout s’ils les soupçonnent de s’être rendus dans une des localités précitées pour y recevoir de l’argent.
Selon le gouverneur de la région de Mopti,  les derniers recensements révèlent environ 14 143 personnes déplacées et installées à Sévaré. Soit 2219 ménages à prendre en charge dans le cadre de l’aide d’urgence. Pour le chef de l’exécutif régional, dès le début du conflit, les autorités régionales n’ont ménagé aucun effort pour accueillir et apporter leur soutien aux déplacés. D’où la mise sur pied d’un Comité régional de crise. «Le pays est en train de vivre de rudes épreuves qui l’affectent profondément. C’est le moment plus que jamais de cultiver la solidarité, et d’entraide envers les personnes en situation de détresse», a dit le gouverneur qui a assuré que l’Etat mettra tout en œuvre pour sauvegarder l’unité et l’intégrité du territoire.
L’afflux massif de déplacés aggrave de ce fait une situation alimentaire déjà difficile
A Sévaré où les familles déplacées squattent un espace aménagé derrière la gare routière de Sévaré sur la route de Bandiagara, des vivres offerts par l’Usaid à Catholic Relief Service y ont été distribués. Il s’agit de 752,3 tonnes de petits pois, 160,3 tonnes de farine enrichie, 5 tonnes de sucre, 750 kg de sel iodé. Aussi, faut-il ajouter un appui financier apporté à 600 familles pour un montant de 9 millions FCFA. Outre ces dons, la mission a pu emmener dans ses bagages des nattes et des moustiquaires au profit des déplacés. Les bénéficiaires ont remercié les donateurs pour ce geste combien significatif. Ils ont souhaité un retour rapide de la paix au Mali afin qu’ils puisent regagner rapidement leurs domiciles.
Dans la région de Mopti, au centre du pays, où il vient d’ouvrir un bureau, le Cicr estime à quelque 32 000 le nombre de personnes installées un peu partout dans la région, après avoir fui les violences au nord du pays. La plupart de ces déplacés sont logés dans des familles d’accueil. Ce qui pose encore un autre problème car par suite des mauvaises récoltes de l’année dernière, la région manque de céréales. Dans certaines localités, les dernières réserves sont épuisées depuis longtemps et des familles commencent à cueillir des feuilles d’arbres pour se nourrir avec. L’afflux massif de déplacés aggrave de ce fait une situation alimentaire qui était déjà difficile.
En collaboration avec la Croix-rouge malienne, le Catholic Relief Service a entamé, le 23 mai dernier,  une distribution de vivres pour plus de 23 000 déplacés dans les cercles de Djenné, Bandiagara, Bankass et Koro dans la région de Mopti. La semaine dernière, la Croix-rouge malienne, avec le soutien de la Croix-rouge internationale, a également distribué du riz et du mil à quelque 9 000 déplacés, ainsi que des articles ménagers essentiels à 1 200 familles de déplacés dans les régions de Sikasso, Ségou et Mopti.
 Gérard DAKOUO
Envoyé spécial à Mopti

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  1. Quelle assistance le gouverneur de la Région de Mopti prévoit-il pour les populations du village de Dérou et des 5 hameaux qui ont été incendiés les 20, 21 et 22 mars 2012 par les populations de Koporo-pen? Pour saisir l’étendue des dégâts et la détresse des victimes, une mission d’évaluation officielle est nécessaire sur les sites de Dérou et les cinq (5) hameaux. Ce drame ne peut pas être caché plus longtemps. Les efforts de conciliation des autorités communales sont à saluer, mais l’Etat ne peut pas se départir de sa mission régalienne d’assurer la sécurité des personnes et des biens de tous les fils du pays. Des centaines de tonnes de céréales auraient été brulées,des habitations complètement détruites et les victimes laissées à elles mêmes et à l’assistance de leurs parents. Si des dispositions urgentes ne sont pas prises, c’est la campagne agricole prochaine qui sera compromise pour elles et au-délà pour la localité. Des informations inquiétantes font état de retrait de champs, d’ostracisme de certaines populations, de règlements de comptes parce que tout simplement l’Etat serait absent du Cercle de Koro et l’échelon Région ne se manifesterait pas. Certaines populations seraient entrain de mettre à profit les difficultés du moment pour règler certains comptes latents et cela en toute impunité.

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