Dans notre livraison du lundi 13 avril 2015, nous titrions : ” Pied-de-nez à la Médiation “. C’était à la suite de l’annonce faite par certains médias internationaux du paraphe de l’Accord pour la Paix et de réconciliation nationale au Mali. Des propos très rassurants avaient été prêtés à Ramtane Lamamra, Ministre Algérien des Affaires Etrangères. En sa qualité de chef de file de la Médiation, ce dernier avait justement fait croire au monde entier que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avait donné son aval. Or, c’était tout le contraire puisqu’un porte-parole de la CMA était sorti de son mutisme pour décliner le paraphe. Prévu le 15 avril dernier à Alger, le paraphe du document n’a effectivement pas eu lieu. En tout cas, la CMA, maître de la région de Kidal et environs, avait fait faux bond.
Seuls les groupes de la Plateforme se sont engagés.
Le gouvernement malien était, de son côté, vite allé en besogne. Il avait paraphé le document à la première alerte.
Dans l’article, nous attirions l’attention des autorités sur la démarche entreprise. A juste titre, nous avions rappelé les observations pertinentes du vieux Amadou Traoré et de Dame Fatoumata Sacko sur les risques du document produit par la Médiation algérienne. Nous avions enfin cité l’un de nos compatriotes, Miky Kéïta, qui pensait que l’Accord était ” néfaste et dangereux pour le Mali “.
La CMA sur pied de guerre
Ces messages étaient allés dans les oreilles de sourds. Les autorités maliennes ont continué à croire aux propos mielleux de la Médiation. Elles ont poursuivi leurs campagnes d’informations et de mobilisation autour de la signature effective du document, le 15 mai prochain à Bamako. Parait-il que des dizaines de Chefs d’Etats seraient présents ce jour à Bamako. Avec ou sans la CMA, l’on se déciderait à ” avancer “.
Or, la menace se précise actuellement du côté de la CMA. A moins d’une semaine de la date fatidique, ses responsables annoncent les couleurs de graves évènements. Des communiqués de guerre sont en effet diffusés ces temps-ci sur les ondes de la station régionale de l’ORTM de Kidal qu’ils occupent depuis l’année dernière.
Selon nos sources, tout aurait commencé le jeudi 7 mai 2015, aux environs de 18 heures. Les habitants de la ville ont été surpris d’entendre des communiqués aux tons belliqueux. ” Nous ne nous laisserons pas distraire par les évènements de Ménaka ” (en référence à la défaite enregistrée face au GATIA), ” Nous continuerons à nous battre contre la République du Mali “, rapportent nos sources.
Comme si tout cela ne suffisait pas, la CMA a lancé un ultimatum aux éléments qui avaient déserté ses rangs. Il leur est intimé l’ordre de clarifier leurs positions d’ici hier dimanche.
Depuis jeudi dernier donc, les mêmes communiqués passent et repassent. Pendant ce temps, à Bamako, l’on assiste au défilé de personnalités diverses. Espagnols, Français, Tunisiens et Onusiens, tous ont été aperçus à leur sortie d’entretiens au Palais de Koulouba, siège de la Présidence malienne.
Mongi Hamdi, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, a par exemple rencontré les plus hautes autorités du pays et les membres de la Plateforme, déjà acquis à l’accord de paix. A sa sortie d’audience, le diplomate onusien n’a pas été des plus convaincants. Etait-il venu encore tordre le cou et les mains des gens de Bamako ? L’ONU ferait-elle la part belle à la CMA ? Les militaires onusiens, basés à Kidal, n’auraient-ils pas écouté les communiqués de la CMA ? Ne savent-ils pas que la CMA s’obstinerait à reprendre les hostilités ?
B.Koné