Division électorale de la MINUSMA : D’où tire – t –elle ce mandat ?

3

Commandant MINUSMAAu Mali, la MINUSMA vient de mettre en place sa « Division Electorale », un instrument chargé, selon ses concepteurs, de veiller à l’organisation d’élections transparentes au Mali. Il vient en complémentarité avec un autre instrument placé sous mandat de l’ONU, appelé «le projet d’appui au processus électoral au Mali (Papem) ». Des instruments qui risquent de mettre délibérément sous éteignoir  la DGE, la CENI… et la Cour constitutionnelle. Pour quel dessein ?

La crise au Mali a pris une tournure politique et semble de plus en plus échapper au contrôle des autorités maliennes. Le destin du Mali et celui de ses dirigeants se jouent désormais au sein de l’ONU où les rapports de forces sont disproportionnés. Elu avec le suffrage universel des Maliens, l’actuel président de la République a (avait) placé toute sa confiance en cette organisation internationale (ONU) et en la France, tutrice indiscutable et indétrônable des Maliens. Or, l’ONU est ce que ses puissants membres veulent qu’elle soit. Et la France reste la France même si un certain Nicolas Sarkozy n’est plus au pouvoir. Malheureusement, les rebelles ont compris très tôt ce jeu d’intérêts au sein de l’organisation onusienne et ont su en tirer profit en transformant ce qui semblait être au départ une « randonnée terroriste » en revendications politiques. La « défense des droits des minorités autochtones » a fini par convaincre les plus sceptiques au sein de l’organisation onusienne.

Ça c’est un aspect. L’autre aspect, c’est que la France n’aime pas « IBK ». Disons-le ainsi même si on a l’habitude de dire que « les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts ». D’ailleurs pourquoi aimerait-elle un homme qui dès les premières heures de son investiture, invite un certain Moussa Traoré, ce « dictateur » renversé par la France et qu’il ose appeler « républicain ». Pourquoi la France aimerait-elle ce « nègre » qui dit ne pas avoir du complexe à manier la langue de Molière et qui veut être considéré au même titre que François Hollande parce qu’il est le président d’un Etat souverain, certes, à genou, mais qui compte garder sa dignité. L’achat d’un avion présidentiel (propre au Mali) entre dans ce cadre. Un Etat qui recherche également son honneur bafoué (l’achat d’armement et d’équipements militaires sans l’implication de la France a fait crier haro sur le baudet). La dernière boutade d’IBK a été à l’occasion de la première signature de l’accord de paix par une partie des groupes rebelles quand il a « osé » répondre au Français de l’ONU, un certain Hervé Ladsous. La riposte de ce dernier prouve que la France et ses alliés ne portent plus et ne supportent plus l’homme appelé « IBK ». Est-il désormais un homme à abattre ? Et comment ?

« IBK n’est pas le cheval sur lequel la France avait misé » lors de l’élection présidentielle de 2013. Au Mali, cela a été dit au lendemain des élections. Difficile de dire qu’on a tort ou raison de penser ainsi. Mais, une chose dont on peut être certain : le comportement « ambigu »de notre « amie » la France dans le processus de sortie de crise ; un comportement qui a poussé certains Maliens à dire qu’elle « protège » le MNLA. D’abord, il y a Kidal, où les « rebelles du MNLA » ont été repositionnés après avoir été chassés par ses alliés de l’heure occupation des régions du nord. Ce qui amène certains à dire que la France est intervenue à Konna pas pour les beaux yeux du gouvernement du Mali mais pour mieux repositionner ses amis du MNLA. Il a les multitudes violations du cessez-le- feu par ces « rebelles » sans que la France et ses alliés ne bronchent. Il y a aussi Ménaka ; le discours protecteur français des non signataires de l’accord de paix ; l’absence d’une représentation qualitative aux cérémonies de signature de l’accord d’Alger… Bref, la France a son propre agenda.

Tout laisse croire que les « instruments » qui sont en train d’être mis en place, chargés de « veiller » sur le processus électoral, sont en réalité des instruments au service d’une France qui veut « garder la main » sur le Mali.

Rappelons le mandat de la Minusma tel que ses responsables le définissent. Etant une opération de maintien de la paix, la Minusma a comme mandat de conduire les patrouilles, surveiller le respect du cessez-le-feu, vérifier la mise en œuvre des arrangements sécuritaires.  Ce mandat a été élargi au lendemain de la signature de l’accord de paix. La Minusma a reçu comme nouveau mandat de : soutenir le gouvernement dans sa mise en œuvre des réformes institutionnelles, la mobilisation diplomatique, politique et financière de la Communauté internationale pour soutenir la stratégie de développement ; appuyer les efforts de réforme du secteur de la sécurité, de désarmement,  de démobilisation et de réintégration des combattants, ainsi que la reforme de la justice.  La Minusma va s’investir également dans les efforts de réconciliation avec un accent particulier sur la conférence d’Entente Nationale et l’élaboration de la Charte pour la paix, l’Unité et la Réconciliation nationale.

Où est-ce que la Minusma a reçu mandat de créer une “Division Electorale” chargée de veiller sur la transparence des élections. Cette prérogative est et doit être laissée aux institutions de la République et à ses instruments chargés de l’organisation des élections, souveraineté nationale oblige. On pourrait comprendre que la MINUSMA cherche à renforcer les capacités de la  DGE et de la CENI. Mais créer des doublons, cela nous fait craindre le pire et penser au scénario ivoirien.

Tièmoko Traoré

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Mes chers compatriotes, au cas ou vous ne le savez pas encore, le Mali est sous tutelle depuis que les avions de Serval ont décollé pour leurs premières opérations. La tutelle a juste été formalisée et internationalisée (pour la rendre un peu plus digeste) avec la mise en place de la MINUSMA. Réveillez-vous donc, si vous dormez toujours.

  2. Oui, vous posez une bonne question, pour quel dessein??????? 😳 😳 .Nous nous rappelons du cas ivoirien où c’est la mission des NU qui donnait plus de légitimité et de légalité aux élections que la cour constitutionnelle ivoirienne. Et tout le monde connait la suite. Après avoir pressé le gouvernement malien de lever les mandats d’arrêt contre les criminels ( mais qu’attend Fatou Ben Souda pour venir chercher ces violeurs? 😳 ), la MINUSMA s’apprête déjà à leur donner la légitimité car elle influencera sans le consentement de la majorité des maliens sur la constitution afin de prendre en compte leur fameux accord. Nous disons NON et nous exigeons un referendum pour se prononcer contre les ARRANGEMENTS en faveur des narco criminels djihadistes 😛 😛 😛 .

  3. C’est le début du commencement comme on a eu souvent à le dire ici et là. Nous les Africains les noirs et surtout le Malien (différent de nos pères les ex Soudanais qui avaient une vision) on ne voit que le bout de notre nez et même là c’est à voir ! Tout le monde est content tout le monde s’est fait beau et tout le monde a signé ces accords : c’est ou c’était surement le seul moyen de ne pas trop nous humilier par ces fainéants djihadistes mnla etc et consorts “an ton dereké nous tabasser nous terrasser ” etc…donc ne soyons pas etonné de la création d’une commission élections de ONU MINUSMA etc..;et un jour ILS VONT ORGANISER UN REFERENDUM BIDON et qui sera reconnu par ces organes ONUSIENS et nous pauvres maliens on aura juste nos yeux pour pleurer (regardez aux COMORES et ANJOUAN ?????) et le Soudan du sud qui se déchire entre eux… donc ces gens ont une vision d’un siècle sur nous. Tout est une question de temps : ils vont faire d’un petit groupe de Touaregs traites à leur pays DES RENTIERS, des gens pas nombreux qui vont vivre des ressources de pétrole ou de minerais de cette zone comme les vrais koweit et Qataris au détriment de la majorité du peuple Malien.

Comments are closed.