Ce quatrième “round” des pourparlers d’Alger n’a pas duré le temps qui lui était imparti, pour cause d’incompatibilité notoire des points de vue des partis protagonistes.
Il faut dire qu’à ce quatrième “round” des négociations, la Coordination des mouvements de l’Azawad (regroupant le trio Mnla-Hcua-Maa) a visiblement fait preuve de mauvaise foi, en dépêchant dans la salle des débats des représentants de second plan, auxquels d’ailleurs elle n’a conféré aucun pouvoir décisionnel. C’était là, tout simplement, une façon de jouer à la politique de la chaise vide de la part des représentants politiques des mouvements armés du nord.
MAUVAISE FOI DES GROUPES ARMÉS
Depuis le début des pourparlers d’Alger, il y a cinq mois de cela les groupes armés du nord, notamment le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla), ont multiplié les caprices pour toujours renvoyer les assises aux calendes grecques. Le Mnla a pris goût à s’accrocher à des revendications qu’il sait lui-même irréalisables. Cela rien que pour retarder la signature d’un accord définitif de paix.
Ce jeu trouble mené par la Coordination des Mouvements de l’Azawad lui a valu la défection de l’une de ses composantes, en l’occurrence le Front Populaire de l’Azawad (Fpa) du Colonel Hassane Ould Medhi qui a claqué la porte de la coordination pour rallier le côté gouvernemental malien.
De nos jours, la branche politique de la Coordination des Mouvements de l’Azawad aurait les mains liées. Car la branche armée de la Coordination, sous le commandement du Colonel Mohamed Ag Najim, menacerait de tuer ses dirigeants politiques et toutes leurs familles si jamais ceux-ci acceptaient de signer un accord de paix qui ne prendrait pas en compte leurs doléances, notamment celle de leur réintégration à l’armée malienne. Or, le Gouvernement malien ne voudrait pas entendre parler de cette réintégration, vu que bon nombre de partis politiques et d’organisations de la société civile s’y sont prononcés contre.
La communauté internationale, avec la France en tête commence à être exaspérée par la lenteur des négociations et elle l’a fait savoir en début de semaine par la voix de son Ministre de la Défense. “La perspective c’est janvier, avec la pression nécessaire pour que ça aboutisse. Pas uniquement en terme politique. Il ya aussi une dimension économique, un développement nécessaire du nord-Mali. Il faut que la feuille de route soit validée”, a insisté Jean Yves Le Drian, le Ministre français de la Défense. Voilà qui est clair et précis. La communauté internationale veut un accord de paix en janvier 2015. Comme le disait l’autre “la communauté internationale en a marre de ces tergiversations du Mnla. Trop c’est trop !”
LA FRANCE SIFFLE LA FIN DE LA RECRÉATION
Il faut dire que dans cette exigence, pour que la feuille de route soit validée en janvier prochain, la France ne fait pas cavalier seul. Dans sa démarche, elle s’est fait accompagner des États-Unis d’Amérique (Usa) a qui elle aurait demandé d’intervenir auprès du roi Mohamed VI du Maroc, afin que celui-ci mette la pression sur le Mnla qui, vraisemblablement, est présentement le seul à rejeter le projet de paix (modifié) proposé par la médiation algérienne.
Le choix du roi Mohamed VI pour cette mission n’est pas fortuit, c’est plutôt compte tenu des relations qui existent entre le souverain chérifien et Bilal Ag Achérif, le secrétaire général du Mnla. En effet, on a encore en mémoire la rencontre entre Mohamed VI et Ag Acherif le vendredi 31 janvier 2014 au palais royal de Marrakech. Lors de cette rencontre, le souverain chérifien a insisté sur l’impérieuse nécessité de préserver l’intégrité territoriale du Mali.
Concernant la prochaine session des pourparlers d’Alger (le 5è round), la France tient absolument à ce que les responsables au premier plan des groupes armés soient effectivement présents lors des débats. Ce qui fait dire à Jean Yves Le Drian que “les groupes armés signataires soient représentés par leurs plus hauts responsables. Idem du coté de Bamako. Tout le monde doit comprendre que l’heure de la vérité approche”.
Selon certains observateurs, cette position tranchée de la France, qui ne semble pas plaider en faveur des groupes armés, aurait d’une façon ou d’une autre des liens avec la récente libération du dernier otage français dans le Sahel.
Même si le Ministre Jean Yves Le Drian a récusé cette assertion, les observateurs pensent que si jusque-là la France a caressé le Mnla et ses alliés dans sens du poil, c’est parce que tout simplement elle espérait que ceux-ci pouvaient l’aider à faire libérer ses citoyens qui étaient détenus par des djihadistes. La libération de Serge Lazarevic ayant été obtenue avec le concours du président IBK, il ne fait pas de doute que la France et son président François Hollande sauront être reconnaissants envers le Mali. Attendons pour voir.
Mamadou GABA