Profitant du lancement des travaux de bitumage de la route Fana-Dioila, le 26 novembre dernier, le président de la République, Amadou Toumani Touré, s’est prononcé sur la situation sécuritaire au nord de notre pays. Tout en reconnaissant la complexité de la maîtrise de la zone, le général ATT a renouvelé sa confiance aux forces de défense et de sécurité. Il les a appelées à leur devoir cardinal : la sauvegarde de la cohésion, de l’unité nationale et la défense de l’intégrité du territoire. ATT a instruit aux forces armées de détruire sans mesure, ni état d’âme, ce qui va à l’encontre des intérêts de ce monde civilisé. Le président a par ailleurs demandé à ses concitoyens de faire preuve d’unité pour défendre la patrie. Quelques extraits de l’intervention du président ATT.
« ….Chez nous au Mali, l’hôte est sacré. Nous sommes peinés et profondément touchés par ces événements crapuleux et inqualifiables. Nous avons mal… Au Mali, depuis 700 ans, dans la Charte de Kurukanfuga, il y a un article extrêmement important qui dit que la vie humaine est sacrée. Qu’elle soit une vie malienne ou une vie étrangère… Nous condamnons tous ensemble, Maliens de l’extérieur comme de l’intérieur, cet acte odieux avec la plus grande fermeté. Ces actions terroristes ciblées contre les Occidentaux, hôtes de notre pays, sont en fait des attaques perpétrées contre la paix et constituent une atteinte à la stabilité de notre pays, gage de tous les progrès que nous avons enregistrés. Comment pouvez-vous comprendre que partout où je suis passé au nom du Mali et des Maliens, je ne peux que prôner l’hospitalité pour la reprise d’une économie locale extrêmement importante pour les revenus de nos populations que sont le tourisme et l’artisanat.
Après tous ces efforts, voilà qu’une bande que je ne saurais qualifier met à mal nos arguments et l’hospitalité que nous avons toujours accordée à ceux qui ont eu confiance en nous. La crise libyenne, il faut le rappeler, par ses effets collatéraux, a engendré une dissémination d’armes de tout genre, des armes individuelles, collectives, des antichars, des pièces d’artillerie, des moyens anti-aériens, aussi bien que des moyens de mobilité. Ce ne sont pas seulement des armes mais des armées qui se sont déplacées pour prendre pied dans les pays riverains. Notre pays connaît également ce phénomène. Cette crise alimentée par la dissémination des armes qui a plutôt alimenté les menaces déjà existantes, des menaces que nous connaissons déjà, a fait de la bande sahélo-saharienne, le plus grand magassin d’armes du monde et surtout à bon marché. Cette descente d’armes et d’hommes a créé certains phénomènes. Je n’en citerai que deux : d’abord de nouveaux rapports de forces extrêmement importantes et d’autre part de nouvelles ambitions et de vieilles ambitions dont il va falloir que nous tenions compte.
Cette situation déjà préoccupante dans une zone fragile met à rude épreuve la sécurité nationale, l’intégrité des pays riverains du Sahara et de la sous-région. A cet égard, le Mali réaffirme à mon nom et au nom de l’ensemble des Maliens, sa détermination et son engagement à entreprendre toutes les actions que commande la situation, afin de garantir la paix et la sécurité et surtout la stabilité qui est la principale richesse de notre pays, ce qui est également un gage de progrès et de quiétude.
La communauté internationale doit analyser l’impact grave de la crise libyenne sur les autres pays. Si certains disent que la guerre de Libye est terminée, je ne peux que m’en réjouir. Mais seulement, il faut qu’ils sachent que d’autres guerres certainement seront ouvertes si toutes les mesures ne sont pas prises pour les endiguer immédiatement. Il est inadmissible que des hommes qui ont combattu et qui étaient dans d’autres armées depuis 30 ans décident de venir chez eux… Ceux qui viennent pour la paix et la stabilité sont les bienvenus. Ceux qui hésitent, nous ferons tout pour les convaincre. Mais, nous n’accepterons jamais que des armées étrangères viennent avec des armes étrangères inonder toute la bande sahélo-saharienne et agresser notre pays. Nous ne l’accepterons en aucune manière. Aussi, la communauté internationale doit-elle prendre ses responsabilités parce que ce sont les effets collatéraux de la crise libyenne que nous sommes en train de vivre.
Mes chers compatriotes
Face à ces épreuves, il nous faut plus de cohésion et surtout beaucoup de sérénité pour éviter tout amalgame. J’en appelle au patriotisme de tous les Maliens et Maliennes. Nous devons nous engager. Comme le dit notre hymne national, nous devons être debout, nous devons taire nos petites querelles politiciennes inutiles, nous devons resserrer les rangs autour d’un objectif essentiel et principal : la protection des personnes et de leurs biens, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la cohésion sociale. Tous ceux qui sont d’accord pour ces principes, nous serons d’accord avec eux. C’est ensemble que nous pouvons appréhender et surtout donner des réponses appropriées à ces actes crapuleux.
Chers compatriotes,
Il ne faut pas qu’on se trompe d’adversaires, ni d’ennemis… Ne faisons donc pas l’amalgame. Nous devons rester unis, Malien blanc comme noir, tous ensemble, pour un Mali unique, pour un seul but et une seule foi, pour un seul peuple. N’acceptons pas la confusion parce que cela fait partie du mode d’action. Maliens du nord, du sud, du centre, de l’ouest et de l’est, toutes les communautés, tous ensemble, nous devons resserrer les rangs contre les malfaiteurs et continuent sur la route du développement et de l’éducation de nos enfants…
Nous devrons continuer ardemment, et il faut que cela soit clair dans l’esprit de chacun, les préparations des élections générales de 2012, pour une alternance réussie dans le cadre d’élections présidentielles et législatives transparentes et impartiales. Cela dans le délai constitutionnel imparti. Que Dieu m’entende. Quelle que soit la situation, les élections seront organisées et un nouveau président de la République du Mali sera élu….. »
Insécurité au Nord
« Le Mali doit être ferme face au terrorisme et au banditisme », dixit Ousmane Benfana Traoré
Depuis une semaine, le Nord Mali est devenu un véritable cauchemar pour les Occidentaux : enlèvements et exécution sommaire d’Européens. Ce qui vient de se passer à Hombori (la région de Mopti) et à Tombouctou a été qualifié d’indigne et a choqué tout le peuple malien précisément la classe politique. Le président du Parti Citoyen pour le Renouveau (PCR), Ousmane Benfana, a profité de l’ouverture de l’atelier de formation des jeunes du PCR, le samedi 25 novembre 2011 à l’hôtel El Farouk, pour exprimer la position de son parti sur cette situation d’insécurité dans la bande sahélo-saharienne.
Face à cette situation désastreuse qui n’honore pas le Mali, le président du PCR Ousmane Benfana Traoré n’a pas mâché ses mots : « Le Mali doit être ferme face au terrorisme et au banditisme. On ne doit plus accepter que ces bandits sèment la terreur au Nord comme s’ils étaient sur un territoire conquis. Il faut donner les moyens à l’armée (des avions de frappes avec l’aide des satellites) afin qu’elle puisse aller au front contre ces terroristes… », a déclaré le président du PCR, avant d’ajouter plus loin : « Nos frères qui sont venus de la Lybie sont lourdement armés. Avec cette situation dégradante au Nord, nous avons peur que ces armes ne se retournent contre le Mali. Nous ne voulons pas que la crise qu’ont connue nos voisins se reproduise chez nous. La gestion de la crise du Nord a montré ses limites, le moment est venu d’être ferme. C’est vrai on peut dialoguer dans la discrétion mais cela n’empêche pas aussi d’être ferme. Nous sommes tous interpelés ».
La position du président du PCR et non moins héritier politique du Président de la République Amadou Toumani Touré, ne manque pas de courage.
Répondant à l’appel des jeunes par rapport à la prochaine présidentielle, le président du PCR a expliqué que la conférence nationale du parti, prévue pour janvier 2012, choisira le candidat du PCR.
Modibo L Fofana