Départ des troupes françaises du Mali en mars : Pourquoi cette précipitation aussi soudaine ?

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé le début du retrait des troupes françaises du Mali en mars prochain. Pourtant, cette décision est un peu en contradiction avec le vœu exprimé par le Président français lors de son séjour au Mali. Alors, pourquoi ce départ aussi précipité de la France du front, alors que la réunification du pays n’est pas encore achevée ?

Après avoir intervenu avec promptitude au Nord pour arrêter l’avancée des terroristes vers le Sud du pays  le 11 janvier dernier, la France semble aujourd’hui laisser le champ libre aux troupes de la MISMA pour achever le travail qu’elle a entamé. Venu en sauveur et aujourd’hui bien côté au sein de l’opinion malienne, l’intervention de la France a certes permis de reconquérir les régions de Tombouctou et de Gao avec une rapidité remarquable, mais a ralenti la libération des régions du Nord du Mali, notamment la ville de Kidal. En annonçant le départ des troupes françaises en mars prochain, le ministre français des Affaires étrangères veut sauver la vie des otages français sûrement détenus par les terroristes d’AQMI. Sinon, comment comprendre que l’armée française puisse accepter la présence des rebelles du MNLA à Kidal sans piper mot ?

Pire, la France impose au Mali l’ouverture d’un dialogue avec ce mouvement qui est pourtant l’un des principaux responsables de cette crise que traverse le pays. Pourquoi la France a-t-elle accepté le vœu des rebelles du MNLA qui ne souhaitent pas la présence des troupes maliennes dans cette localité ? Les troupes françaises sont-elles réellement venues au Mali pour l’aider à récupérer les deux tiers de son territoire occupés par les terroristes ou juste pour faire une démonstration de force pour ne libérer que deux grandes villes du Nord ?

Cette décision de la France semble être un autre coup de force contre l’engagement des autorités françaises à aider réellement le pays à se repositionner dans le concert des Nations. A quand donc la formation des soldats maliens pour prendre la relève des soldats français pour la sécurisation des régions libérées ? La France craint-elle déjà des risques d’attentat ? Vient-elle seulement de se rendre compte que la traque contre les terroristes  dans les grottes de l’Adrar des Ifoghas est très complexe ?                                                                                               En tout état de cause, si la France veut se retirer du Mali, qu’elle accepte donc que l’armée malienne progresse vers Kidal pour prendre possession de cette ville afin que le Mali puisse y déployer sous peu l’administration sur toute l’étendue du territoire malien car l’absence de forces armées et de sécurité maliennes à Kidal laisse toujours planer la menace terroriste sur le pays. Les autorités maliennes doivent commencer par s’assumer sur cette question. Le cas échéant, le pays sera obligé de faire un retour en arrière car la présence de ses ennemis (les terroristes) sur une partie du territoire est sujette à des risques et représente un grave danger non seulement pour le Mali, mais aussi pour toute la sous-région ouest-africaine.

Paul N’Guessan

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