Le doyen Mahmoud Alpha Maiga, dans sa chronique, nous reviens sur la gestion de la rébellion par les différents pouvoirs qui se sont succédé depuis 23 ans. Cette chronique annonce un livre qui sera très bientôt en librairies. Lisez.
C’est dans le mensuel Africa International en 1990 que j’ai annoncé mon suivi journalistique sur ce qui, depuis de longues années s’est ventilé sous le vocable « rébellion touareg ». Nous sommes septembre de cette année-là, Iyad Ag Ghaly venait de déclencher une nouvelle histoire – une autre histoire – du Mali qui va donc transfigurer l’espace sociétal d’une harmonie entre peuples du Sahel vieille de mille ans. Je le craignais d’où mon attention vive. La presse occidentale, la française en l’occurrence s’est mise aux avant-postes. L’hebdomadaire l’Express est le premier journal français à recueillir les propos du Chef de la rébellion tout droit sorti des rangs de la Légion Verte (islamique) de Kadhafi. Septembre 1991, je rencontrais cet homme au Mali. A Bamako d’abord, lors de la conférence nationale où il était invité, puis dans sa base de Taïkarène en plein désert malien… pour Jeune Afrique où j’étais reporter depuis un an. Il avait autour de lui une bonne ceinture d’intellectuels de sa région, Kidal… à distance, j’observais l’évolution de la situation. Révélation : l’Etat du Mali a affaire à des guerriers bien formés pour les guerres à l’étranger, hors de la Lybie, et un mécanisme de propagande hors pair, bénéficiant d’un appui de lobbies associatifs occidentaux et ONG françaises opérant dans le désert et le Sahel sous le label d’aide aux sinistrés des sécheresses successives qui ont démembré les sociétés locales.. Avec alentour, tout leur système de production.
Au Mali dont il est question ici, l’espace politique change de couleur. Moussa Traoré et son régime tombent, et le « mouvement démocratique »se met en place. Arrive une succession de négociations avec la rébellion sous l’égide de l’Algérie, pays ami qui se révélera par la force du constat être le pompier pyromane. Ce pays hébergeait les chefs rebelles et conditionnait son voisin le Mali… Konaré élu en 1992 capitule littéralement, et par centaines, les rebelles sont intégrés dans tous les corps militaires et paramilitaires avec… leurs grades « auto – dictés ». Commence donc la série : l’Etat recule et les rebellions avancent. Konaré passe le témoin à ATT et l’ordre du Nord Mali devient désordre et confusions militaires. Le commandement cesse d’en être un, et corruption au cœur même de l’armée, recrutements sans critères, abus de droit côté civil, passe-droits et impunité feront du Mali entier une grosse interrogation. Le consensualisme, formule d’ATT, en devient le moteur, et l’irresponsabilité le carrosse. Bref, en vingt ans la chose est devenue inénarrable : Konaré, enseignant, en dix ans de mandat présidentiel a mis l’école malienne à genoux, dernier de la classe mondiale. En dix autres années ATT, militaire, a fait de l’armée malienne une pacotille… une brocante comme l’a écrit le Général Grégoire de Saint Quentin, premier patron de l’opération Serval au Mali en 2013.
Constatant tous ces errements d’Etat à partir de 2009, j’ai décidé d’affronter en tant que journaliste, enfant d’un Territoire politiquement malmené, non seulement les acteurs et auteurs d’une forfaiture, mais tout un système construit sur du simulacre, donc du mensonge. D’où l’agressivité des chroniques ici alignées et les reportages osés et audacieux là où, encore une fois l’Etat malien a jeté l’éponge. Dans cette compilation, tout est assumé, et n’engage que l’auteur que je suis. Pour le reste, je proposerai bientôt un état des lieux sans la passion qui alimente ladite compilation. Et l’on saura davantage la RAISON D’UNE COLERE. Parce que mon pays a été mis en danger existentiel du fait de deux chefs d’Etat qui l’ont trahi…faisant coup le lit à l’internationale djihadiste, et du Mali la poubelle de l’Algérie qui jetait là ses intégristes/fondamentalistes assassins à industrie innommable: les enlèvements d’européens contre rançons… Et ATT était aux premières loges, puis la drogue et autres trafics où le même homme et ses généraux et ses colonels étaient impliqués, pire, mouillés jusqu’aux genoux. Le ton de ce livre a pour prétention d’éveiller les consciences et de réveiller hommes et femmes du Mali de torpeurs qui leur ont été injectées ; et tenter une médication devant la septicémie politique dont le Mali est atteint !
Source : Fraternité africaine : Mahmoud Alpha MAIGA