Le général El Hadj Gamou a signé son retour à Kidal, le mardi dernier. L’officier était à la tête de ses combattants (Imghad) qui constituent « l’armée » de la Plateforme. Ils sont près de 500 éléments, très aguerris et qui connaissent parfaitement Kidal et tout le septentrion.
En effet, à l’éclatement de la rébellion en janvier 2012, le colonel (à l’époque) Gamou, chef d’Etat-major à la présidence de la République, avait été affecté à Kidal sur une décision prise par le président Amadou Toumani Touré qui avait une grande confiance en cet officier dont l’engagement pour le Mali n’a jamais fait défaut depuis son intégration au sein de l’armée. Ainsi, de janvier à mars 2012, Gamou et ses hommes (soldats de l’armée régulière et combattants Imghad) ont résisté à tous les assauts lancés par la coalition Mnla, Ançardine et Aqmi, tous épaulés par des mercenaires. À l’époque, Iyad Ag Ghaly, chef d’Ançardine, avait juré de prendre le contrôle de Kidal. En vain. Il a fallu le coup d’Etat perpétré à Bamako pour livrer Kidal et les autres régions du nord (Tombouctou et Gao) aux ennemis. En effet, après la folie de la bande à Sanogo, Gamou et ses hommes ont été abandonnés à leur triste sort sur le terrain. Idem pour l’ensemble des unités de l’armée qui combattaient au nord. À Gao, tous les officiers du PC opérationnel furent arrêtés, sur ordre des putschistes de Kati. Dès lors, la chaine de commandement se brisa sur l’ensemble du front… Plus de ravitaillement, plus de coordination, plus de résistance…Toutes les localités du nord étaient alors envahies par les ennemis. Conséquence : sur tous les fronts, la farouche résistance de l’armée se transforme en débandade mémorable. La suite, on l’a connait.
Mais à Kidal, Gamou et ses hommes ont continué à résister. Et pour cause, pour Iyad, l’officier imghad était l’ennemi à abattre. Il parait qu’entre les deux hommes, il existe de lourds contentieux… Finalement, à court de minutions et de provisions, El Hadj Gamou opte pour la solution de la sagesse : abandonner le combat, au lieu de sacrifier ses hommes ; et surtout de mettre en danger la vie des populations civiles de Kidal. Il fait semblant de se rallier au Mnla. Une déclaration allant dans ce sens est diffusée sur les antennes d’une radio internationale. À Bamako, Gamou est traité de tous les noms : apatride, ingrat, renégat… Mais l’officier était habitué à ce genre de critiques de la part de ses compatriotes. En définitive, ce vrai-faux ralliement des Imghad au Mnla a permis à Gamou et ses hommes de quitter, en toute sécurité, Kidal ; avant de franchir les frontières nigériennes. Ils y resteront quelque temps avant de regagner le Mali, avec le même engagement de servir le drapeau malien…
Cependant, force est de reconnaitre que la donne a fondamentalement changé à Kidal et dans tout le septentrion malien. D’où de nombreuses questions au sujet de Gamou et de ses hommes, à savoir : les Imghad, après avoir consenti une somme de sacrifices pour la défense de la patrie, sont-ils toujours dans cette dynamique ? Seront-ils tentés d’exiger de l’Etat leur part d’avantages, à l’image des mouvements de la CMA ? Enfin, les Imghad seront-ils tentés (finalement) de se rallier aux autres mouvements ?
C H S