EDITORIAL : MODIBO KEITA AURAIT SIGNÉ L’ACCORD D’ALGER

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C’est ce qu’affirme le président de parti pour l’Indépendance et la solidarité, Daba Diawara. C’était lors de la conférence des cadres de son parti la semaine dernière au Mémorial Modibo Kéïta, affirmant, en conséquence, le soutien de son parti à l’accord d’Alger. Il faut dire que le PIDS, s’il n’a pas obtenu le droit de porter le nom US-RDA, suite au long procès qui a conduit à l’éclatement du parti de la charrue, n’en est pas moins un rejeton légitime de celui-ci. De même que feu Tiéoulé Mamadou Konaté a incarné la légitimité du BDIA, en raison de la mémoire de son auguste père, de même Daba Diawara, fils de Gabou Diawara, leader de l’aile montante du parti en 1968, incarne sa continuité. Si Modibo a maté la rébellion touareg de 1963, c’était, selon Daba Diawara, pour maintenir l’intégrité du territoire national.

Certes, on conviendra que le moyen employé est très différent, voire opposé, à celui d’ATT, mais la fin était incontestablement la même. Il n’y a qu’à lire le discours de Modibo Kéïta à la conférence d’Addis Abeba lors de la création de l’OUA pour s’en convaincre. “La période que nous voulons aujourd’hui dépasser doit nous servir de leçon : aux oppositions stériles doivent maintenant succéder l’entente fraternelle, la tolérance, qui n’ont jamais cessé de présider aux relations entre nos populations”. (C’est nous qui soulignons). Pour éviter ce qu’il a appelé “l’impérialisme noir”, il réclamait “le maintien des frontières héritées du système colonial”, ce qui est bien en accord avec le respect de l’intégrité territoriale affirmé dans le Pacte national et dans d’Accord d’Alger.

Qu’est-ce que donc que l’impérialisme, selon le président Modibo Kéïta ? Lisons ce qu’il en dit dans le même discours cité ci-dessus et qu’ont peut trouver dans “le Patriote” du 29 août 2006. “L’impérialisme, c’est cette manifestation de la volonté de domination d’un homme sur un homme, d’une société sur une société, d’un peuple sur un peuple. C’est celle de vouloir à tout prix imposer aux autres son mode de pensée, son mode de vie, de développement politique et économique” (c’est encore nous qui soulignons une partie de la citation). On croirait lire certains passages du site Kidalinfos et de l’Accord d’Alger, où Iyad et ses compagnons soutiennent mordicus qu’ils sont différents du peuple malien, de culture et de mode de vie, et que par conséquent ils ont droit à “une large autonomie”.

Dans le système de soviets (voire de l’autogestion à la yougoslave) que Modibo Kéïta prévoyait de mettre en place, et qu’on peut assimiler à l’actuelle décentralisation, les Touareg auraient sans doute trouvé tout ce qui est aujourd’hui dans l’Accord d’Alger et qu’on est allé signer si loin, après cinq rébellions, avec d’inutiles garanties algériennes. Ce qui a dû surprendre Modibo dans la rébellion de 1963 c’était sans doute de voir les maîtres des Bellas rejeter avec un mépris raciste le gouvernement des Noirs de Bamako. N’avions-nous pas été tous victimes du même racisme de la part des Français qui ont maté toutes nos révoltés dans le sang, celle de Firhoun et les autres?

Modibo et ATT (et sans doute faut-il ajouter Moussa) n’ont donc jamais en envie de casser du Touareg comme les Français l’ont fait à l’Algérien, ou à l’Annamite, peuples qu’ils voulaient dominer. Et le PIDS a raison de les soutenir. Ceux de Tegharghar le comprennent-ils ainsi?

Ibrahima KOITA

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