Le chant du cygne peut-être pour ces indécrottables se prenant depuis, pour le nombril de la terre mais qui, à la vérité, demeurent de simples gadgets aux mains de puissances occultes dont les maliens mesurent aujourd’hui, au pifomètre, le degré de duplicité.
Sans être mage ou médium, les multiples scenarii qui se déroulent actuellement dans l’Adrar des Ifoghas semblent avoir été longtemps prédis tant les incongruités et les rodomontades des seigneurs du désert ont fini par éclairer plus d’un sur la friabilité de ce consorsium de bandits armés. Il est permis aujourd’hui de croire que le chiffon rouge inexorablement agité dans le désert, en guise d’épouvante, n’est rien moins qu’une simple membrane de cellophane irisée prompte à se désagréger à la moindre pincée. Hier, plus qu’aujourd’hui, les convictions profondes du peuple malien n’en sont que davantage renforcées quant à la mauvaise fois manifeste de la Coordination des Mouvements de l’Azawad à privilégier les sentiers battus plutôt que les dédales sécurisés menant à la paix véritable, celle des cœurs et des esprits. Et dans cette aventure, tous les coups sont permis surtout lorsque les ambitions divergent. C’est cela qui est aujourd’hui observé dans les rangs des flubistes de Kidal qui peinent à retrouver leur cohésion, depuis le départ tonitruant de la médiation algérienne de la cité des Ifoghas, excédée qu’elle a été par le sempiternel reniement des ‘’hommes bleus’’. Et lorsque la communauté internationale en rajoute sa voix, il est indéniable que cela fait mouche. La démarche louable du gouvernement à informer les maliens sur le contenu de l’accord et son appropriation in-extenso par les populations dans sa grande composante, a été l’élément déclencheur de la crise diffuse entre arabes et touaregs membres de la coordination. En effet, grâce à l’entregent de l’Amenokal de Kidal, Mohamed Ag Intallah Ag Attaher, les touaregs, dans leur substrat ont compris qu’il n’y a pas de sort qui vaille en dehors de la République du Mali, que toute autre considération, fut-elle sécessionniste n’est que chimère conduisant ainsi à une pure perte. A mots couverts, cette position a été défendue courageusement par certains dignitaires du Mnla, visités par la grâce, au cours de plusieurs rencontres informelles entre bandits du même acabit, nous indique-t-on. Il n’en fallait pas plus pour soulever le courroux des arabes qui y voient les prémices d’une trahison, du reste, longtemps subodorée. Selon la thèse de ces derniers, les touaregs pourront bien sortir à bon compte dans le cadre d’une régionalisation d’autant que toute une région, celle de Kidal, leur est dédiée. Ce qui leur serait profitable à souhait, vu la kyrielle de mesures contenues dans le projet d’accord qui feront le bonheur des populations de cette région. C’est tout le sens de la levée de bouclier des chefs militaires arabes et leur aile politique qui doivent se fondre, auquel cas, dans la masse dans des régions comme Gao ou Tombouctou, ou leur influence économique reste leur seul viatique. D’où leur acharnement à revendiquer un onirique territoire azawadien s’étendant bien au-delà des frontières des trois régions du nord. Cette fissure observée dans le gravât de la rébellion, témoigne à la fois de la forte pression centrifuge exercée par les faiseurs de ce monde, et surtout la posture du gouvernement malien dont la fermeté à plus que mis à nu bien de parrains de cette mafia, condamnée aujourd’hui à faire amende honorable et faire droit à la légalité et à la légitimité. Pendant ce temps, les arabes du MAA tentent de maintenir l’étreinte sur les touaregs du Mnla et du Hcua afin que ne parte à vau-l’eau leur anachronique ambition d’autonomisation des régions du nord. Mais pour combien de temps ? Car la tonalité du tocsin sonné est telle que toute autre alternative demeure sans issue.
Amadou SANGHO