Dégradation sécuritaire au Nord-Mali : Le colonel Bamoussa déserte l’armée avec 5 véhicules Iyad Ag Agaly rejoint le maquis – Mohamed Ag Erlaf dans l’embarras du choix

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Le septentrion malien est pris de convulsions par des évènements très malheureux dont les plus dangereux pour la sécurité et la paix dans cette région semblent être l’entrée en scène d’anciennes figures emblématiques de la rébellion des années 1990. Il s’agit en l’occurrence du colonel Bamoussa (Baba Ag Mousa) qui vient de déserter l’armée avec 5 véhicules ; Ag Agaly qui rejoint le maquis. Quant au nouveau patron du PSPSDN, Mohamed Ag Erlaf, il négocierait un statut particulier pour la Région de Kidal. Ces derniers temps, il a effectué plusieurs visites officieuses dans le nord.

La série de révélations continue, comme nous l’avions promis dans notre dernière parution du lundi dans un article intitulé « Région de Kidal : les trois visages cachés du MNLA». Vous ne croyez pas rêver, non ! Les enfants terribles de l’ancienne rébellion refont surface, après avoir eu droit à tous les privilèges de la part de l’Etat malien. C’était-il prévisible ? Il aurait fallu savoir lire les grimoires. Mais depuis quelques jours, les choses se sont accélérées dans les régions Nord-Mali au gré d’événements malheureux dont la succession ou la coïncidence laisse pantois un esprit incrédule.

Mercredi 23 novembre, un Français était blessé à Gao. Il était en compagnie de l’honorable député Ahmed Ag Bibi. Le lendemain jeudi, deux prétendus géologues étaient enlevés à Hombori. Des médias maliens et occidentaux découvrent le poteau rose par le moyen des services de renseignements français, la DGSE : il s’agit en fait de mercenaires. Selon Europe 1, l‘un des otages, le Français d’origine hongroise, aurait participé en 1997 au recrutement de mercenaires yougoslaves envoyés combattre au Zaïre et il aurait fait partie deux ans plus tard d’un "réseau clandestin" en Serbie. Le second aurait été arrêté en septembre 2003 aux Comores pour avoir voulu renverser le pouvoir du colonel Azali Assoumani dans une tentative de coup d’État, ajoute la radio. Et le vendredi 25 novembre, trois Occidentaux étaient à leur tour enlevés dans la ville sainte, Tombouctou, sur la terrasse d’un hôtel. Un autre a été tué pour avoir opposé une certaine résistance à ses ravisseurs. Ça fait trop de coïncidences malheureuses. Vraisemblablement, il s’agit là de l’œuvre de gens de l’ombre qui recrutent des mercenaires pour déstabiliser le nord.  Toute chose qui justifie ce communiqué du gouvernement rendu public samedi : «Le Gouvernement de la République du Mali  informe l’opinion nationale et internationale de l’enlèvement de trois touristes européens et de l’assassinat d’un quatrième à Tombouctou ce jour Vendredi 25 Novembre 2011…Le Gouvernement du Mali considère qu’après les douloureux évènements de Hombori, l’action terroriste de ce jour est une attaque perpétrée contre  la sécurité et la stabilité de notre pays. A cet égard, il réaffirme sa détermination et son engagement  sans faille à entreprendre toutes les actions que commande la situation afin de garantir la paix,  la sécurité et la stabilité

Et patatras ! Selon des sources bien informées, Mohamed Ag Erlaf, Directeur général de l’ANICT et Coordinateur du programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement au Nord (PSPSDN), serait actuellement à l’intérieur de la région de Kidal. Quelles sont ces intentions ? Pour qui roule-t-il ? Au même moment, le colonel Bamoussa, a déserté l’armée avec au moins 5 véhicules. Les rumeurs sur les intentions d’Iyad Ag Agaly se confirment : il a rejoint le maquis.

Seul le colonel El Hadji Gamou et les membres de sa communauté rentrés de Libye (Imrad) ne figurent pas sur ce tableau noir. Il a refusé de suivre ses cousins Inforas qui sont prêts à mettre le feu aux poudres dans le nord. Après donc le député Alghabasse Ag Intallah, Ambéïry Ag Rhissa et Hama Ag Sidi Ahmed -qui se cachent derrière le mouvement national de libération  de l’Azawad (MNLA), d’autres anciennes figures de la rébellion au Nord-Mali reprennent du service. Qui sont-ils ?

Le colonel Bamoussa est celui-là qui a été porté à la tête des unités spéciales dans le nord du Mali, en décembre 2010. Il est un responsable des ex-rebelles touaregs maliens qui avaient repris les armes en 2006.  Il faut préciser que les unités qu’il dirige, étaient prévues par les accords de paix signés en 2006 entre Bamako et les rebelles touaregs. Ces unités sont chargées sous le commandement de l’armée régulière de la sécurisation du Nord du Mali.

Iyad Ag Agaly,  il connaît par cœur l’organisation et le déclenchement de la quasi-totalité des rébellions touarègues contre Bamako, pour ne pas dire qu’il est à l’origine de ces rébellions. Mais il a un moment entretenu le mystère, peut-être pour montrer qu’il avait tourné la page. Ce chef rebelle de Kidal, une figure emblématique de la rébellion touarègue des années 90, s’était rallié en 2006 à la nouvelle rébellion et en était devenu «le chef». Jusqu’à son ralliement, Iyad Ag Agaly était considéré par les autorités maliennes comme un médiateur et a été plusieurs fois reçu par le président Amadou Toumani Touré pour discuter des «revendications » des ex-rebelles touaregs.  Il avait élu domicile à Kidal dans une maison cossue et avait fait croire qu’il a rangé les armes contre la mosquée. Mais il se signalait régulièrement dans le dénouement de prises d’otages occidentaux. À croire qu’il s’était reconverti dans ce genre de négociations, grâce à ses connexions dangereuses avec Aqmi et autres narcotrafiquants, dans les régions du nord. Il restera un rebelle dans l’âme.

         Par ailleurs, il laisse derrière lui une triste carrière de diplomate qui n’a duré qu’un laps de temps au Royaume d’Arabie Saoudite. Les autorités saoudiennes l’ont expulsé de leur territoire pour ses relations avec les groupes terroristes. On se rappelle qu’on lui a tout simplement donné le billet d’avion : Ryad-Paris. Il a fallu le concours du Mali pour qu’il rentre au bercail.

Dioukha Sory

Au secours, ATT est dépassé par les événements ! 

L’homme qui disait naguère maîtriser la situation au nord plus que quiconque, semble mettre un peu d’eau dans son vin. Il dit bien connaître aujourd’hui cette partie du pays à l’instar de beaucoup d’autres personnes civiles et militaires. Il s’agit là d’un tournant important et peut-être même d’un changement de stratégie. Ce n’est pas trop tôt. Qu’est-ce qui explique cette donne ? Peut-être les enlèvements à Hombori et à Tombouctou. Pas seulement ; il y a pire (lire notre article en page 3). Ce qui est important dans les propos tenus samedi par le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré à Dioïla, c’est qu’il semble renoncer à ne faire prévaloir que sa seule façon de faire les choses dans le septentrion. Car jusqu’ici, lui seul pensait avoir la solution à l’insécurité. En clair, sa stratégie n’a pas marché puisqu’il est dépassé par les évènements. D’où cet appel à la communauté internationale, pour gérer ce qui serait les conséquences collatérales de la crise en Libye. Et oui, ATT invite la communauté internationale à prendre ses responsabilités, autrement dit à venir prêter main forte au Mali. Sur la même lancée, il demande aux Maliens, Noirs comme Blancs, dans la détermination et la cohésion, de se mettre debout pour la construction et la défense de la patrie. Et l’armée à «détruire» tout bandit. Déclaration de guerre. Le général 5 étoiles n’a plus aucun autre choix. Mais le mea culpa est tardif.

 

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