Me Maliki Ibrahim, avocat des victimes, a confirmé que le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Gao a reçu une plainte contre la Minusma. Selon Me Ibrahim, la plainte est déposée contre le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mongi Hamdi, la hiérarchie militaire de la Minusma à Gao et les troupes de la Minusma dans la même ville.
Des habitants de Gao ont saisi le cabinet de Me Maliki Ibrahim pour porter plainte avec constitution de partie civile contre les responsables de la Minusma. Du moins l’avis de Me Maliki Ibrahim, la plainte vise trois personnalités de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilité au Mali, notamment le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, la hiérarchie militaire de la Minusma à Gao et les troupes de la Minusma dans la même ville.
Les victimes estiment que ces responsables doivent s’expliquer sur les événements du 27 janvier dernier lorsque les populations de Gao organisaient une marche contre la Minusma pour exiger le retrait du projet de zone temporaire de sécurité établi de façon exclusive entre la mission onusienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad, hostiles à l’unicité du pays. Les forces de la Minusma ont tiré sur les manifestants faisant trois morts et plus d’une dizaine de blessés.
A cet effet, ils viennent d’enclencher une action publique de justice contre les présumés auteurs et co-auteurs de ce qui est considéré aujourd’hui comme une boucherie humaine orchestrée par une force onusienne “casques bleus”. Au nom des parents des victimes, le cabinet d’avocats “Zahara Noor” de Me Maliki Ibrahim a fait parvenir ce mardi au juge d’instruction du Tribunal de première instance de Gao, une plainte avec constitution de partie civile “pour meurtre et complicité de meurtre”.
Selon l’avocat des victimes, les enquêtes en cours sont administratives des Nations unies. “C’est une commission que la Minusma a mise en place pour diligenter des enquêtes internes. La partie civile n’est pas associée. Or, conformément à la loi, nous avons le droit de saisir la justice pour faire la lumière sur les faits d’homicides qui ont été commis lors de la manifestation. C’est pourquoi les jeunes victimes de Gao ont déposé la plainte avec constitution de partie civile”, a expliqué Me Maliki Ibrahim.
A en croire l’avocat des victimes, les juridictions de Gao sont saisies afin que l’action publique soit mise en branle. “Le juge d’instruction de Gao a été saisi et il appartient au président du Tribunal de désigner le juge d’instruction. Le dossier sera transmis au parquet de Gao afin de notifier à la Minusma la plainte”, a-t-il précisé. A Gao, la population se réjouie de cette nouvelle, car elle vient de confirmer une bavure des forces onusiennes.
Si cette information est confirmée par la publication définitive de l’enquête, cela donnera raison aux jeunes de la Cité des Askia qui n’ont jamais douté de la responsabilité des casques bleus dans cette affaire. Pour Mohamed Maïga, coordonnateur adjoint du CNJ de Gao, les jeunes resteront derrière le gouvernement.
“Lors de la visite du président, il nous a promis la justice dans cette affaire, la jeunesse de Gao reste à l’écoute de l’Etat malien, soutient toutes les actions de nos autorités dans la recherche de paix dans les régions du Nord du Mali”, a déclaré le coordonnateur adjoint du CNJ de Gao, Mohamed Maïga.
Bréhima Sogoba et Yéhia M. Baby, stagiaire