Dialogue inter-maliens : Azawad, l’arbre qui cache la forêt… ?

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AzawadUn vent d’espoir commence à souffler sur le Mali, qui a longtemps attendu ce moment de voir le gouvernement et les groupes rebelles armés se réunir à table des négociations. Après la signature à Alger de la feuille de route des négociations, le 24 juillet dernier, il est difficile de ne pas dire que le Mali a avancé au moins d’un millimètre, a fait un pas en avant sur le pénible chemin devant le conduire à fermer la fenêtre de la crise au nord du pays. Depuis le début de la crise née de la destitution du président ATT, spécialistes, journalistes et politiciens n’en finissent pas de se demander comment le Mali va sortir de l’entonnoir de la régression, avec le coup d’Etat et la spirale de la rébellion MNLA au nord. Et des voix, courageuses, n’ont pas hésité dès l’aurore de cette rébellion que seule la voie du dialogue pourra dispenser le Mali d’une option guerrière qui risquait de ne rien résoudre. Alors que le temps était encore à la colère, à la fierté, à l’émotion et à l’orgueil. Au point que le cocktail de la déception et du pessimisme en était devenu explosif. Il est désormais loin ce temps, même si beaucoup ont encore du mal à l’enfouir dans leur armoire à souvenirs. Le 17 août prochain, démarrera à Alger « l’étape de la négociation des questions de fond », avec une médiation menée par l’Algérie, aidée par une autre équipe composée de la CEDEAO, de l’ONU/MINUSMA, de l’UA, de l’OCI, de l’UE, ainsi que du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.

 

On le sait, ces négociations ne se tiennent pas en Algérie pour redorer le blason de Abdelaziz Bouteflika, ce président malade, qui n’a pratiquement plus aucune activité, mais qui a rempilé pour un quatrième mandat. Le fait est que la présence de cette pléiade de médiateurs dans ce processus n’est pas anodine ; elle est la vérification de l’intérêt que ces pays et la communauté internationale portent au Mali. Mais ce qu’on ne dit pas assez, c’est que l’implication de tous ces intervenants pose tout simplement la question de la géopolitique de la situation qui prévaut à Kidal. C’est-à-dire que c’est une situation qui comporte à la fois des défis sécuritaires, stratégiques et économiques que l’opinion publique nationale a du mal à appréhender. La Mauritanie, le Niger voire l’Algérie, pour ne citer que ceux-ci, ne soutiennent pas le Mali seulement parce qu’il est le maillon faible de la lutte contre le terrorisme dans le sahel, mais plutôt parce qu’ils ont peur de voir ressurgir chez eux des velléités indépendantistes. Mais là où il faut allumer les clignotants et arrêter de respirer à plein poumon ce vent d’espoir qui se met à souffler, c’est de dire que la coordination des mouvements (MNLA, HCUA, MAA…), signataire de la feuille de route, n’a pas l’intention de céder sur l’Azawad et son statut. Et c’est là aussi qu’apparaît dans toute sa gravité l’hypocrisie de ces groupes armés qui prétendent revendiquer au nom de populations qui ne leur ont donné aucun mandat, et dont l’écrasante majorité ne s’est jamais déclarée solidaire avec leur combat de démagogie identitaire et de surenchères.

Ce que les groupes rebelles armés n’ont jamais compris, mais que certains peuples sahariens (peuls, sonrhaïs…) ont compris, c’est qu’une rébellion est toujours une réaction régressive dont les conséquences affectent tout le monde. Et que ces propos « Nous n’avons pas engagé la lutte au nom des autres régions du Mali. Donc, nous n’avons pas à juger de leur comportement après l’accord global. Nous avons des revendications pas seulement économiques… », tenus par le vice-président du MNLA, Mahamadou Dieri Maïga, dans une interview accordée à La Nouvelle Libération, poussent à dire que l’Azawad n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un combat mené au nom d’une sorte de « localisme » et au détriment de l’idée nationale.

 

Boubacar Sangaré

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