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Il a peut-être tout simplement mal choisi le moment de sa désertion, qu’il voulait spectaculaire. Le moment, c’est celui-là même où des rebelles illégaux (comment appeler autrement Bahanga et Fagaga) sabotent l’accord d’Alger signé avec l’ADC-23 mai et menacent la sécurité nationale, voire sous-régionale. Alors, des pêcheurs en eau trouble se sont empressés de le confondre avec eux. Une erreur que la démarche des anciens de la communauté arabe va permettre de corriger.
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Les sages de la communauté arabe en première ligne
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Contrairement à certaines allégations, le jeune capitaine arabe n’avait aucune intention de rompre avec la communauté nationale. Sa retraite des rangs de la gendarmerie n’était une manifestation d’humeur puisqu’il est vite rentré dans les rangs sous les injonctions des leaders de la communauté arabe qui l’ont présenté lundi soir au président de la République. Un geste qui traduit bien l’importance de la place qu’occupent encore les chefs traditionnels dans notre pays. D’ailleurs, dès que la nouvelle de la désertion de Alhousseyni El Moctar est tombée, ceux-ci ont vite fait de rassurer les autorités publiques en promettant de faire revenir sur le droit chemin « le fils » égaré quelques jours. Il leur a fallu peu de temps pour qu’ils réussissent cette mission hautement patriotique et surtout rassurante pour la cohésion nationale.
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Un coup de tête
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Quant à celui qu’on appelle « grand quelqu’un », il se montre effectivement grand patriote et respectueux des traditions, un comportement aux antipodes de l’esprit du frondeur et, surtout de celui du déserteur. Son combat, c’est encore pour le Mali, qui, depuis des décennies, cherche la voie de la consolidation de l’unité nationale. Certes, ce n’est pas un marxiste pur et dur comme Sankara, ou comme Victor Sy, qui, à force de haïr la corruption, veulent tout renverser, oubliant qu’un grand désordre vaut mieux que l’anarchie totale. Il est plus pénible encore pour un militaire de subir le népotisme, de voir les fils à papa se sucrer dans l’armée, les officiers trahir le drapeau en faisant du trafic, lorsqu’on demande le sacrifice suprême aux autres.
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Un Victor Sy peut refuser de devenir ministre d’un gouvernement corrompu et continuer à faire ses dénonciations pendant les conférences publiques, mais un officier est pris au piège de la réserve toute sa vie. Dieu seul sait que Alhousseyni El Moctar les connaît, ces chefs malhonnêtes et, surtout, les vomit ! Il va sûrement bénéficier de la mansuétude d’ATT, qui ne veut combattre ses frères égarés que lorsqu’il n’y a plus d’autre voie pour les ramener à la raison, c’est-à-dire lorsqu’ils ne veulent plus dialoguer eux-mêmes. Alhousseyni le juste se souvient à peine de sa blessure lors des combats de Tinzawaten contre les hommes de Bahanga, lorsqu’il fut abandonné sur le terrain. Il est parti seul, sans armes ni munitions, laissant sa famille sur place. Et il ne regrette nullement d’avoir rejeté les offres de « l’ennemi », conforté en cela par les siens, qui l’exhortent à ne pas se tromper de combat.
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Dramane Aliou KONE
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